Au Royaume
David contre Goliath
Quoi qu’on en dise, la candidature du Maroc est crédible, et elle inquiète. Il suffit de lire la presse américaine pour s’en rendre compte. Si notre dossier l’emporte, ce sera extraordinaire. Dans le cas contraire, nous serions fiers d’avoir essayé

En face de la candidature conjointe Etats-Unis/Mexique/Canada, le Maroc apparaît comme un petit poucet. Les Américains en font leurs choux gras dans leur communication. Pour décrédibiliser le dossier marocain, tout l’argumentaire américain va dans ce sens : montrer la puissance et la suprématie du trio avec notamment un PIB nominal 200 fois supérieur à celui du Royaume.
L’accent est mis sur les dépenses colossales en marketing, les stades, les routes, les autoroutes, les aéroports, les structures d’hébergement… Des équipements, disent-ils, déjà disponibles et fonctionnels, contrairement au candidat marocain qui présente des projets. Cette différence, on s’attendait à la voir concrètement dans leur Bid Book. Or, il y a une telle assurance pour ne pas dire arrogance chez nos concurrents que leur travail est, objectivement, bâclé.
En face, l’audace du Maroc peut être payante. Quoi qu’on en dise, sa candidature est crédible, et elle inquiète. Il suffit de lire la presse américaine pour s’en rendre compte.
L’audace et le dessein sont des qualités, à condition de bien mesurer les risques et de maîtriser les situations, y compris financièrement.
Si jamais il est accueilli au Maroc, le Mondial 2026 ne coûtera réellement que 20 milliards de DH. Soit 2,5 milliards de DH par an en huit ans. Pour les amortir, les recettes engrangées par un événement d’une telle envergure, la dynamique créée, la mobilisation nationale, l’euphorie d’une victoire y contribueront. Et tout cela n’a pas de prix.
C’est dire que le Maroc a bien raison d’y aller et de mettre toutes ses forces dans la bataille. Si son dossier l’emporte, ce sera extraordinaire. Dans le cas contraire, nous serions fiers d’avoir encore essayé face à une puissance mondiale, car le vrai concurrent ce sont d’abord les Etats-Unis où se joueront 60 des 80 matchs si jamais le trio l’emporte. Cela s’appelle avoir des ambitions.
