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Au Royaume

Abdelali Berrada, DG de Lyncos

Enseignant, patron, consultant… un intellectuel au parcours éclectique. Il a fait partie des premiers cadres de la Société générale avant de replonger dans des études poussées et devenir enseignant.

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Berrada Abdelali 2011 02 08

Peut-on allier théorie et pratique, action et réflexion ? On a peine à le croire car, pendant longtemps, l’idée que l’on se faisait de l’intellectuel ou du chercheur s’opposait à celle de l’esprit entrepreneurial. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que cela existe bel et bien et, aujourd’hui, nombre de leaders d’opinion marocains ont commencé par faire de longues études avant de se mettre dans l’idée de tout simplement créer une entreprise. La carrière de Abdelali Berrada, DG de Lyncos, une PME spécialisée dans l’organisation des salons, en est un exemple tout à fait frappant car il a commencé d’abord par travailler pour une banque après une licence en économie avant de songer à reprendre ses études puis à enseigner d’abord comme vacataire en France et ensuite à l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (Iscae). Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il va se lancer dans les affaires et investit dans le textile. D’ailleurs, après avoir vendu les entreprises qu’il avait créées dans ce secteur, il été pendant plusieurs années directeur de l’Association marocaine de l’industrie  du textile et de l’habillement (Amith). Aujourd’hui, il est consultant pour l’Organisation des Nations Unies pour ledéveloppement industriel (Onudi) et s’occupe de sa PME.

Sportif accompli, il a été international de volley-ball

Abdelali Berrada est natif de la ville de Casablanca en 1947. Il est le troisième enfant d’une famille qui en compte dix. Son père est directeur d’école et sa mère femme au foyer. Il parle de son enfance et de son adolescence sans détours. Il a été un élève moyen, même s’il était à l’aise aussi bien en mathématiques qu’en philosophie. Mais il s’était entiché très tôt du volley-ball et cela n’a pas été juste une passion passagère puisqu’il va faire partie de l’équipe nationale après avoir joué pour le club Idéal. Après un bac Sciences économiques obtenu en 1968, c’est à l’Université Hassan II de Casablanca qu’il s’inscrit pour suivre des cours donnés par d’illustres professeurs comme Aziz Belal. Quand il obtient sa licence en 1971, il se fait recruter par la Société générale où la majorité des hauts cadres étaient encore des Français. Il ne se sent pas bien dans sa fonction de «fondé de pouvoirs» et va le montrer en refusant systématiquement de signer la feuille de présence, à telle enseigne que le président de la banque de l’époque le reçoit pour lui dire : «Faites preuve d’un peu de patience car, bientôt, vous allez prendre la relève».
Abdelali Berrada ne va pas attendre et après une année et demie passée au sein de la banque, il s’envole pour l’Hexagone pour continuer ses études à Paris Dauphine mais aussi à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) pour un DEA. Il ira également  pendant huit mois perfectionner son anglais à Brighton en Angleterre. Bref, il prend son temps et n’achève son cursus académique qu’en 1979. Il décide alors de rester en France quelques années pour y enseigner. Mais l’appel du pays se fait pressant. En 1982, il rentre et commence à donner des cours d’initiation à la gestion de l’entreprise ainsi qu’en théorie des organisations, à l’Iscae.
En 1983, à la suite de l’adoption du Code des investissements de l’époque, il comprend l’intérêt de foncer tout de suite dans le monde des affaires. Il est tellement pressé d’appliquer la théorie qu’il connaît sur le bout des doigts qu’au lieu de créer une entreprise il va racheter, avec un associé français, une boîte en difficulté du nom de MCM qu’il réussira à redresser. Il explique sa recette : «A l’époque, tout le monde faisait des pièces faciles comme le pantalon. J’ai choisi le blouson qui demandait plus de technicité mais avait plus de valeur ajoutée car j’ai tout de suite senti la demande. J’ai acheté du matériel d’occasion auprès d’entreprises européennes qui ont eu du mal à s’adapter aux changements du marché». Ensuite, il investit dans Degor’s et Force 3, deux autres entreprises de textile dont il a été le PDG.

Il fait de l’Amith un lobby puissant et crédible

En 1992, il reçut une demande de rachat d’un groupe français et n’a pas hésité à vendre à un prix qu’il garde secret. C’est à cette époque que l’Amith lui fit l’offre pour en être le directeur. D’abord, il hésita en avançant que l’association professionnelle était si mal logée (à l’époque, elle était installée à Derb Omar) que l’idée même d’y mettre les pieds lui était insupportable. On lui proposa de prendre en main l’opération du changement d’adresse et de la diversification des activités. Il entreprit alors la restructuration de l’association qu’il va diriger pendant plus de 11 ans (de 1993 à 2004). Il recrute du monde et crée les pôles «formation», «promotion» avec notamment le salon «Vetma», mais aussi deux autres cellules dédiées à «la mise à niveau» et aux «nouvelles technologies et communication». Il met également en place quatre antennes de l’Amith à Tanger, Rabat, Fès et Marrakech. Bref, progressivement, l’Amith devient un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics.
Après avoir quitté ses fonctions en 2004, Abdelali Berrada revient à ses premières amours et enseigne comme vacataire le commerce international à l’Esith. Mais il ne se contentera pas de cela. Il a été ensuite expert national et consultant pour le compte de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) dans le cadre du projet d’appui à la création des consortiums d’exportation et celui d’assistance à l’industrie du cuir de la ville de Fès. Mais l’homme d’affaires qui sommeille en lui se réveille de nouveau. Il saisit alors une autre opportunité qui s’appelle la logistique. Il crée, dès 2005, la société Lyncos qui organise, entre autres, le Salon international des métiers de transport et de la logistique (Logima), dont la prochaine édition se tiendra en mai 2011, et le salon «Marocuir».