Au Royaume
2 milliards… et 30 centimes
Fonds de solidarité trop faible, prix du carburant inchangé… on a l’impression que le gouvernement ne veut point trop choquer. Or c’est maintenant qu’il faut agir. Demain ce sera à la fois plus difficile et plus coûteux.

Que fait-on aujourd’hui avec 2 milliards de DH de recettes supplémentaires quand les dépenses du Budget général au titre de l’année 2012 atteignent 290 milliards de DH, quand on sait, avant même l’adoption de la Loi de finances, que les 46 milliards de DH prévus pour la compensation seront très largement dépassés et quand on se retrouve avec une masse salariale dans la fonction publique qui croît de près de 6% ? C’est la question que l’on pourrait poser au gouvernement à propos des recettes prévues au titre de ce fameux fonds de solidarité. 2 milliards de DH qui seront payés par une poignée d’entreprises dont le bénéfice dépasse les 200 MDH. Combien seront-elles à contribuer à cet effort de «solidarité» ? Pas plus d’une centaine, ce qui est à la fois injuste envers celles qui paient et insignifiant quand on met en place un mécanisme d’appel à la générosité du tissu économique. En somme, ce sont ces banques, assurances et télécoms visés par la mouture du précédent Exécutif qui passeront à la caisse, là où il aurait fallu que l’ensemble des entreprises participent en fonction de leurs moyens.
Sur un autre plan, et alors que l’on s’approche de la fin du premier trimestre déjà, le gouvernement sait bien que le niveau de subvention des carburants n’est plus tenable face à un prix du baril qui ne s’assagira pas de sitôt. Que fait-on ? Ou plutôt pourquoi ne fait-on pas ? Selon des sources ministérielles, l’on se dirige vers une hausse du prix du gasoil de 30 centimes, une libéralisation de celui du super et une décompensation du fioul industriel. Mais quand ? A-t-on besoin pour cela d’attendre la promulgation de la Loi de finances ? Non. Et puis combien d’économie à réaliser ? Quelque chose comme 3,5 milliards de DH d’économie par an, sur une facture qui dépassera les 50 milliards. Pas assez. Pourquoi seulement une hausse de 30 centimes sur le gasoil qui a mobilisé autour de 22 milliards de DH de compensation à lui seul en 2011 ?
Au final, et alors que la situation des finances publiques est assez inquiétante et que le Maroc vit complètement déconnecté d’une réalité des prix qui le rattrape, on dirait que le gouvernement nouvellement arrivé craint de choquer en étant trop audacieux. Or, il devrait au contraire profiter de sa stature de nouveau venu pour faire passer les mesures douloureuses mais vitales pour l’avenir. Dans un an, la situation ne sera pas meilleure et l’addition sera encore plus lourde. Il faut oser déplaire maintenant, il sera toujours temps de séduire pour les 4 années qui suivront.
