SUIVEZ-NOUS

Au Royaume

A chacun son rôle

Les pouvoirs publics doivent se limiter à  baliser le terrain dans le cadre
de la diplomatie économique et laisser
les entreprises, fussent-elles publiques, prendre leur décision à  l’aune
de la rentabilité.

Publié le


Mis à jour le

Attijariwafa bank vient de d’acquérir 76% du capital de la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (CBAO). Après avoir investi directement au Sénégal en créant ex nihilo un réseau et racheté l’ex-BST, elle renforce ainsi sa présence dans ce pays, sa tête de pont pour la conquête de l’Afrique subsaharienne. La banque a également un pied en Tunisie et postule pour entrer dans le tour de table d’une institution libyenne. Dans la même optique, de grands noms de la place comme BMCE Bank, Maroc Telecom et Ynna Holding ainsi que des entreprises du BTP tissent soigneusement leur toile sur le continent. Ces investissements répondent à une stratégie claire : profiter des opportunités de croissance à l’extérieur pour gagner de la valeur.

Le privé est en train de réussir là où l’Etat ne fait que déchanter. Quand on parle de l’Etat dans le contexte actuel, on fait bel et bien référence à Royal Air Maroc dont la coopération avec le Sénégal dans Air Sénégal International (Asi), citée en exemple il y a peu, est en train de tourner en eau de boudin. Cameroun, Gabon, Congo…, les autres approches de la compagnie nationale au sud du Sahara n’ont pour l’heure donné aucun résultat.

La raison est que, dans presque tous ces cas, les choix sont guidés pour une grande part par la volonté de renforcer les relations politiques. Mais, il faut bien le souligner, il y a une certaine antinomie entre les objectifs de coopération au niveau étatique et les préoccupations de rentabilité. Quand on veut renforcer des liens avec d’autres pays, les programmes de coopération dans des domaines d’intérêt général suffisent largement, surtout sur un continent où l’omniprésence de l’Etat fait qu’en matière de gestion des entreprises publiques les considérations politiques l’emportent très souvent sur la logique économique. Or, pour une entreprise qui travaille dans un secteur concurrentiel, le choix est vite fait…

Il ne s’agit guère de déterminer les responsabilités dans le conflit Ram-Sénégal. En soi, l’expérience marocaine dans ASI est profitable. Mais l’incompréhension qui a mené à la rupture risque de laisser des traces dans les relations entre les deux pays, malgré les discours d’apaisement de part et d’autre.

Raison pour laquelle les pouvoirs publics doivent se limiter à baliser le terrain dans le cadre de la diplomatie économique et laisser les entreprises, fussent-elles publiques, prendre leurs décisions à l’aune de la seule rentabilité, et en fonction de leur stratégie de développement. Tout problème se réglera dans un autre cadre. A chacun son rôle.