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BTP : Les professionnels des matériaux de construction ne désespèrent pas

La morosité touche toutes les filières du secteur. Mais les industriels ne lésinent pas sur les moyens pour trouver des débouchés. Ils tablent sur les effets positifs escomptés du contrat de performance.

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Le secteur des matériaux de construction aura connu de bien meilleures périodes ces dernières années. En effet, avec la baisse des mises en chantier et la faiblesse de la commande publique, les opérateurs s’en sortent à peine. L’indicateur principal qui renseigne sur la santé du secteur est bien la consommation nationale du ciment. Elle a baissé à fin octobre de 3,7% selon l’Association professionnelle des cimentiers (APC), pour atteindre 11,4 millions de tonnes. Ce qui affecte de facto tous les autres segments. Il est vrai que le secteur cimentier a connu un léger répit en juillet, mois pendant lequel la consommation s’est envolée, contre toute attente, de 42%. Mais il s’agissait d’une hausse ponctuelle redevable à la reprise des chantiers de l’auto-construction, favorisée par le retour de MRE à leurs villes d’origine, ainsi qu’à la reprise de certains projets publics, freinés auparavant par le retard de la composition du gouvernement. Cependant, l’embellie n’aura pas duré. «Globalement, la baisse ressort à 20% sur les cinq dernières années», se désole David Toledano, président de la Fédération marocaine des industries des matériaux de construction (FMC). Cette méforme pénalise forcément les autres segments du secteur des matériaux de construction.

Ainsi, «les entreprises suivent cette conjoncture, essayent de se repositionner sur le marché et de redimensionner leurs unités pour maintenir leur activité», explique M. Toledano. Sauf que cette manière de faire s’avère assez difficile vu les surcapacités enregistrées dans plusieurs filières dont notamment le ciment, le marbre, la brique la céramique et l’acier, en raison d’abord de la production nationale, mais aussi de l’import. Pour illustrer, les importations des carreaux avoisinent 30 millions de m2 et la capacité de production locale est de 100 millions de m2, alors que le marché ne peut absorber que 70 millions. Ces importations aggravent davantage la situation d’un secteur dont l’activité est déjà en quasi-stagnation, sachant que certains segments souffrent plus que d’autres. La briqueterie, par exemple, fait les frais de la conjoncture certes, mais aussi des difficultés inhérentes à la gestion et à la production.

Dans cette conjoncture morose, les entreprises tentent de trouver d’autres débouchés à l’étranger, en adressant leur offre aux pays africains (Maghreb compris) et du Moyen-Orient. Certaines vont même plus loin vers les pays européens et américains. Toutefois, cette éventualité n’est ouverte qu’aux entreprises de taille importante. «Les autres, de taille moyenne ou petite, essayent de s’en sortir, en améliorant leur offre, en comprimant leurs coûts, ou encore en diminuant l’utilisation des installations», explique M.Toledano.

Dans ces conditions, il est difficile de tabler sur une amélioration immédiate de la situation, puisqu’en plus de faire face à la faiblesse de la demande, les professionnels doivent contrer aussi bien les importations que la concurrence étrangère ou encore l’informel.

Néanmoins, le secteur pourrait se porter mieux grâce aux effets positifs attendus du contrat de performance qui a été signé par les ministères de tutelle et les associations professionnelles des 5 filières (béton préfabriqué, ciment, acier, marbre et céramique). Il vise à redresser la performance et la compétitivité de cette industrie. En effet, l’écosystème devrait permettre la création de 28 000 emplois industriels directs d’ici 2020, dont 16 000 indirects. Il devrait générer un chiffre d’affaires additionnel de 10,1 milliards de DH, soit une valeur ajoutée à terme prévisionnelle de près de 3 milliards de DH. Pour la réalisation de cette feuille de route, l’accompagnement de l’Etat est important. Il sera assuré par un accès au foncier à des prix attractifs, avec la mise à la disposition des investisseurs d’un foncier locatif de 210 hectares, ainsi qu’un soutien dans la valorisation des déchets ménagers. Aussi, l’Etat s’engagera-t-il à mettre en place un plan de formation couvrant 100% des besoins de l’écosystème, ainsi qu’une démarche gouvernementale conjointe pour la gestion des carrières de marbre.

Com’ese

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