Au Royaume
Bouchra Kadiri, DG D’Urbacom : Une redoutable femme d’affaires multicarte
Elle a été la première championne du Maroc d’échecs en 1984. Après deux ans d’études supérieures en biologie, elle s’est réorientée vers l’informatique pour passer avec succès un diplôme d’analyste programmeur.

Un petit bout de femme qui paraît si vulnérable, si inoffensif et presque désinvolte qu’on lui donnerait volontiers le bon dieu sans confession. Mais Bouchra Kadiri, tout en douceur, sait, avec une détermination surprenante, ce qu’elle veut et surtout comment l’obtenir. Autre élément déroutant dans sa carrière, c’est assez tardivement que la femme au foyer qu’elle a été entre 1988 et 1994 a enfin mis en évidence ses capacités de femme d’affaires redoutable.
Native de Fès, elle refuse de faire mystère de son âge même si elle ne fait pas ses cinquante-deux ans. Mais attention, Bouchra Kadiri n’est pas tout à fait ordinaire. Très tôt, cette matheuse «nulle en physique», comme elle le revendique, du moins lors de sa scolarité au secondaire, a été une grande championne d’échecs.
En fait, cette cérébrale qui s’ignore a hérité de ce sport de son père, joueur émérite qui a contaminé toute la famille (sept enfants, au total). Bouchra a été la première championne du Maroc en 1984 et médaillée de bronze aux championnats arabes en 1985. Mais avant cela et dès l’obtention de son bac sciences expérimentales en 1983, elle passe deux années en biologie puis change de fusil d’épaule en s’orientant vers l’informatique, une formation sanctionnée par un diplôme d’analyste programmeur. Plus tard, même une fois dans les affaires, elle va continuer sa formation pour obtenir un diplôme en PNL (programmation neuro-linguistique) et en coaching.
Elle fait ses armes à 2M et à la TVM comme premières expériences dans l’audiovisuel avant de créer son agence en 2001
Jusqu’en 1993, Bouchra Kadiri est une paisible dame qui s’occupe de sa petite famille. Elle commence sa vie de femme active de manière banale en écoulant un lot de briquets, des jeans, des chemises qu’elle achète prix-usine en faisant du porte-à-porte ou presque. Elle se rappelle avoir acheté des jeans à 10 ou 20 DH qu’elle pouvait revendre, selon les opportunités, 10 fois plus cher. Puis, amis et famille se mettent à lui confier la vente de biens immobiliers, faisant confiance à ses capacités de négociation hors- pair. Elle a également fait dans les cadeaux de fin d’année pour particuliers d’abord et pour le compte des entreprises ensuite.
Mais le vrai tournant dans sa vie va s’opérer en 2001 lorsqu’elle crée ce qui va devenir rapidement l’agence Urbacom, un cabinet de communication dédié à l’urbanisme, essentiellement. Ce qui n’empêche pas qu’elle a commencé par s’occuper de l’événementiel au début et aujourd’hui encore à l’occasion. Et dès le départ, elle voit les choses en grand en soumissionnant à des appels d’offres d’organismes importants comme l’OCP, la RAM ou de groupes financiers. Certes, ce fut des marchés de petite taille, mais, dit-elle, «on m’a fait confiance sans aucune forme d’intervention ou de recommandation et j’en suis fière».
Aujourd’hui, grâce à l’événement phare qu’elle organise avec le soutien des fédérations du BTP, le Salon international du bâtiment (SIB) qu’elle a pris en charge depuis 2006, son agence qui emploie une quinzaine de permanents fait un chiffre d’affaires de 25 MDH. C’est aussi son agence qui avait lancé des expositions comme Darna (en 2008 et 2009) ou encore le Salon de l’immobilier et «Vacances expo»… Auparavant, elle a fait un passage dans l’audiovisuel puisqu’on la retrouve en 1995 à 2M où elle officie dans les coulisses de la préparation de l’émission Bil Wadih dans la gestion de l’événement au niveau de la logistique et de l’accompagnement de l’animatrice. Bouchra Kadiri va même préparer et présenter sa propre émission à la TVM qui s’appelait Al Moustahlik (le consommateur), un programme de conseils pratiques. Cette expérience va la servir pour la création de son agence et pour étoffer son carnet d’adresses.
Sa méthode de gouvernance, la délégation
Bouchra Kadiri fait preuve d’un remarquable dynamisme. Parallèlement à ses autres activités, elle va co-fonder le cabinet de coaching BMH en 2006. Deux ans plus tard, elle met sur pied un autre cabinet spécialisé dans l’événementiel culturel et artistique appelé «Bogar». Aujourd’hui, elle diversifie ses activités en se lançant dans la restauration en investissant un million de DH (hors le terrain qu’elle a déjà acquis du côté de Dar Bouazza) dans un établissement spécialisé dans la cuisine marocaine. Elle songe aussi à construire une crèche.
La femme d’affaires avoue avoir appris progressivement les méthodes de gouvernance et avoir adopté les méthodes de délégation à ses proches collaborateurs. Mais elle avoue volontiers devoir beaucoup aux professionnels des différentes fédérations du monde des BTP qui l’ont soutenue depuis le départ. Et loin de dormir sur ses lauriers, Bouchra Kadiri travaille activement dans le développement de différentes alliances avec des partenaires étrangers en Espagne et en Egypte notamment, tout comme elle compte, à travers le réseau des Chambres de commerce, accompagner les hommes d’affaires nationaux pour explorer les marchés à l’export.
