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Au Royaume

Bravo l’IER !

Faut-il considérer que l’IER n’est pas allée au bout de sa mission ? Possible, mais pouvait-on prévoir, au-delà  de la mission formelle qui lui a été fixée, quelle serait l’étendue de sa tà¢che ?

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Enpresque deux ans, l’Instance équité et réconciliation a réalisé ce que le Maroc n’a pas fait en dix ans. Lever le voile sur les exactions commises durant les années de plomb. Un travail colossal illustré par les
17 000 dossiers de violations des droits de l’Homme traités, les 9 280 indemnisations accordées et les 742 décès élucidés. Des moments émouvants gravés dans la conscience collective avec ces femmes et hommes qui sont venus témoigner, exorciser une douleur rendue plus terrible car vécue dans la solitude. Enfin, des recommandations pour une bonne gouvernance sécuritaire, afin d’éviter une répétition des horreurs du passé.
Faut-il tourner la page ? Certes, on ne l’a pas entièrement lue, certes encore, on peut considérer que le travail de l’instance a un goût d’inachevé tant que des cas de disparition ne sont pas éclaircis. Certes, enfin, le rapport final ne cite pas le nom des coupables de ces violations.

Faut-il alors considérer que l’IER n’est pas allée au bout de sa mission? Possible, mais posons la question autrement : pouvait-on prévoir, au-delà de la mission formelle qui lui a été fixée, quelle serait l’étendue de sa tâche ? Des experts internationaux en la matière, interrogés par La Vie éco (voir notre dossier en pages 30 à 33), sont formels : la recherche de la vérité est une tâche de longue haleine et, entre les lignes, il avouent que de tels dossiers ne sont jamais clos entièrement. Il restera toujours un pan de voile à lever.
C’est pour cela qu’il convient de saluer le travail de l’instance. Parce que nous revenons de loin, et parce qu’il y a deux ans à peine, personne n’aurait imaginé voir, sur les deux chaînes de télévision publiques, des citoyens venir raconter ce que leur avaient fait subir des agents travaillant pour le compte de l’Etat.
Bravo donc à l’IER pour avoir entamé ce processus douloureux et complexe. Entamé parce que le dossier des droits de l’homme ne s’arrête pas avec l’IER. Pour cautériser la plaie, les cas de disparus non encore réglés doivent être traités, les recommandations de réformes émises par l’instance doivent être mises en œuvre, sous une forme ou une autre. Et enfin, et surtout, les coupables doivent répondre de leurs actes, d’une manière ou d’une autre. Faute de quoi, l’IER n’aura été qu’une parenthèse dans l’histoire du Maroc.