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Au Royaume

Aminatou qui ?

On parle de déculottée Mais personne n’a posé la question : Si Aminatou Haïdar était initialement rentrée au Maroc sans se plier aux formalités d’usage,
ne serait-ce pas, là  aussi, une déculottée pour le Maroc ?

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Ainsi Aminatou Haïdar est finalement retournée au Maroc après 32 jours de grève de la faim dans un aéroport espagnol. A-t-elle rempli les démarches administratives aéroportuaires comme le veut la version officielle du ministère des affaires étrangères ou est-elle entrée au Maroc comme elle avait tenté de le faire, il y a un mois, en faisant fi des nécessaires mentions d’adresse et de nationalité, comme elle le déclare ? La presse se pose la question et elle est dans son rôle, les citoyens s’interrogent…
Alors on parle de déculottée, de mauvaise gestion de l’affaire par le Maroc, de la sous-estimation de l’influence que peut avoir la séparatiste au niveau médiatique mondial. Mais personne n’a posé la question : Si Aminatou Haïdar était initialement rentrée au Maroc sans se plier aux formalités d’usage, ne serait-ce pas, là aussi, une déculottée pour le Maroc ? On veut bien que le cas des provinces du Sud soit particulier, nécessitant un doigté qui s’arrange avec des procédures reconnues et connues par tout le monde, dans le même sens, l’administration locale aurait pu, comme l’a suggéré l’intellectuel espagnol Juan Goytisolo dans un article plein de bon sens(*), se contenter de noter que Mme Haïdar n’a pas souscrit au nécessaire requis, d’archiver l’information et de la laisser entrer sur le territoire. Mais jusqu’à quand ?
Personnellement, je ne crois pas qu’il se trouve un Marocain qui remette en question la cause nationale. Mais alors puisque le Sahara est marocain, que Mme Haïdar est tout aussi marocaine, ne devrait-elle pas, en toute logique, se plier aux règles auxquelles sont soumis ces concitoyens à l’arrivée aux postes frontières du Royaume, que ce soit à Tanger, à Casablanca ou à Laâyoune ? La réaction du Maroc n’est-elle pas légitime dans ce cas ?
De fait, la «déculottée» aurait joué dans les deux sens. Celle dont des médias et des citoyens parlent aujourd’hui ne se démarque de l’autre que par son ampleur médiatique. Il serait naïf de croire que parce que l’on parle de droits de l’homme à l’international à propos de cette affaire, cela va faire perdre au Maroc son crédit et ses avancées sur le dossier. De même, il serait profondément injuste de pointer avec ironie les pressions subies par le Maroc de la part de grandes puissances. Ce n’est pas une nouveauté et ce n’est pas propre au Maroc. La géopolitique mondiale est faite de rapports de force et d’intérêts. L’Onu ne reconnaissant encore pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara, il faudra toujours et encore composer pour atteindre l’objectif. Alors l’affaire Aminatou Haïdar, hein ! qu’est-ce qu’on s’en…

(*) Juan Goytisolo, «Histoire d’une femme sahraouie», Courrier international, édition du 17 déc.2009