Au Royaume
Dar Bouazza reste attractive, malgré tout…
Les promoteurs concèdent des baisses allant de 10% à 15%. Le retard accusé au niveau des investissements en infrastructures et équipements exaspèrent les résidents. L’extension inévitable de Casablanca va faire revenir la demande.
Dar Bouazza attire-t-elle toujours du monde? En tout cas, les promoteurs qui y ont pris pied, entre autres TGCC, CGI, Addoha, Al Akaria développement et KLK, ne lésinent pas sur les moyens en matière de communication pour commercialiser leurs projets, déjà réalisés ou en cours, dans les différents segments du marché (social, économique, haut standing et luxe). Dès l’entrée de la commune, les affiches foisonnent. Entre les villas, les appartements et les lots de terrains, le client potentiel n’a que l’embarras du choix. Un tour effectué entre les artères de cette commune nous a permis de constater, de visu, les nombreux programmes immobiliers exposés. Qui de proposer des résidences sécurisées avec piscine, qui d’offrir des biens pieds dans l’eau, ou encore des logements avec parcs, jardins et piscines, un accès facile à la route menant au centre de Casablanca… Cette ardeur s’explique: l’engouement des Casablancais pour ce nouveau cadre de vie commence à s’essouffler. Les promoteurs que nous avons interrogés reconnaissent que les ventes ne sont plus aussi significatives qu’auparavant. En d’autres termes, autant les premières tranches se sont écoulées rapidement, autant le rythme de commercialisation a décéléré. Younes Essassi, CEO d’Anfa Realties, nous confie que la première tranche de son projet «les Villas d’Anfa» a affiché un taux de commercialisation de 99% alors que la seconde en est à 45%. «C’est le promoteur qui suit le client, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Le profil des clients a changé. Il est de plus en plus à la recherche d’opportunités immobilières que de lieu d’habitation», commente-t-il.
La zone était à l’origine réservée aux résidences secondaires
Dans ce contexte, il y en a qui ont même concédé des baisses des prix et pas pour quelques clients seulement. Tel est le cas de TGCC avec son projet «Les Domaines de Darb» qui propose des biens immobiliers à 1,5 MDH au lieu de 1,8 MDH, des villas de 300 à 600 m2 à 4,7 MDH au lieu de 5,1 MDH, ou même des villas au prix d’appartements. «En général, la baisse des prix a atteint entre 10 et 15% à Dar Bouazza», estime Reda Halify, DG d’Al Akaria Développement. Actuellement, les prix varient de 10 500 à 12 000 DH/m2, en fonction du standing et de la finition évidemment. En revanche, sur le boulevard Azemmour, principale artère de la commune, les prix peuvent pointer à 18000 DH/m2. Pour leur part, les lots de terrains se négocient entre 4 500 et 4 900 DH/m2, selon leur emplacement. «Cette baisse volontaire des prix émane d’une demande qui fléchit», assure une responsable commerciale dans un bureau de vente d’un promoteur. Elle ajoute : «Nous avons quelques difficultés à commercialiser les tranches en cours de construction. Alors que pour la première, les clients cherchaient l’emplacement et le calme, la catégorie des clients actuels fait beaucoup attention aux équipements».
Et c’est là que le bât blesse. «En fait, la commune a été ouverte à l’urbanisation, sans étude préalable de l’intensité démographique qu’elle engendrerait. Il s’agissait, au début, d’une zone destinée aux résidences secondaires. D’où le manque d’équipements», explique Taoufik Kamil, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).
Mobilité : la désillusion
Ceci ne pardonne pas. En constatant le développement de la commune, les pouvoirs publics auraient dû anticiper, ce qui n’a pas été le cas. Les habitants se contentent, pour le moment, de quelques représentations bancaires, d’agences Barid cash et Maroc Telecom, de deux mosquées, d’un hôpital, d’un lycée public et d’un centre socio-sportif, tous logés au centre de la commune. Des acteurs privés ont aussi implanté des maternelles et écoles privées secondaires. En fait, dans un certain nombre de cas, l’Etat ne cède le terrain au promoteur qu’à condition d’y réaliser, en plus du programme immobilier, ce genre de commodités. Parfois, c’est ce même Etat qui est à l’origine des désagréments des populations. Illustration: Celles-ci se plaignent notamment de l’étroitesse de la route reliant Dar Bouazza à Casablanca, source d’embouteillages énormes pendant les périodes de pic. Il s’ensuit que la promesse des promoteurs de faire le trajet en 5 ou 10 minutes est tombée à l’eau. Cette contrainte aurait poussé des résidents, surtout ceux qui ont des enfants en bas âge, à réaménager dans la capitale économique. Les annonces de cession ou de location en donnent la preuve.
De là à dire que Dar Bouazza a perdu de son intérêt, il y a un pas qu’on ne franchirait pas. La localité suscite toujours beaucoup d’intérêt et pour plusieurs raisons. «Des prix abordables comparativement à Casablanca, une habitation ‘‘balnéaire’’ toute l’année, tout en gardant la possibilité de revenir à Casablanca à tout moment», argumentent des promoteurs. M.Essasi ajoute: «Il ne s’agit plus de concevoir des projets immobiliers seulement et de chercher à les commercialiser. Il faut réaliser tout un concept de vie et mettre ainsi à la disposition des clients les équipements qui accompagnent un logement». Notre source se targue d’avoir réalisé deux écoles privées, une troisième en cours, en plus de deux mosquées, d’un commerce et d’autres équipements. Il est évident que Dar Bouazza a de l’avenir, d’autant plus que Casablanca n’arrêtera pas de grandir. Il n’est pas trop tard pour remédier aux dysfonctionnements. Il revient aux autorités et aux promoteurs d’accorder leurs violons pour faciliter la mobilité et renforcer les équipements publics pour restaurer la confiance des résidents et des potentiels acquéreurs.
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[tab title= »Mixité sociale ? Pas tout à fait » id= » »]L’Etat a toujours privilégié la mixité sociale dans sa politique de logement. Sauf qu’à Dar Bouazza, cette mixité n’est pas réussie, puisqu’elle n’a concerné que les logements sociaux d’un côté et les logements intermédiaires d’un autre (à 450 000 DH pour 57 m2)…. Et encore ! Ces logements sont isolés; ils ne sont desservis que par une seule voix d’accès, sans compter le très peu d’équipements dont ils jouissent.[/tab]
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[tab title= »Infrastructures : 400 MDH collectés auprès des promoteurs non encore investis » id= » »]Le problème des infrastructures persiste dans la commune de Dar Bouazza. L’extension des routes est devenue une condition sine qua non au développement de ce lieu d’habitation. Il faut savoir que les promoteurs, qui ont développé leurs programmes dans la commune, ont été mis à contribution par le ministère de l’équipement pour l’extension des routes principales et ce, à travers un groupement d’intérêt économique (GIE). «Le ministère de l’équipement a collecté 400 MDH depuis quelques années», signale un promoteur. En dehors des tracés d’extension de l’avenue principale, rien n’est encore fait.[/tab]
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