Au Royaume
Afrique : la sécurité alimentaire au centre du congrès de l’Union des ingénieurs agronomes africains
Les travaux du deuxième congrès de l’Union des ingénieurs agronomes africains se sont ouverts, lundi à Rabat, sous le thème « la sécurité alimentaire en Afrique face aux défis des changements climatiques et de la croissance démographique ».
Intervenant lors de la cérémonie inaugurale de ce congrès de deux jours, auquel participent les représentants de plus de 17 pays de l’Afrique, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, a souligné que la thématique de cet événement est d’autant plus importante qu’elle intervient dans une conjoncture économique mondiale particulière et sous l’influence des changements climatiques et des phénomènes que connaissent certaines régions, notamment l’Afrique, qui se manifestent par la sécheresse, la désertification, les catastrophes naturelles et les conflits.
Et de soutenir: « A travers l’histoire, l’identité africaine a été l’un des choix stratégiques importants pour le Maroc, comme en témoigne la longue histoire des échanges commerciaux, culturels et spirituels entre le Maroc et les pays du continent. L’identité africaine du Maroc a acquis une nouvelle dimension et un nouveau souffle depuis le début du deuxième millénaire, en s’inscrivant dans une vision à long terme centrée sur le développement de relations économiques équitables, justes et équilibrées entre le Royaume du Maroc et les pays africains ».
De par sa position et son expérience dans divers domaines, le Maroc n’a ménagé aucun effort pour développer la coopération sud-sud bilatérale et multilatérale avec plusieurs pays d’Afrique, a relevé le ministre, rappelant que le Royaume a conclu, dans ce cadre, plusieurs accords bilatéraux relatifs au commerce préférentiel, à la promotion et à la protection des investissements mutuels et à la double imposition, et même des accords régionaux relatifs au commerce et à l’investissement.
La coopération maroco-nigériane dans le cadre du projet du gazoduc entre le Nigéria et le Maroc et du projet de la nouvelle plateforme des produits chimiques de base peuvent être cités en exemples et modèles de cette coopération Sud-Sud, a-t-il ajouté.
Ce Congrès a été aussi l’occasion pour M. Sadiki de revenir sur l’engagement du Maroc à échanger les expériences, à partager les expertises et à transférer les compétences dans le cadre d’une coopération horizontale entre pays africains basée sur le principe de solidarité, en rupture complète avec la dualité traditionnelle entre donateurs et bénéficiaires, en mettant en place les bases d’un partenariat mutuellement bénéfique. Il a, à cet effet, rappelé le lancement en avril 2016 l’initiative « Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques (AAA) » en marge de la COP22 à Marrakech, qui vise à contribuer à la sécurité alimentaire du continent africain par la promotion des pratiques visant l’adaptation aux changements climatiques, le renforcement des capacités des acteurs et la canalisation des flux financiers vers les populations les plus vulnérables.
M. Sadiki a également, fait remarquer que le Maroc, pour encourager l’investissement, renforcer les secteurs porteurs et soutenir le volet social, a lancé plusieurs chantiers structurants et grands chantiers de développement, comme le Plan Maroc Vert (PMV) pour la période 2008-2020 et la nouvelle stratégie agricole « Génération Green 2020-2030 ». De son côté, le Président de l’Association des ingénieurs agronomes du Maroc (AIAM), Abed Yacoubi-Soussane, a indiqué « la crise climatique n’est plus à prévoir ou attendre, elle est bien là, et malheureusement notre continent le mois préparé est le plus touché », ajoutant que « c’est à nous, africains, de gérer notre environnement de plus en plus difficile et complexe ».
Face à une croissance économique plus faible que prévu conjuguée à une croissance démographique la plus intense à l’échelle mondiale, les pressions à gérer dans le futur proche sont l’importance et l’urgence des dépenses à engager pour répondre aux besoins socio-économiques au niveau des différents pays de l’Afrique en matière d’infrastructures, sécurité alimentaire, enseignement, santé, habitat, emploi.., la faible capacité d’emprunt des pays africains compte tenu du niveau déjà élevé de leur dette publique pour la plupart, ainsi que les difficultés politiques entravant la promotion des recettes fiscales, a-t-il expliqué.
Et de poursuivre: « La capacité des pays de l’Afrique à gérer ce trilemme aura des retombées énormes sur leur situation macroéconomique et leurs perspectives de croissance et par conséquent leur capacité à faire face aux défis de la sécurité alimentaire tenant compte des changements climatiques et de la croissance démographique. Notre but, aujourd’hui, c’est de contribuer à la mise en place d’une plate forme commune de réflexion, d’échange d’expérience et de dialogue entre les agronomes de notre continent afin de participer activement à la transition des systèmes de production agricole en Afrique comme dans les politiques publiques ».
Le défi croisé de la sécurité alimentaire et du changement climatique, impose une révision globale des rapports aux ressources dans le souci de prévoir et de mettre en œuvre les transitions adéquates, a estimé M. Yacoubi-Soussane. Parallèlement, il a noté que l’AIAM, créée en 1985, se veut une plateforme de réflexion, de promotion et de partage d’expertise entre les ingénieurs agronomes marocains. Sur le plan international, l’Association est membre actif au sein de l’Union des Ingénieurs Agronomes Arabes et y occupe simultanément les postes de Secrétaire Général adjoint et membre du bureau exécutif. A cet égard, elle a abrité, au Maroc, deux congrès de l’Union des Ingénieurs Agronomes Arabes, en 2011 et 2014, sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi, ainsi que deux réunions du Bureau exécutif de cette Union en 2015 et 2016.
L’ordre du jour de ce 2ème Congrès organisationnel de l’Union des ingénieurs agronomes africains porte l’adoption du statut de l’Union et l’identification de ses structures.