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BTP : Les bureaux d’études dénoncent le bradage des prix dans les marchés publics

Certains professionnels abaissent anormalement leur budget pour être sélectionnés. L’approche du moins-disant est généralement pratiquée dans l’Administration. L’application du guide des honoraires est recommandée.

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Les bureaux d’études au Maroc font face, depuis quelques années, à plusieurs difficultés. Hormis le repli de l’activité lié au ralentissement du secteur du bâtiment, ils sont confrontés à une baisse tendancielle des prix dans l’estimation du coût des marchés publics. De même, les longs délais de paiement pénalisent plusieurs opérateurs, notamment ceux  de petite et moyenne taille.

Si les maîtres d’ouvrage lancent et adjugent des marchés publics à des prix bas, certains bureaux d’études les y encouragent en quelque sorte en bradant leurs budgets. Ils estiment qu’ils seraient retenus en proposant l’offre la moins chère, sachant que la sélection des dossiers se base sur le moins-disant ; l’approche du mieux-disant, la plus préconisée, est rarement appliquée. En effet, l’aspect financier est le seul qui est pris en considération, au détriment du volet technique. Au mieux, «les maîtres d’ouvrage fixent, lors de l’ouverture des plis, une barre à partir de laquelle ils acceptent les moins-disant», explique Moncef Ziani, DG du cabinet CID. Pour faire le parallèle, M. Ziani explique que dans les pays développés, c’est le système QBS (Quality based selection) qui est appliqué. En ce sens, le jugement est basé uniquement sur la qualité de l’étude proposée par le bureau.

Pour revenir au cas marocain, le budget, qui tournait il y a encore quelques années autour de 3% de la valeur des travaux, est actuellement aux environs de 1%, ce qui reste insuffisant pour mener un travail de conseil et d’ingénierie de qualité.

En vue de pallier cette baisse et de redresser le secteur, certains professionnels encouragent les autres à refuser de travailler pour des budgets aussi bas, car ces conditions ne peuvent contribuer à l’amélioration de l’efficacité et de la performance des bureaux d’études. Entre autres pistes de réflexion, M. Ziani propose de vulgariser et prendre davantage en considération le guide des honoraires des bureaux d’études. La mise en place de guides sectoriels qui définissent les honoraires par secteur serait tout aussi importante puisque la grille diffère d’un secteur à l’autre selon ses besoins et ses spécificités. Par ailleurs, les maîtres d’ouvrage devraient refuser les offres anormalement basses. «Le bureau devra être automatiquement éliminé si son prix est inférieur à l’estimation du maître d’ouvrage dans une fourchette allant de 20% à 30%», propose M. Ziani.

[tabs][tab title = »BTP : Questions à Nabil Benazzouz Pésident de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie (FMCI)« ]«La fédération a accéléré les discussions avec les pouvoirs publics»

• Quelle est la taille du secteur ?

Près de 600 sociétés opèrent dans le conseil et l’ingénierie et génèrent un volume d’affaires d’environ 4,4 milliards de DH par an. Plus de 250 des plus importantes et qui concentrent 90 % de ce volume d’affaires adhèrent à la FMCI. Elles emploient près de 10 000 salariés dont 65 % d’ingénieurs et cadres universitaires et sont implantées dans tout le territoire national avec une concentration de 65% sur l’axe Rabat-Casablanca.

• Le contrat programme alloue-t-il un volet aux bureaux d’études ?

Effectivement et concernant ce volet, il est articulé autour de deux axes essentiels : le développement compétitif du secteur du conseil et de l’ingénierie, et la quête de l’excellence au Maroc et à l’export. Il couvre tous les aspects liés à l’exercice de la profession et dresse un cadre formel et une référence officielle pour la résolution des problèmes susceptibles de freiner le développement des cabinets de conseil et d’ingénierie.

• Comment la FMCI contribue-t-elle au développement du secteur ?

La fédération a accéléré les discussions avec les pouvoirs publics sur nombre de chantiers comme le système d’agrément et sa refonte, les honoraires, les délais de paiement, la gestion technico administrative et financière des marchés. Elle a aussi signé une convention avec une compagnie d’assurance pour gérer la couverture de manière mutualisée des risques auxquels ses adhérents sont exposés, à l’instar des risques civils, des risques liés au métier, au personnel… En outre, elle a mené avec les autres professionnels des débats sur la nouvelle loi 66/12 et a suggéré de bien définir dans les textes d’application et le cahier de chantier les rôles, missions et responsabilités des différents intervenants dans l’acte de bâtir.[/tab][/tabs]