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Au Royaume

Ce qu’on attend de Boussaïd

Soulagement dans le milieu des affaires après la décision du ministère de l’économie et des finances de résoudre définitivement l’épineux dossier des crédits de TVA du secteur privé.

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Edito

Le montant en jeu est colossal : plus de 10milliards de DH ! Le mécanisme arrêté consiste en un rachat par les banques des crédits de TVA du privé contre un taux d’escompte de 3,5%. Pour cela, il a fallu mettre en place des préalables dont celui de la reconnaissance de la créance par le Trésor, objet de l’une des conventions signées mercredi 24 janvier.

Le sentiment d’apaisement qui règne est toutefois relatif, faut-il le préciser. Dans la pratique, l’opération a un prix pour l’entreprise. C’est au final elle qui supportera le coût du retard de paiement et non l’Etat. Mais il fallait un compromis et opter pour «un moindre mal», celui de pouvoir soulager la trésorerie asphyxiée par des retards allant jusqu’à trois ans contre un délai légal de trois mois et, pourquoi pas, relancer l’investissement.

De toute évidence, le dénouement de ce dossier fait remonter à la surface la problématique des délais des paiements et du climat des affaires dans sa globalité. Autrement dit, il n’efface pas le sentiment de mettre en danger sa trésorerie à chaque commande publique. Une entreprise obnubilée par le recouvrement de ses arriérés de paiement, qu’ils émanent du public ou qu’ils soient le fait de retards interentreprises, qui vit dans l’angoisse continue de ne pas pouvoir payer ses salariés ou ses fournisseurs, qui consacre beaucoup de temps au problème du recouvrement est une entreprise qui ne peut ni se développer ni investir. Une entreprise sclérosée.

Le premier pas qui vient d’être franchi peut être lu comme révélateur d’une volonté d’un retour à la normale des relations entre les entreprises et un Etat qui respecte la loi et honore ses engagements à temps. Il rompt ce cercle vicieux qui s’est enclenché à la fin des années 2000, quand le gouvernement avait resserré les cordons de la bourse en réaction au durcissement des contraintes budgétaires, créant en passant une anomalie qui s’est propagée et a abouti à l’explosion des crédits interentreprises.

Ce premier pas est aussi un engagement formel de l’Etat qui reconnaît ses créances, aussi évident que cela puisse paraître. Mais ce n’est pas suffisant. Ce que l’entreprise vient d’obtenir est un droit, pas une faveur. D’autres chantiers destinés à rendre l’offre marocaine plus compétitive attendent d’être ouverts. Mohamed Boussaïd a le mérite d’avoir réussi à rétablir certains grands équilibres macroéconomiques. Mais ce qu’on attend de lui, c’est qu’il soit un peu plus ministre de l’économie et un peu moins ministre des finances. En d’autres termes, qu’il incarne son titre qui est dans l’ordre ministre de l’économie et des finances.

Com’ese

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