Au Royaume
Ce que nos enfants paieront
Année difficile pour les finances de l’Etat. A moins d’un miracle, il faudra d’ici peu consacrer une enveloppe – non budgétisée – de quelque 8 milliards de DH pour contrer les effets de la sécheresse sur le monde rural.
Année difficile pour les finances de l’Etat. A moins d’un miracle, il faudra d’ici peu consacrer une enveloppe – non budgétisée – de quelque 8 milliards de DH pour contrer les effets de la sécheresse sur le monde rural. A moins d’un miracle également, la Caisse de compensation devra supporter 5,3 milliards de DH supplémentaires pour soutenir les prix des carburants et du gaz. En tout, ces aléas coûteront à l’Etat 13,3 milliards de DH, soit un peu moins de 8% de son budget général. Gouverner, c’est aussi et surtout gérer l’imprévu.
D’où viendront ces ressources ? A coup sûr, et pour ne pas malmener un équilibre déjà précaire – les recettes de privatisation étant incertaines -, ce sont des coupes sombres qui devront être opérées dans le budget d’investissement, avec un risque de ralentissement de la machine économique.
Face à cette situation, le Maroc doit agir. A court terme, et quoique la conjoncture ne s’y prête pas, l’augmentation des prix du carburant et du gaz devient une nécessité. Certes, il ne s’agit pas de rétablir l’indexation sur les cours internationaux, mais du moins d’en faire supporter une partie au consommateur pour soulager une caisse qui n’a pas encore achevé le remboursement de ses arriérés de 2004.
A plus long terme, le Maroc doit réfléchir sérieusement sur sa politique énergétique. Aujourd’hui, plus de 60% de la consommation d’énergie provient des produits pétroliers, et la part des sources d’énergie renouvelable dans ce bilan n’a pas substantiellement varié. Pire, si l’éolien est encouragé, la loi ne permet pas à une entité d’en produire plus de 10 MW par an. De même, les efforts fournis en matière de promotion d’énergie solaire sont plus le fait d’initatives isolées que d’une action globale et soutenue par le gouvernement. Enfin, si plusieurs pays, dans un souci de réduire leur consommation, sont passés à l’horaire d’été – la Tunisie est le dernier en date -, le Maroc l’a tout simplement abandonné. Le Maroc n’a même pas entamé une action de sensibilisation en vue de la réduction de la consommation, comme cela se faisait dans les années 1980.
Voilà donc le tableau : nous avons du soleil à profusion, mais qui fournit 2% seulement de notre consommation en énergie ; un gazoduc qui traverse notre pays, et pour lequel nous préférons percevoir des sous pour acheter du pétrole cher, en lieu et place de gaz naturel plus abordable et au rendement plus élevé ; nos bus consomment 30 litres de gasoil aux 100 km et nos lampadaires publics sont souvent allumés en plein jour. Qui dit mieux ? La note est déjà salée. Elle le sera encore plus pour nos enfants.
