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Artisanat, le Conseil tisse sa stratégie

L’artisanat marocain se dote d’un outil pour pérenniser les tendances prometteuses dont il se prévaut. Le CNA est attendu pour jouer un rôle moteur dans son développement.

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Le secteur de l’artisanat vit, depuis quelque temps, au rythme d’une transformation qui ouvre de nouvelles perspectives prometteuses. Les métiers s’organisent de mieux en mieux. Le secteur se structure et récolte les fruits de la métamorphose en cours. Les produits s’exportent de plus en plus. Et le processus de modernisation et de consolidation se poursuit.

D’ailleurs, pas plus tard que mardi 16 juillet, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil national de l’artisanat (CNA). Or, il ne s’agit pas d’une structure en plus, mais d’un outil organisationnel de nature à aider d’aller encore plus loin dans ce processus lancé depuis plus de deux ans.

Cette première réunion du CNA a permis, apprend-on, «de constituer la commission spécifique qui sera chargée de préparer la nouvelle feuille de route stratégique pour le développement de l’artisanat», dont l’importance n’est plus à prouver. D’ailleurs, lors de cette réunion, le Chef de l’Exécutif s’est fait fort de souligner l’importance de ce secteur dans l’économie nationale, qui plus est «représente un atout majeur pour le tourisme» national. Et ce, tout en affirmant l’engagement ferme du gouvernement à soutenir et à développer ce secteur. La mise sur pied de ce Conseil tend justement à aller encore plus loin. Sa mission principale étant de décliner les leviers nécessaires pour la réalisation des objectifs de la stratégie nationale de développement de l’artisanat. Surtout qu’il lui incombera d’élaborer et de proposer des mesures concrètes en vue de la dynamisation et de la modernisation de ce secteur. Avec pour objectif la centralité de l’amélioration de la compétitivité des artisans, mais aussi et surtout de leurs conditions socioéconomiques.

Du social et de l’économique réunis
La ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, qui a tenu à relever les chantiers, lancés depuis 2021, tendant à l’accélération de la mise en œuvre de la loi 50.17 relative à l’exercice des activités de l’artisanat, ne s’y trompera pas lorsqu’elle met en avant l’une des dispositions phares de la nouvelle approche relative, notamment au lancement du Registre national de l’artisanat (RNA). Un chantier, faut-il le rappeler, qui rejoint la démarche holistique du gouvernement dans le processus de consolidation des fondements de l’État social en matière de généralisation de la couverture sociale et médicale. Et il faut dire que la greffe est en train de tenir. En effet, sur les 2,5 millions d’artisans que compte le secteur, ce sont pas moins de 400.000 artisans à s’être d’ores et déjà inscrits au RNA. Plus encore, les statistiques du ministère de tutelle renseignent qu’ils sont 647.000 artisans qui bénéficient de l’Assurance maladie obligatoire.

Patrimoine riche à préserver
Or, il relèverait de la litote de dire qu’il s’agit là d’une avancée majeure pour celles et ceux qui vivent de ce secteur. D’autant plus qu’auparavant ils étaient presque laissés – pour – compte. Il est à noter, en outre, que le CNA est une «plateforme collaborative» qui réunit l’ensemble des parties prenantes du secteur. Puisque s’y côtoient aussi bien les organismes professionnels, les établissements publics, les départements ministériels, les experts et, bien entendu, les représentants. Autant dire que son travail sera le fruit d’une synergie devant permettre d’identifier des pistes de progrès, de proposer des solutions innovantes, mais aussi d’élaborer des mesures législatives et réglementaires nécessaires pour le développement du secteur.

Avec pour base d’action la coordination des actions pour «un développement harmonieux et durable du secteur». Soit la traduction en actes des objectifs de la stratégie nationale 2021-2030. Dans cette veine, la commission, constituée lors de cette première réunion du CNA, aura du travail à abattre notamment en pensant au renforcement du rôle des Chambres d’artisanat, le développement des coopératives, l’approvisionnement en matières premières ou encore la commercialisation et la valorisation des exportations. Toujours est-il que s’il y a un domaine où on est attendus, c’est bien celui de la préservation et de la conservation du riche et non moins convoité patrimoine artisanal marocain.

C’est d’autant plus primordial quand on prend en ligne de compte les «tentatives malsaines» de certaines parties qui essaient, vainement, de s’approprier des éléments de ce patrimoine ancestral que le Maroc veille et veillera à préserver. Le label «Morocco Handmade», qui compte actuellement plus d’une soixantaine de marques certifiées, en rempart !


Les exportations respirent la santé

Dans le sillage du développement fulgurant du secteur du tourisme, l’artisanat marocain, 7% du PIB et 20% en contribution à la création d’emplois, a battu des records à fin 2023 avec des exportations qui ont franchi la barre de 1milliard de dirhams, soit 7% de plus par rapport à 2022. Un montant qui a quasiment doublé entre 2016 et le dernier exercice. Auquel il faut additionner les 10 milliards de dirhams qu’ont déboursés les touristes pour s’offrir des produits artisanaux. Et ce n’est pas le fruit du hasard, mais bel et bien la moisson des efforts consentis pour la promotion de produits à l’international, puisque le département de tutelle a scellé des partenariats commerciaux stratégiques à l’international dans ce sens. Et la mobilisation ne fléchit pas. La mobilisation des acteurs publics et privés garde le cap pour aller encore plus loin.