Au Royaume
A qui profite le yoyo ?
La Bourse doit financer l’économie mais est-ce le cas ? Il y a trop peu d’introductions par augmentation de capital et des sociétés cotées qui préfèrent lancer des emprunts obligataires.
Leyoyo de la Bourse inquiète. Les investisseurs, et surtout les petits porteurs, redécouvrent les affres d’un gain amputé de moitié et des séances successives de baisse qui anéantissent même une bonne partie de leur capital. Question : ce qui se passe à la Bourse de Casablanca est-il logique, cohérent avec le fonctionnement d’un marché des actions en phase avec l’économie ? En 2006, le PIB duMaroc a crû de 8% au moment o๠l’indice boursier prenait 70%.
Jusqu’à il y a peu, la croissance du même indice au titre des 100 jours de l’année 2007 était de 30%, alors que le PIB du pays devrait prendre au plus 3%cette année.On pourrait expliquer cela par le fait que le nombre de sociétés cotées n’est pas suffisamment représentatif de l’économie du pays et que les cours représentent les fondamentaux desdites sociétés.Là encore, on déchante : les analystes estiment que lemarché est surévalué, le PER trop élevé. Pire, certaines valeurs prennent des 6% successifs, sans qu’aucune information nouvelle ne tombe sur les sociétés qu’elles représentent.En somme, on fabrique virtuellement de la hausse… comme on fabrique de la baisse. En réalité, dans ce jeu spéculatif, on ne le sait que trop bien, ce sont souvent les petits porteurs qui laissent des plumes.
Ils n’ont pas la capacité d’influer sur les cours et restent impuissants quand ils voient unmarché évoluer de -3%à +3%au cours d’une même séance. Les exemples sont nombreux, évidents, on ne peut s’empêcher de penser à unemanipulation des cours, au soutien de certaines valeurs jusqu’au moment voulu… Le marché marocain étant de petite taille, il suffit de 100MDHpour y créer le désordre. Bien sûr, une Bourse a besoin de la spéculation, c’est l’essencemême du marché des actions,mais quand on parle de hausse ou de baisse de 50%en quelques séances, sansmotif économique valable, cela devient une loterie. Ce qui s’est passé dernièrement inquiète, et pas seulement auMaroc.
A l’étranger aussi on observe et on se pose des questions.Le contrôle est-il efficace ? Nous ne sommes pas suffisamment armés pour répondre, et si le CDVMest le gendarme, il n’est pas le décideur. Enfin,une dernière remarque s’impose : la Bourse, nous dit-on, doit financer l’économie.
Est-ce le cas ? Trop peu d’introductions en Bourse se font par augmentation de capital, les actionnaires préférant céder des parts et s’enrichir.Demême, rares sont les sociétés cotées qui font appel aumarché des actions et se rabattent sur les emprunts obligataires. En attendant, prudence, l’accalmie n’est pas à l’horizon
