Au Royaume
Créativité régionale
Il ne s’agit plus de complexes industriels ni de plateformes intégrées mais littéralement d’une ville avec tout ce qu’elle doit compter comme infrastructures et équipements pour les activités mais également pour l’habitat, les loisirs, le transport, les services sociaux et de base, les administrations.
Tanger Tech, quand elle sera pleinement opérationnelle, transportera l’industrie marocaine dans une autre dimension. Il ne s’agit plus de complexes industriels ni de plateformes intégrées mais littéralement d’une ville avec tout ce qu’elle doit compter comme infrastructures et équipements pour les activités mais également pour l’habitat, les loisirs, le transport, les services sociaux et de base, les administrations. C’est une ville nouvelle qui se construira avec à la clé 100 000 emplois et probablement aussi autant de ménages au moins. A ces emplois directs, il faudra ajouter les centaines de milliers d’emplois indirects qui devront se créer autour de la ville pour l’approvisionner, la connecter, la faire vivre, l’animer.
Il est vrai que pour la Chine, une ville de cette taille ne figurerait probablement pas dans le top 10 des villes industrielles chinoises. Mais le plus important c’est que le Maroc détiendra là un modèle unique en son genre qu’il pourrait dupliquer ou du moins s’en inspirer. Pour une région comme Tanger-Tétouan, un tel projet, une fois finalisé, la propulserait certainement aux premiers rangs des hubs industriels sur le plan national et même régional. Et c’est tant mieux si, dans les quinze ou vingt années à venir, les régions commençaient à construire chacune leur vocation et leurs propres écosystèmes économique, pas seulement industriel, autour de pôle tel que celui qui verra le jour à Tanger. Si le géant chinois Haite a décidé d’investir dans un tel projet c’est certainement parce qu’il est convaincu et séduit des atouts que lui offre la région comme ses infrastructures qui lui assurent une connectivité au plan national, comme le port Tanger Med relié aux plus grands marchés du monde, comme sa base arrière industrielle, sans parler de la proximité de l’Europe. L’Oriental avec le futur Nador West Med peut dupliquer ce schéma.
D’autres régions du Maroc sont capables, à des échelles différentes, de mobiliser des investisseurs étrangers ou nationaux pour construire une nouvelle économie. Le site de Jorf Lasfar a tout pour être un futur pôle économique majeur autour du projet de gaz. Le tandem Fès-Meknès, en plus de sa position centrale, dispose de toutes les potentialités pour être un cœur battant de l’agriculture marocaine. La Région d’Agadir est idéalement positionnée pour être un futur cluster des industries de la mer, à commencer par la très profitable construction navale. Même une ville comme Ouarzazate peut construire toute une industrie autour de l’énergie solaire et attirer des signatures mondiales en la matière.
Ce ne sont pas les pistes et les idées qui font défaut aujourd’hui, ni les financements mais des femmes et des hommes qui, au niveau local et régional, font preuve d’audace, de créativité, de vision et de sens du marketing territorial. Pour l’heure, et longtemps après la mise en œuvre des régions, malheureusement on n’a encore rien vu de concret de la part des gestionnaires de nos régions en dehors de beaux discours et des déclarations d’intentions…
Saâd Benmansour