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Au Royaume

Aly Horma, DG de Marrakech Grand Prix

De la haute finance aux paddocks des circuits automobiles. Avec la construction du «Circuit Automobile International Moulay El Hassan», il a atteint son but de réaliser un projet fédérateur à  fort impact pour la ville et le pays.

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ALI HORMA 2013 03 22

Il a été derrière le retour de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) au Maroc après une absence de plus de 50 ans. Pourtant, il se défend d’être un féru de sports automobiles et se passionne plutôt pour la musique, la pratique du piano en particulier. Il, c’est Aly Horma, DG du Marrakech Grand Prix et dirigeant du Property Investors Trust, un cabinet de conseil en investissement et ingénierie financière.
D’origine marocaine, le destin voudra que Aly Horma naisse à Libreville en 1977 de parents médecins internes au Gabon. Ils n’y passeront qu’une année avant de rentrer au Maroc, à Marrakech. Pourtant, rien ne lie la famille Horma à la ville ôcre si ce n’est l’état du père asthmatique qui ne peut supporter le climat de Rabat. L’enfance est très paisible et la scolarité se fait à l’école primaire Renoir et le secondaire au lycée Victor Hugo. Attiré par l’économie et l’entreprenariat, le jeune Aly se découvre la fibre commerciale très tôt et est connu auprès de ses camarades de classes comme fournisseur d’articles divers (billes, jeux vidéo, cartes de joueurs de foot…).

Il quitte un cadre de vie confortable pour se rapprocher de son pays

C’est en 1995 qu’il obtient son bac en économie et mathématiques appliquées ; la même année que son frère aîné. «Depuis le début, j’avais prévu de m’inscrire en prépas à Grenoble tandis que mon frère s’était orienté vers des études supérieures aux Etats-Unis», raconte Aly Horma. Il rejoint alors ce dernier pour les vacances d’été. Le coup de foudre est immédiat et si le jeune Horma se plaît à Boston, il sera littéralement subjugué par New-York qu’il visitera le temps d’un week-end. Il informe ses parents de son changement de carrière. Changement qu’ils accueillent de manière très compréhensive. Les acceptations étant bouclées pour le début de l’année, il suit pendant le premier semestre un programme d’anglais intensif et démarche les universités. Il est accepté par la Stern School of Business (New York University) qu’il rejoint en 1996 pour des études en finances. Trois ans plus tard, il décroche son Bachelor of science dans un domaine en plein essor. A l’époque, ce qui allait devenir la plus grosse bulle spéculative commençait déjà à prendre forme avec l’éclosion des start-ups dotcom. Emporté par la frénésie, Aly Horma effectuera trois jobs en l’espace de 7 à 8 mois avant d’opter pour un poste à la Citibank où il s’occupe de la gestion des produits structurés et du volet «offshore banking». En 2003, la banque lui offre une formation à Standford en Californie où il décroche un master en stratégie organisationnelle. Il y revient en tant que vice-président et passe le plus clair de son temps à l’étranger, notamment entre l’Argentine et le Brésil.

Au sommet de sa carrière, il décide pourtant d’arrêter en 2005. Ce qui lui fera quitter son cadre de vie plus que confortable et un appartement en plein cœur de Manhattan, lui-même ne saura le dire. Un questionnement peut-être ou une prise de conscience que d’autres n’auront que plus tard poussera le jeune de 28 ans à se rapprocher de son pays. Dans un premier temps, il prend une pause pour s’inscrire à un MBA à l’Insead de Fontainebleau. Son diplôme en poche en 2006, Aly Horma se fait recruter par le Crédit Suisse et s’installe à Londres pour une année en tant que vice-président en charge de la gestion des marchés de capitaux pour le Moyen-Orient et le développement des marchés d’Afrique du Nord. Les voyages au Maroc deviennent alors de plus en plus fréquents. C’est là qu’entre en jeu son ami d’enfance, Islam Zahid. Les deux compères discutent et mûrissent très tôt l’idée de monter un projet au pays. Mais pas n’importe lequel. «On pensait à quelque chose de percutant avec un fort impact pour la ville ou le pays, loin des restaurants et autres petites manufactures. Il nous fallait un projet porteur de sens, fédérateur de valeurs», se souvient Aly Horma.

L’idée d’un championnat international de course vient du père de son ami

L’idée vient par le père d’Islam, Abderahman Zahid, fondateur et dirigeant du groupe Ménara Holding. A l’époque, un des championnats d’Europe de courses de voitures, le GT, approche le wali de Marrakech afin de construire un circuit de ville pour accueillir une épreuve de la discipline. La wilaya ne pouvant pas subventionner un tel projet, les organisateurs sont dirigés vers un opérateur privé qui opère dans le BTP, Ménara Préfa, filiale du groupe Ménara Holding. Islam rebondit sur l’idée et dès décembre 2005, les deux amis rencontrent les Allemands pour discuter du projet.

Mais ils se rendent compte en 2007 qu’il ne suffisait pas d’une épreuve comme le GT pour attirer l’intérêt des autorités et du public, et qu’il fallait un championnat du monde. «Faute de disposer des poches d’un Emir du Moyen-Orient, on a très vite compris que se faire parachuter sur la Formule 1 était très risqué, voire irréalisable», explique-t-il. Reste alors le WTCC (World Touring Car Championship) sous l’égide de la FIA. Convaincus que c’est ce qu’il faut faire, Aly Horma et Islam frappent aux portes et finissent par rencontrer la direction d’Eurosport, groupe en charge de l’événement. La suite de l’histoire on la connaît tous avec la création de la société Marrakech Grand Prix et la construction du «Circuit Automobile International Moulay El Hassan» qui vaut aux deux amis la décoration par le Roi Mohammed VI du Ouissam alaouite du mérite national de catégorie exceptionnelle.