Au Royaume
A vos dossiers…!
La mission n’était pas impossible. Difficile peut-être, mais pas impossible. Saad Eddine El Othmani l’a fait en un peu plus de deux semaines.

Le nouveau gouvernement El Othmani est donc là. Il se constitue de 26 ministres et 13 Secrétaires d’Etat. Deux premiers détails sont à relever. Avec 9 départements qui leur ont été confiés, les femmes y sont bien représentées, en tout cas bien plus que dans le précédent gouvernement. De même, 15 parmi les 39 personnalités sont de nouvelles figures qui vont s’essayer pour la première fois à cet exercice.
Le nombre de départements, qui donnera certainement lieu à des spéculations et commentaires comme d’habitude, n’est pas le plus important. Ce qui compte le plus c’est l’efficacité. L’histoire récente du Maroc n’a pas démontré l’existence d’une relation inversement proportionnelle entre le nombre de portefeuilles et la performance. Cette dernière est surtout la résultante de deux facteurs essentiellement. Le premier est le degré de cohérence de l’architecture choisie pour le gouvernement. Le summum de l’incohérence, et on en a vu quelques illustrations dans les précédents gouvernements, c’est quand des dossiers chauds, urgents, vitaux pour le pays et pour le citoyen se retrouvaient en déshérence, soit parce que aucun département ne veut y toucher en se cachant derrière son périmètre, soit parce que deux ou plusieurs départements s’en disputent la paternité en vertu de leurs prérogatives au point où, parfois, on en arrivait à des situations de blocage qui nécessitaient des arbitrages entre personnes.
Le deuxième facteur de la performance est relatif, lui, aux aptitudes et capacités individuelles des ministres d’aller à l’essentiel, d’être des femmes et hommes de terrain, de concrétiser rapidement, sans passer par la fâcheuse case études et diagnostics qui dure plusieurs mois, voire des années. C’est comme ça qu’on a vu parfois des ministres dévoiler des stratégies à la fin de leur mandat ! L’essentiel, donc, n’est pas tant le nombre mais la manière avec laquelle les ministres agiront et interagiront pour gérer au mieux et au plus vite les dossiers du pays. Et des dossiers il y en a. Malheureusement pour eux, et à cause de certains, les membres du gouvernement El Othmani ne disposeront pas d’un délai d’acclimatation suffisamment long comme c’était le cas auparavant. Six mois de retard ne leur laissent pas d’autre choix que d’entamer le travail au pied levé dans la foulée même des passations de pouvoirs si c’est possible. Les technostructures sont là heureusement. C’est sur elles que les nouveaux ministres devront s’appuyer, surtout pour ceux d’entre eux qui en sont à leur première expérience en la matière. Et si la cohérence et l’esprit d’équipe sont là, les nouveaux trouveront naturellement un appui auprès de quelques-uns de leurs collègues qui sont déjà rompus à l’exercice.
Pas de temps à perdre mesdames et messieurs, les dossiers vous attendent…
