Au Royaume
AMO : Akhannouch dresse un bilan d’étape
L’Assurance maladie universelle est concrétisée. Maintenant, il faut convaincre tous les Marocains d’y adhérer et surtout de cotiser, chacun à hauteur de ses revenus, pour en assurer la pérennité.

La généralisation de l’AMO est entrée en vigueur il y a un peu plus d’un mois, le 1er décembre, avec le basculement des 11 millions de Ramédistes vers le nouveau régime. Un tournant. «Une date historique qui est malheureusement passée presque inaperçue», a relevé le chef du gouvernement qui intervenait à l’occasion de la séance de questions de politique générale à la deuxième Chambre, mardi 10 janvier. Pour la première fois, tous les Marocains, quels que soient leurs revenus, ont droit au même niveau de soins dans la Santé publique et les établissements privés. Aziz Akhannouch, après avoir fait le tour de cette prouesse, est allé à l’essentiel.
Il n’a pas manqué de souligner que l’AMO est un système solidaire. Un édifice dont la pérennité et la solidité dépendent de tous. «Tout le monde doit cotiser. Chacun à hauteur de ses revenus. Pour ceux qui ne le pourront pas; l’État le fera pour eux», insiste le chef du gouvernement. Et il faut le faire tout de suite et ne pas attendre de tomber malade pour s’y prendre et exiger de se faire prendre en charge immédiatement. C’est aussi clair que cela. Et c’est également la bataille que doit mener non pas uniquement le gouvernement mais tous les acteurs concernés. Il s’agit de convaincre les citoyens à adhérer à cette révolution sociale. Nul doute que les adhérents se comptent désormais en millions, alors que lorsque le gouvernement a été nommé, ils étaient à peine 8.000 travailleurs non salariés à avoir fait le pas. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut déjà crier victoire.
Prise en charge presque totale
Certes, et ce sont les chiffres avancés en guise d’exemple par le chef du gouvernement, la totalité des auto-entrepreneurs ont adhéré au système et paient régulièrement leurs cotisations. Chez les guides touristiques, 87% ont intégré le régime de l’AMO. Pour les commerçants soumis au régime de contribution professionnelle unifiée (CPU), cette proportion est de l’ordre de 77%. Cependant, «il y a par contre certains secteurs qui accusent encore un retard considérable». Et c’est là où il faut faire un grand effort. Pourtant, le système fonctionne déjà. Là encore le chef du gouvernement cite un exemple concret. C’est le cas de ce chauffeur de taxi, il cotise à hauteur de 180DH par mois, montant fixé par décret, soit 6 DH par jour. Un jour il tombe malade et doit se faire opérer. L’intervention est facturée à 43.000 DH, mais lui, il ne paiera finalement presque rien, puisque le coût est pris en charge à hauteur de 94% par l’AMO.
Pour les anciens Ramédistes, le switch a été fait, mais l’adhésion effective des citoyens se fait un peu lente. Le dispositif nécessaire a été mis en place. Il y a encore des gens qui ne sont pas inscrits, ils sont invités à le faire. Par contre, ceux qui se sont glissés indûment parmi les anciens Ramédistes doivent régulariser leur situation. De toutes les manières, prévient le chef du gouvernement, «le système va finir par démasquer les fraudeurs». Car «ce n’est pas logique qu’un salarié payé au SMIG cotise régulièrement, alors que des personnes avec des revenus dépassant les 10.000 DH continuent de bénéficier indûment du système», s’indigne Aziz Akhannouch.
L’infrastrcuture suivra
Évidemment, il y a aussi le chantier de la mise à niveau de l’offre de soins dans sa globalité. Là encore, la réforme est déjà lancée. La loi-cadre a été adoptée et le gouvernement a commencé à présenter devant le Parlement, depuis lundi dernier, les textes de loi complémentaires.
En termes d’infrastructures, l’Exécutif a débloqué une rallonge budgétaire de 8milliards de dirhams sur deux ans, en plus de l’investissement lié au projet du nouveau CHU de Rabat. Du jamais vu dans l’histoire du Maroc. «Nous avons cette volonté de mise à niveau des dispensaires, des hôpitaux provinciaux et régionaux, ainsi que la construction des CHU, à raison d’un complexe hospitalier universitaire dans chaque région. Avec, bien sûr, les équipements et le matériel médical nécessaire. Il nous reste les ressources humaines. C’est d’ailleurs le plus grand défi auquel nous faisons face. C’est compliqué, mais nous nous y attelons. Il nous faut un plus grand nombre d’étudiants et préparer à temps des CHU pour qu’ils puissent exercer. C’est un grand projet sur lequel nous travaillons», insiste le chef du gouvernement. C’est un défi d’autant plus important que le Maroc, entre autres pays en développement, est victime d’une politique d’appauvrissement en ressources humaines sanitaires menée par des pays développés. «Nous allons traiter cette problématique avec ingéniosité et doigté», conclut le chef du gouvernement.
23 millions d’affiliés à la CNSS
Dès les premières semaines, le gouvernement s’est attelé à préparer le terrain idoine à l’édification d’un système de protection sociale au Maroc. Au cours de la première année, le bilan est positif, puisque le gouvernement a réussi, de manière inédite, à poser les bases d’une solidarité institutionnelle obligatoire.
Ainsi, en une année, l’effectif global des assurés à la CNSS est passé de 7,8 millions de personnes à plus de 23,2 millions, avec l’affiliation de 3,6 millions de non-salariés et leurs ayants droit et de 9,4 millions de bénéficiaires de l’AMO-TADAMON.
Pour cela, un travail d’envergure a été effectué par la Caisse, qui a pu renforcer ses ressources humaines à travers 1.400 recrutements au cours de la dernière année, créer un centre de traitement des dossiers des travailleurs non salariés et conclure des partenariats avec les institutions de proximité et de médiation, entre autres. De même, 47 nouvelles agences de proximité ont été ouvertes et 45 agences mobiles lancées. Ce sont également 8.000 centres de communication qui ont été créés pour enregistrer les nouveaux travailleurs non salariés, en plus de 2.000 points de contact pour recevoir les dossiers de l’assurance maladie obligatoire et 4.000 agences de proximité dédiées au paiement des droits d’adhésion.
