Au Royaume
«Tuez, je vous y autorise»
Les différentes enquêtes sur l’épidémie terroriste dans le monde montrent qu’il y a désormais deux types de terroristes : ceux qui font directement partie de l’organisation Al Qaïda et ceux – bien plus nombreux – qui sont simplement influencés par elle.
Les différentes enquêtes sur l’épidémie terroriste dans le monde montrent qu’il y a désormais deux types de terroristes : ceux qui font directement partie de l’organisation Al Qaïda et ceux – bien plus nombreux – qui sont simplement influencés par elle.
Il est intéressant de décortiquer le mécanisme par lequel s’opère cette influence et dans lequel des médias arabes, malheureusement, jouent un rôle essentiel.
1. Au lendemain des attentats du 11 septembre, un journal a publié en première page une partie de la Sourate de l’Eléphant: «N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l’Eléphant. N’a-t-Il pas rendu leur ruse complètement vaine ? et envoyé sur eux des oiseaux par volées qui leur lançaient des pierres d’argile ? Et Il les a réduits à un mâchis semblable à de la paille». En d’autres termes, ce qui est arrivé aux Américains est une punition divine.
2. Des chaînes satellitaires arabes, ainsi que des journaux, n’hésitent pas à parler du «cheikh» Oussama Ben Laden. Implicitement, c’est donc une personnalité vénérable, un maître, qui a un ascendant légitime sur ses disciples, et qui mérite la déférence.
3. La moindre cassette audio ou vidéo qui met en scène Ben Laden ou ses adjoints est diffusée illico presto. Où s’arrête l’information et où commence l’appel au meurtre ? Les médias, et nous en faisons partie, ne doivent jamais oublier cette règle élémentaire : quand on donne la parole à quelqu’un, on le légitime. Les médias ne donneraient jamais la parole à un bandit de grands chemins qui appellerait au meurtre et au pillage. Donc, quand ils la donnent à Ben Laden, c’est une manière de lui reconnaître une dimension politique, guerrière mais en aucun cas terroriste.
4. Quand on fait la synthèse de ces trois étapes, on n’est plus dans l’apologie de la haine. On est dans l’autorisation de tuer. «Tuez, je parle au nom de Dieu et je vous y autorise». Les meurtres de masse, les 11 septembre, 16 mai et 11 mars ne sont pas seulement licites. Ils sont vivement recommandés. Ces fatwas sont l’élément-clé du système Al Qaïda. Sans elles, aucun des attentats n’aurait eu lieu. Le musulman ne porte pas le terrorisme dans ses gènes.
La suite est une conséquence, si l’on ose dire, mécanique. Le Mal est contagieux. D’un attentat à l’autre, on avance dans la sophistication. Chaque attentat fait des émules.
Que penser quand on regarde, sur une chaîne satellitaire arabe, un message d’Al Qaïda appelant à d’autres 16 mai au Maroc ?
Même quand il recherche la plus grande objectivité, un média n’est jamais neutre.S’agissant d’Al Qaïda, nous ne sommes pas dans le registre de l’information mais de l’appel au meurtre, de la propagande terroriste. Sans ces messages, la menace terroriste serait aujourd’hui bien moindre.
