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Amir Peretz, l’homme par qui le séisme est arrivé

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amir peretz

Depuis son élection surprise à la tête du parti travailliste israélien, les séismes politiques s’enchaînent sur la scène politique locale. Qui est donc Amir Peretz ?
Né au Maroc, à Bejaâd, en 1952, il émigrera en Israël à l’âge de quatre ans. Sa famille s’installera dans un camp de transit à l’ouest du désert du Néguev, qui allait devenir la petite ville de Sderot, à majorité marocaine. Après un court passage par l’armée, Peretz devient maire de la ville puis intègre pour la première fois la Knesset à l’âge de trente-six ans comme représentant du Parti travailliste. Il se détachera du parti de Yitzhak Rabin en 1999 pour créer Am Ehad, un Parti des travailleurs. Ce dernier sera absorbé par le parti travailliste en 2004. Peretz fondera ensuite le mouvement «Adam» socio-démocrate au sein du parti travailliste. Cependant, Amir Peretz est avant tout connu pour avoir été le leader de la fédération syndicale israélienne Histadruth.

Malgré ce bagage politique, beaucoup considèrent en Israël Peretz comme un inconnu inexpérimenté. Son élection à la tête du parti travailliste, à 42,35% voix, contre 39,96% pour le prix Nobel de la Paix, Shimon Perès, produira un électrochoc. En fait, l’ancien compagnon de Yitzhak Rabin sera tellement surpris par la nouvelle qu’il commencera par contester les élections, jusqu’à ce que le secrétaire général du parti, Eitan Cabel, y mette le holà. Une surprise qui pourrait aussi être liée au fait qu’avec sa grosse moustache et son anglais hésitant, il soit un des rares Sépharades (juifs arabes), parvenus à briser le plafond de verre, dans un parti de gauche considéré comme propre aux Ashkenazes (juifs d’Europe) et élitiste.

Aujourd’hui, on espère que son appartenance ethnique servira à rallier une partie des votes Sépharades traditionnellement acquis au Likoud, ainsi que ceux des couches les plus défavorisées de la population, dans un pays où près d’un habitant sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. En effet, bien que qualifié d’ «ultra-colombe», A. Peretz est l’un des hommes politiques à critiquer l’association qui a été faite au cours du temps entre les notions de gauche et de droite et celle d’occupation: «On s’est retrouvé dans une étrange situation, dans laquelle les classes les plus pauvres et la classe des travailleurs ont tendance à soutenir les partis de la droite et les classes supérieures la gauche. Non seulement cette situation empêche la gauche d’avoir une chance décente de gagner les élections mais, en plus, cela a même fait du concept de paix un produit élitiste qui est identifié aux industriels et non pas aux travailleurs», avait-il récemment déclaré dans une interview publiée sur labourstart.org, un site Web d’information international dédié aux syndicats.

Grosse moustache, anglais hésitant, proche des plus pauvres, Peretz se démarque du prototype travailliste.