Au Royaume
Abdeljalil Cherkaoui, directeur par intérim de l’Entraide nationale
Premier nutritionniste marocain et 34 ans de carrière à l’Entraide nationale. Abdeljalil Cherkaoui a arrêté ses études de pharmacie en deuxième année pour une spécialisation en nutrition grà¢ce à une bourse de l’USAID.

Abdeljalil Cherkaoui a fait toute sa carrière dans le social. Aujourd’hui directeur, par intérim, de l’Entraide nationale, il a mis le pied à l’étrier dans le social en 1978, comme nutritionniste. Il est d’ailleurs le premier nutritionniste marocain et cela il le doit à un concours de l’USAID où il a été reçu en 1974 alors qu’il suivait déjà des cours de pharmacie, à Liège, en Belgique. Ce mordu du travail associatif a commencé à baigner dedans depuis qu’il était étudiant. A l’époque, il avait fondé une association d’étudiants qui défendait les ouvriers des chantiers de charbonnage de Saint-Nicolas.
Il est passé par le ministère de l’artisanat et des affaires sociales
Et il faut croire que cette fibre ne l’a jamais quitté car il a été aussi à l’origine de l’Association marocaine de nutrition puis du réseau marocain de l’économie sociale et solidaire (REMESS) et, au niveau continental, de l’Institut panafricain de développement pour la région Nord Afrique (IPD-NA)… Bref, s’il est entré dans la problématique du développement humain sans préméditation, il s’y est consacré avec une conviction jamais démentie.
Aîné d’une fratrie de six enfants, Abdeljalil Cherkaoui est né en 1953 à Meknès d’une famille originaire de Bejaâd. Il reconnaît volontiers qu’il doit tout à la persévérance et à l’effort dans ses études. C’est à Meknès où il a suivi toutes ses études primaires et secondaires qu’il obtient un bac section Sciences expérimentales en 1974 et une bourse marocaine pour poursuivre des études en pharmacie à Liège. Au bout de deux ans, il revient au pays pour les vacances sans savoir qu’il ne retournera plus en Belgique. Informé d’un concours organisé par l’USAID qui voulait former un nutritionniste pour suivre son programme d’aide au Maroc, il dépose son dossier et réussit haut la main. Abdeljalil Cherkaoui part ensuite en Tunisie pour une formation de trois ans à l’Institut supérieur de nutrition.
A son retour, il est chargé d’évaluer les retombées du programme «Catholic relief services», un programme d’envergure doté d’une enveloppe globale de 16 millions de dollars qui bénéficiait à 300 000 familles. Dans ce cadre, il est spécialement affecté, dans le cadre de l’Entraide nationale, à la supervision de l’état de santé des enfants dont les familles bénéficiaient de la distribution de denrées alimentaires enrichies. Il y reste jusqu’en 1985.
Comme il avait capitalisé sur une expérience appréciable dans le domaine, il a été sollicité afin de rejoindre le ministère de l’artisanat et des affaires sociales comme chargé d’études auprès du secrétaire général.
Il va être en charge du programme d’insertion des populations vulnérables, financé par un fonds de développement social toujours en lien avec l’USAID.
Il monte alors une cellule de planification des programmes de compensation à l’adresse des artisans, des centres et des institutions associés à ce programme, doté de 20 MDH sur 5 ans. Il doit à ce titre procéder à l’étude de la pauvreté et du déficit en matière de développement.
C’est un travail sur le terrain qui concernait 1 500 familles au départ, avec comme axe central la nutrition. En plus de l’artisanat et les affaires sociales, plusieurs ministères sont concernés dont l’Intérieur.
De plus, l’ensemble des services extérieurs, les autorités et les collectivités sont mis à contribution.
Abdeljalil Cherkaoui se rappelle avoir eu la surprise de constater que parmi les familles concernées, il y en avait une frange qui se méfiait tellement de la farine enrichie destinée aux enfants qu’elle la donnait à la volaille. Il va rester fidèle au poste jusqu’en 1990, année où il obtient une bourse pour un DESS en management et gestion des projets entre 1990 et 1992 à l’Université de Lille.
Il considère les actions sociales comme un investissement
A son retour, il retourne à l’Artisanat qui le détache auprès de l’Entraide nationale entre 1993 et 1994. Bref, il va ainsi voir défiler, au total, 18 ministres et les Affaires sociales vont être placées sous la tutelle du Tourisme jusqu’à la création du ministère du développement social, de la famille et de la solidarité confié en 2004 à feu Abderrahim Harouchi.
C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’on l’affecte à la sous-direction de l’Entraide nationale, avec la délicate mission de restructurer la direction. En 2006, il est alors directeur adjoint et devra résoudre le problème de la caisse de retraite où il y avait trois régimes. Il assainit la situation. Mieux, il contribue grandement à la refonte du concept de l’Entraide nationale pour le faire migrer d’une logique de bienfaisance à fonds perdus à des protocoles d’actions définis et ciblés, avec un amarrage à l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et l’Agence de développement social (ADS).
Aujourd’hui, l’Entraide nationale, dont l’effectif propre est de 4 800 agents, fait travailler aussi 2 500 personnes au niveau de l’ensemble des associations impliquées dans le développement humain. Aujourd’hui, cet organisme évolue vers la territorialisation de l’action sociale, fondée sur une modernisation de la logistique. Pour Abdeljalil Cherkaoui, «le social doit être vu comme un investissement et il s’agit de migrer vers des programmes pointus à l’adresse de populations identifiées, des objectifs et des évaluations méthodiques et clairement énoncés».
