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La politique d’assistanat existante au Sahara risque de générer d’autres troubles. Il faut y créer une dynamique économique et remplacer la méritocratie tribale ou de loyauté par celle de la compétence.

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Les évènements qui ont secoué la ville de Laâyoune en début de semaine peuvent être lus selon des niveaux de lecture différents. Le premier est celui de l’exacerbation du malaise économique et social que vit une population de Marocains dans une des régions du pays. Il est de son droit légitime de réclamer du travail et un toit pour vivre dignement, mais l’Etat est également en droit de protéger les citoyens et les biens publics contre la violence et le vandalisme. Ce qui s’est passé lundi 8 novembre n’est que l’expression de l’Etat de droit. A Laâyoune, en territoire marocain, comme à Tanger ou Casablanca, de tels agissements tombent sous le coup de la loi et doivent être réprimés.

Le deuxième niveau de lecture renvoie à un questionnement. 12 000 personnes qui installent un campement bien organisé en quelques semaines, avec administration, tribunal, geôles, service d’assainissement… on est loin d’une conjonction qui verrait des civils mécontents s’organiser aussi parfaitement et avec autant de moyens. L’aide extérieure d’un ennemi déterminé à faire de la récupération est manifeste. Comment n’a-t-on rien vu venir ? Pourquoi a-t-on laissé progressivement faire ? Comment vivres et matériel sont-ils parvenus à ce camp ? Il y a eu, au minimum, une grave négligence.

Enfin, le troisième niveau de lecture c’est celui du traitement qui doit être réservé à cette région, car on ne peut pas continuer à traiter uniquement le symptôme en délaissant le mal. Pendant des années, l’Etat a fait de l’assistanat un moyen de stabiliser la région, mais jusqu’à quand ? Distribuer gratuitement des logements et des cartes d’entraide nationale à tout le monde aujourd’hui revient à créer la demande perpétuelle de demain et les uns en profiteront toujours plus que les autres car tout système fondé sur la rente génère des propres travers et la grogne de ceux qui n’auront pas eu leur part du gâteau (ou pas assez) sera récupérée par l’ennemi. Des efforts considérables ont été fournis par l’Etat en matière d’infrastructures et de services publics mais la région du Sud continue de manquer de l’essentiel : une véritable dynamique économique. C’est cela qu’il faut travailler. Rendre Laâyoune, Smara et Dakhla des territoires attractifs pour l’investissement à travers un plan «Emergence» dédié qui générerait un marché de l’emploi et du travail.

Remplacer la méritocratie tribale ou de loyauté par celle de la compétence ; par un système où tout le monde aurait la chance d’être nanti, d’acheter sa maison en toute dignité. En un mot, dépolitiser la région pour en faire un véritable territoire économique.