Au Royaume
Bac, le mystère des mentions
Que s’est-il passé en moins de deux décennies pour qu’on ait atteint un tel niveau de réussite dans un laps de temps très court, et que les mentions soient distribuées comme des petits pains ?
Les derniers résultats du baccalauréat viennent de tomber. De 44% en 2007-2008, le taux de réussite est passé à 72% cette année. En dix ans donc, il a grimpé de 28 points et de 17 points en deux ans, après une évolution en dents de scie entre 2007 et 2015.
Que s’est-il passé en moins de deux décennies pour qu’on ait atteint un tel niveau de réussite dans un laps de temps très court, et que les mentions soient distribuées comme des petits pains ? Serait-ce dû à un bradage du diplôme ou à des candidats bien plus intelligents que la génération qui les a précédés? A moins que ce ne soit imputable à un système de notation complaisant, par lequel certaines écoles privées gratifieraient leurs élèves de notes non méritées, ceci pour avoir bonne presse auprès des parents. Une triche explicitement dénoncée par l’ex-ministre de l’éducation nationale Mohamed Hassad.
Ainsi, ce qui devrait de prime abord apparaître comme une nouvelle réjouissante suscite des interrogations. Le système éducatif marocain que d’aucuns qualifient de défaillant ne saurait expliquer cette subite embellie, encore moins cette déferlante des mentions dont se réjouissent 40% des lauréats. Des moyennes de 17 ou 18 au bac ne suscitent plus l’admiration tellement elles sont légion. Une note de 14 ne garantit plus une inscription aux écoles cotées du Royaume qui, en plus des moyennes élevées comme premier ticket d’entrée, ne sont accessibles que sur concours.
Si le bac d’antan, de par sa difficulté, constituait un réel sésame pour diverses disciplines, son obtention est aujourd’hui exigée y compris pour certaines filières de la formation professionnelle lancées à l’origine dans les années 70 pour ceux qui n’avaient pas atteint le niveau bac ou qui n’avaient pas réussi à le décrocher.
Il y a quelques jours, le ministre de l’éducation nationale, Said Amzazi, a promis une réforme du système du baccalauréat à partir de la prochaine rentrée scolaire. Réussira-t-il par la même occasion à lever le mystère sur ce record de réussite et ces moyennes générales tellement élevées et en grand nombre qu’elles en deviennent peu crédibles ?