Au Royaume
Après l’heure…
Le gouvernement ne porte pas seul la responsabilité
du retard pris dans l’application de l’accord social, en revanche,
il sera le seul à en assumer
les conséquences.
Il y a un an, l’accord sur le Dialogue social était signé à la grande satisfaction des partenaires impliqués dans l’opération, qui avaient fini par ne plus y croire. Il y a un an, les milieux économiques et les syndicats se prenaient à espérer qu’après 40 ans d’attente, un texte sur le droit de grève serait rapidement élaboré et que la promulgation des textes accompagnant le nouveau Code du travail serait une simple formalité. Il y a un an, La Vie éco écrivait que l’accord du 30 avril n’était «pas un aboutissement mais seulement un bilan d’étape qui a permis de tracer une feuille de route que les partenaires sociaux se doivent de respecter… et de concrétiser par des actes écrits».
Certes, on peut mettre à l’actif du gouvernement actuel d’avoir réussi là où beaucoup d’autres ont reculé, en obtenant un consensus sur les grands principes au bout de deux mois de négociations seulement. On peut aussi mettre en lumière le fait que les partenaires sociaux sont plus enclins à discuter qu’à se renvoyer la balle et que le nombre de grèves, en 2003, a substantiellement diminué. Mais après ?
Le Code du travail entre en application d’ici un mois et les décrets ne sont toujours pas finalisés. Le texte sur le droit de grève, instrument vital de régulation du monde du travail, bute toujours sur la question pourtant simple de la durée du préavis. Les entreprises qui sont appelées à appliquer la réduction du temps de travail ne savent pas comment s’y prendre et craignent de ne pas avoir assez de temps pour s’y préparer. L’augmentation du SMIG n’est toujours pas appliquée et le compteur de la rétroactivité tourne. Et, enfin, la question des contrats à durée déterminée (CDD), cruciale pour la flexibilité, reste épineuse.
Le bel élan né d’une démarche volontariste serait-il retombé ? Les milieux d’affaires craignent – et c’est légitime – qu’après avoir osé trancher sur le principe, on tergiverse quand il s’agit d’entrer dans le détail. Le précédent créé par le gouvernement Youssoufi est encore là pour le rappeler.
Le gouvernement ne porte pas seul la responsabilité du retard pris dans l’application des mesures de l’accord social, en revanche, il sera le seul, aux yeux de l’opinion publique, à en assumer les conséquences. Normal, il a le pouvoir de trancher et il se doit de le faire.
S’agissant de stratégie, les managers anglo-saxons usent volontiers du concept de «fenêtre d’opportunité», signifiant tout simplement qu’il s’agit de foncer au bon moment. Nous avons là une fenêtre d’opportunité. Profitons de cette volonté commune d’aboutir. Après l’heure, ce n’est plus l’heure
