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Au Royaume

Badr Kanouni, président du directoire d’Al Omrane

Diplômé de l’ISCAE, il a fait ses premières armes dans la banque avant de bifurquer vers l’industrie du textile, secteur dans lequel il s’est fait un nom comme administrateur directeur général de Settavex.

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badr kanouni 2014 03 14

Une belle carrière que celle de Badr Kanouni, président du directoire du groupe Al Omrane. Ce gestionnaire, qui a franchi pas-à-pas divers échelons avant d’accéder au poste qu’il occupe actuellement, a ce mot à l’adresse de la jeunesse qui perd patience un peu trop vite : «Nous devons apprendre à nouveau, dans un environnement où on déprécie l’effort, que la valeur cardinale est le travail, sans lequel la chance ou les coups de pouce du destin sont des leurres».
Badr Kanouni est né à Rabat en 1965. Après des études primaires dans le privé, il rejoint l’école publique comme beaucoup de Marocains de sa génération. Curieusement, après un bac section sciences maths obtenu en 1983, il rejoint l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE). Quand il termine ses études en 1987, il est recruté par l’ex-Banque commerciale du Maroc (BCM), un passage qu’avaient fait nombre de lauréats brillants des grandes écoles marocaines ou étrangères à l’époque. Là, il fait ses premières armes dans l’exploitation : gestion des comptes clients, dossiers de crédit, du risque… Il y reste jusqu’en 1991, au moment où il aura une occasion en or : Participer en tant que DAF, à 26 ans, à l’installation au Maroc, précisément à Settat, du groupe ibérique Tavex, leader européen de son secteur, à travers la création de Settavex avec un investissement de 500 MDH.
Badr Kanouni va surtout être témoin, à différents postes, de l’évolution de l’entreprise. Il en devient le DG en 2004 puis administrateur directeur général en 2008. Il jouera un rôle essentiel dans l’entreprise qui fabriquait pour l’export (50% de sa production) vers l’Europe, les USA et le Maghreb, mais aussi pour les confectionneurs exportateurs locaux. Il a fallu également travailler main dans la main avec l’Administration de la douane marocaine pour établir des procédures qui seront élargies à tout le secteur en matière d’admission temporaire et signer des conventions avec l’Etat. Il donne cet exemple des avancées en matière d’assouplissement des procédures : «Comme on travaillait sur la base du système des cessions d’admissions temporaires, il fallait l’engagement signé des clients à chaque opération pour les services de la Douane pour faire aboutir chaque transaction. Il était plus facile pour les patrons de ces entreprises qui, en outre, ne sont pas toujours sur place, de recourir à l’importation. Avec la Douane, nous avons mis en place un système de signature électronique avant même l’introduction de la preuve électronique dans l’arsenal juridique marocain». Settavex sera d’ailleurs citée en exemple en matière d’investissement étranger au Maroc.
Un des moments forts de cette brillante carrière a certainement été en 2005, lors de la visite du président de la multinationale au Maroc et qui avait été reçu par le Premier ministre de l’époque, Driss Jettou. Alors que ce grand patron, Enrique Garran, satisfait du pays, promettait d’investir 20 millions d’euros au Maroc sur un total de 60 millions d’euros destinés à d’autres pays, l’assistance a vu, témoigne M. Kanouni, M. Jettou le prendre par la main en lui disant: «Vous savez, je vais vous démontrer pourquoi vous auriez intérêt à mettre l’ensemble du paquet au Maroc». Et ce ne fut pas une vaine proposition, car Tavex va, en effet, mettre les 60 millions dans un programme d’extension qui allait démarrer la même année pour s’achever en 2008.
Durant la longue période où il a dirigé Settavex, Badr Kanouni a activement participé à l’ensemble des problématiques traversées par le secteur puisqu’il a été aussi président de l’Association des industriels de Settat, président de la filière jeans et sportswear de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith), président régional à la CGEM… Il a ainsi vécu les périodes tumultueuses du secteur, notamment le démantèlement des quotas en 2005…
Le sens du service public
En novembre 2010, il est nommé président du directoire d’Al Omrane, un énorme démembrement de l’Etat, avec une mission sociale et de service public très noble, ses 1 200 collaborateurs et son budget d’investissement annuel de 6,5 milliards de DH. Aujourd’hui, il s’agit de construire ou de mettre à niveau (car en plus de la production de logements, Al Omrane est en charge de la résorption de l’habitat insalubre, des bidonvilles ou de la prévention du clandestin mais aussi de l’aménagement, de la création de nouveaux pôles urbains et villes nouvelles) quelque 140 000 unités par an. Il implémente une production saine et utile, revendique le positionnement social du groupe et, à ce titre, veut être au service de la population la plus défavorisée.
L’autre cheval de bataille de ce jeune dirigeant est la consolidation du groupe en tant qu’entreprise moderne, citoyenne et performante. Parmi ses priorités, la  modernisation de la gestion d’Al Omrane avec les compétences en place, le développement de l’approche participative et du travail d’équipe, la mutualisation des grandes expertises du groupe, l’amélioration continue individuelle et collective, la culture des objectifs. Plusieurs réformes sont lancées dès 2011, notamment au niveau des ressources humaines, première richesse en laquelle Badr Kanouni croit. Il est convaincu également que la modernisation de l’entreprise passe notamment par une refonte de son système d’information. Son défi est de réorganiser et moderniser le groupe autour de ses 10 sociétés régionales et quatre entités villes nouvelles en vue de répondre à un objectif clair : contribuer à la résorption du déficit en logements dans le pays et améliorer les conditions d’habitat, notamment des couches les plus défavorisées.