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Débat marginal

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Edito Saad Benmansour

La polémique qui vient d’éclater entre la DGSN et le CNDH au sujet de l’enquête de ce dernier sur d’éventuels cas de torture ou de mauvais traitement des personnes interpellées à Al Hoceima est typiquement le dommage collatéral qui ne rend service à personne.

D’abord cette polémique non seulement ne contribue en rien à faire avancer le dossier d’Al Hoceima mais elle nous écarte complètement du sujet puisque, au lieu de rester sur des questions de fond, on s’en retrouve aujourd’hui à s’échanger les accusations et à rechercher des réponses à des questions subsidiaires.

La polémique ne sert en rien ni l’image du pays ni celle des deux institutions aujourd’hui aux prises alors que, paradoxalement, la DGSN et le CNDH sont deux institutions investies de missions parmi les plus nobles. La police comprend dans ses rangs des femmes et des hommes dont la mission première et la préoccupation majeure est de veiller à la paix et à la sécurité des Marocains, nuit et jour et parfois malheureusement au prix de leurs vies. Il n’y a pas plus noble. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que les agents de la police portent cette belle appellation de gardiens de la paix.

Le CNDH n’en est pas investi d’une mission tout aussi noble qui est de veiller à préserver et faire respecter la dignité et les droits les plus élémentaires des Marocains dans leur vie quotidienne et leur relation avec l’administration et avec d’autres institutions. Les responsables de la DGSN n’ont pas forcément à s’offusquer de l’existence d’éventuels dérapages de ce genre dans les rangs de la police. Cela existe partout dans le monde même dans les pays les plus avancés en démocratie et dans tous les corps de métiers et il ne diminue en rien de la grandeur et la noblesse de la tâche de notre police. Bien au contraire, si demain la DGSN se mobilisait pour sanctionner avec fermeté les comportements déviants dans ses rangs, elle en sortira grandie aux yeux des citoyens et donnerait un bel exemple de volonté d’amélioration pour le bien de la communauté.

Les responsables du CNDH, pour leur part, pour être sur une thématique aussi cruciale, sont maintenant avertis que leurs travaux et démarches, tant qu’ils n’ont pas encore un caractère officiel, public, doivent être entourés de toute la diligence possible pour qu’on ne les retrouve pas entre les mains de n’importe qui en ferait un usage inapproprié.

De plus, s’il y a deux institutions condamnées à travailler ensemble et à faire équipe ce sont bien la DGSN et le CNDH. La première ne peut pas veiller à la sécurité si elle n’a pas la confiance et l’estime des citoyens. La deuxième, le CNDH, ne peut pas remplir sa mission sans s’appuyer sur des corps de métiers et des professions en première ligne pour ce qui est des droits de l’Homme, notamment la police, la gendarmerie, les magistrats, l’administration pénitentiaire, entre autres. Et dans tout cela, soit dit en passant, on n’aura pas encore entendu la parole du gouvernement en la personne du ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme. Mais là, c’est une autre histoire…