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Pourquoi le gouvernement a-t-il gardé le silence pendant un mois dans l’affaire de la cession du foncier public ? Pourquoi est-ce Driss Jettou et non Abbas El Fassi qui s’est exprimé ?

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Faut-il systématiquement passer par une procédure d’appel d’offres pour la cession du foncier public ? La question mérite débat sur le plan intellectuel et les arguments dans un sens ou dans l’autre ne manquent pas.

S’agissant d’une politique d’Etat, toutefois, il convient d’ajouter aux éléments de ce débat les motivations qui sous-tendent une telle approche. S’agit-il d’être plus efficace, de ne pas rater des opportunités d’investissement et de regarder la vente de gré à gré à travers le prisme de la finalité du développement économique, tout en assurant à tous les mêmes chances d’accès à ce foncier? Si c’est le cas, alors oui, la cession directe se justifie amplement et même le don de foncier gratuit.

Renault-Nissan serait-il venu s’installer au Maroc si on lui avait proposé d’acheter les 300 hectares de terrain devant abriter une activité qui créera 50 000 emplois ? Le groupe Legler, qui développe l’amont du textile, dont le Maroc a tant besoin, aurait-il accepté d’attendre que le terrain passe par une procédure d’appel d’offres avant d’investir ? De manière globale, un investisseur qui soumet un projet crédible et générateur d’emplois doit-il entrer en concurrence avec un autre investisseur, pas forcément porteur du même projet, sous prétexte d’une procédure d’appel d’offres ?

Toutes ces questions méritent d’être débattues dans un cadre serein. Or, nous en sommes loin, très loin. Nous sommes dans le cadre de ce qui est devenu une affaire d’Etat où un député accuse le gouvernement de pratiques malsaines. Il y a, là, diffamation à tout le moins.

On ne comprend pas, dès lors, et alors que sa crédibilité est mise en cause, pourquoi le gouvernement a attendu près d’un mois pour réagir et de manière plutôt étrange.

Est-il normal que l’Etat exprime son indignation par la voix de son ministre de l’habitat (réaction d’ailleurs tardive) plutôt que celle de son Premier ministre, la cession de foncier public étant destinée à des projets aussi bien d’habitat, qu’industriels ou touristiques ?

Est-il logique que ce même Premier ministre garde le silence et déclare à sa majorité que, de toute façon, aucun terrain public n’a été cédé depuis 5 mois ? Le Premier ministre n’assumerait-il pas la politique de son gouvernement ?

Enfin, est-il sain qu’un ancien Premier ministre sorte de sa réserve pour s’exprimer sur le sujet et justifier une politique entamée certes sous son mandat mais adoptée et appliquée par son successeur ? Il y a manifestement un mélange des genres et un manque de courage politique.