Au Royaume
5 fois Al Hoceima
Dans la foulée du dossier «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit», et en plus des sanctions dont ont écopé les responsables publics, le gouvernement a annoncé son intention de ne plus tolérer de tels manquements en suivant de près la réalisation des projets publics à travers l’ensemble du pays.
Tant mieux. Mais, alors, il y a déjà un gros chapitre tout prêt auquel il faudra absolument s’attaquer et d’urgence. Car si pour le cas d’Al Hoceima c’est un plan de 6 milliards de DH qui n’a pas été exécuté, les chiffres officiels de la TGR nous disent que les collectivités locales disposent aujourd’hui d’un trésor mirobolant de 33 milliards de DH, un cumul d’excédents de budgets publics initialement destinés à financer des projets de développement qui n’ont finalement pas été réalisés. Un excédent dégagé sur un budget d’investissement n’est pas synonyme de bonne gestion et d’économie. Au contraire, c’est un indicateur de mauvaise gestion, un signe de grande défaillance, voire de manquement. 33 milliards de DH non investis, c’est un scandale à l’échelle nationale qui fait 5 fois celui d’Al Hoceima. Au Parlement les élus n’arrêtent pas de dénoncer l’enclavement de leurs régions, l’absence de routes, le manque d’écoles et de centres de santé, le non-raccordement aux réseaux d’eau potable ou d’électricité… Mais en même temps, ces collectivités gardent sous la main 33 milliards DH qui, mathématiquement, suffisent très largement à subvenir à tous ces déficits. 33 milliards de DH, c’est 1,5 fois les programmes nationaux des routes rurales qui ont permis, entre 1995 et 2012, de réaliser 26 000 km de routes pour désenclaver les campagnes. 33 milliards de DH permettraient aussi de réaliser 1300 km d’autoroutes, soit autant que la longueur du réseau actuel. 33 milliards de DH permettraient surtout de construire 8 200 petits centres de santé, 250 hôpitaux provinciaux, entre autres exemples. Aujourd’hui, un des chantiers majeurs est celui du programme national de la lutte contre les disparités territoriales pour 50 milliards de DH. Les régions, dans leur nouvelle configuration, revendiquent, pour leur part, des ressources financières pour mener leurs plans de développement. Qui garantira que ces fonds ne subiront pas le même sort? Que prévoit le gouvernement pour que les projets programmés soient effectivement réalisés ? Et surtout, dernière question, que prévoit-on en cas de non-réalisation ? Si l’Etat met à la disposition des collectivités des fonds pour la réalisation des projets, cela doit faire l’objet de contrats. En toute logique, la non-réalisation des projets publics doit donner à des sanctions dont la moins sévère serait de retirer les fonds aux communes concernées et de les réallouer à celles qui sont les plus performantes. Bien entendu, dans la foulée, les populations concernées seront malheureusement et doublement lésées à cause de projets non réalisés et de fonds retirés.
Mais ce sera, là, l’occasion d’instaurer une vraie gouvernance partagée et concertée. Les citoyens-électeurs devront apprendre eux aussi à donner leurs voix à ceux qui le méritent, à des profils compétents…