Au Royaume
8 partis, 89,4% des sièges !
Que représente un parti qui n’a ni député ni élu communal ? Quel est son objectif ultime ? Quelle est la justification de son action ?
Y a-t-il trop de partis politiques au Maroc ? Dans un pays où le multipartisme a été érigé en règle constitutionnelle, depuis l’indépendance, la question pourrait paraître comme incongrue. Universellement, on ne peut valablement prétendre être démocrate en limitant le nombre de formations politiques. Il est du droit de chaque citoyen qui a des idées à communiquer, des valeurs à défendre, de créer un parti.
On ne peut toutefois faire l’économie de certaines réflexions, issues des deux expériences électorales précédentes. En septembre 2007, 35 partis politiques ont présenté des candidats aux législatives. 22 d’entre eux seulement ont pu décrocher un siège et 85% des sièges ont été remportés par 10 formations seulement. Il y a une semaine, 34 formations politiques ont présenté 130 223 candidats aux élections communales pour les 27 795 sièges en jeu. Là encore, le constat est édifiant : 15 formations politiques ont obtenu moins de 1% des sièges chacune et, dans l’ensemble, 2,99% des sièges. Sur les 34 partis en lice, 8 ont remporté 89,4% des sièges. 26 partis se sont donc partagés les 10,6% de parts restantes.
Question : Que représente un député, un élu communal qui est isolé avec un siège au sein du Parlement ou d’une circonscription communale ? A-t-il les moyens de véhiculer les idées de son parti – si tant est qu’il en ait bien sûr- d’essayer au moins de peser sur le cours des choses ? Bien évidemment non. Il se bornera à jouer les béquilles de service au profit de telle ou telle alliance. La nature étant ce qu’elle est, il se peut qu’il offre son seul atout, une voix de plus, à l’agrégat qui a le plus à lui offrir : un avantage, un job pour lui ou pour un membre de sa famille, une position qui lui permettra de s’enrichir… Certes, les gens honnêtes existent mais les malhonnêtes également.
Autre question : Quel rôle un parti qui n’a ni député ni élu communal, ou si peu, pourra-t-il jouer auprès de la population qu’il est justement censé encadrer ? Il est des partis qui ont plus de 5 ans d’existence et qui ont échoué à tous les tests électoraux. Avec quels moyens vivent-ils ? L’utopie du militant cotisant a fait son temps. Il faut être fou, aventurier et, en tout cas, très courageux pour créer un parti qui n’a pas d’existence au sein des institutions et persister.
Revenons à la question de base, y a-t-il trop de partis au Maroc ? Certainement et ils gagneraient à se regrouper, cela tout le monde le dit. Quant à savoir comment… A propos, un certain PAM n’avait-il pas pour noble intention de rationaliser le champ politique ? Il n’a réussi jusque-là qu’à affaiblir les grands partis.