Au Royaume
Afkar
Il y a quelques jours, Afriquia a lancé une belle initiative qui permettra probablement d’ouvrir la voie à une nouvelle démarche en matière de création d’emplois et d’insertion des jeunes. Baptisée judicieusement et à juste titre «1000 fikra», l’initiative consiste à mettre en concurrence des dizaines de milliers de jeunes porteurs d’idées à travers tout le Maroc pour sélectionner un millier d’entre eux.
Le dispositif est complexe, car ces 1 000 jeunes seront épaulés, coachés, formés et accompagnés, y compris financièrement, pour transformer leurs idées en réalité, en entreprises avec, à la clé, des emplois et de la valeur.
En fait, et comme le reconnaissent avec modestie les promoteurs de «1000 fikra», il ne s’agit pas d’une trouvaille ou d’une invention de toutes pièces. Le programme est inspiré de pratiques déjà éprouvées ailleurs, notamment dans des pays à tradition anglo-saxonne. Pourquoi, en effet, réinventer la roue alors que des recettes ont déjà fait leur preuve et peuvent être adaptées au concept marocain.
D’aucuns peuvent d’emblée poser la question sur la pérennité de telles initiatives et le questionnement est légitime. Car dans le passé le Maroc a lancé de nombreuses opérations pour l’emploi et l’auto-emploi des jeunes, pour la création d’entreprises. Mais ces dispositifs ne sont jamais allés jusqu’à leur fin. Si le tristement célèbre et historique Crédit jeune promoteur a littéralement abouti à une catastrophe nationale avec des procès judiciaires et des tragédies familiales, à l’autre bout on trouve une initiative comme Moukawalati qui ambitionnait la création de 30 000 entreprises et qui a fini aux oubliettes.
Le point commun entre toutes ces initiatives, en plus de l’échec, est qu’elles étaient publiques et l’émanation exclusive de l’Etat. Or, l’Etat, même à travers des dispositifs juridiques et des encouragements fiscaux ou autres, ne peut pas à lui seul convaincre les jeunes à s’impliquer massivement dans la création d’entreprises.
Quand un jeune porteur d’idées passe à l’acte et décide de créer son entreprise, quand bien même il aurait de l’aide publique, il ne réussira jamais s’il n’a pas de marchés, des commandes, des clients, des crédits bancaires adaptés…
Or, pour avoir accès au marché, la meilleure et seule rampe de lancement possible pour un jeune créateur est le secteur privé lui-même.
L’idée ingénieuse «1000 fikra» ne pourra que faire des émules dans le secteur privé et amener d’autres grandes entreprises et d’autres groupes qui viendront eux aussi s’impliquer pour l’insertion des jeunes dans le système économique.
La nécessité d’aider les jeunes va au-delà de la création de l’emploi. Il s’agit d’ouvrir l’horizon, de redonner de l’espoir et de la confiance aux générations montantes qui sont ni plus ni moins l’avenir du Maroc…