Au Royaume
12 000 ha d’agrumes en voie de disparition
Quelle relation peut-il y avoir entre l’irrigation au goutte-à-goutte et les élections ? A priori aucune, sauf quand ça se passe à Agadir, plus exactement dans la petite localité de Sebt El Guerdane.
Démonstration. En février 2002, un barrage, baptisé Mokhtar Soussi, a été mis en service spécialement pour irriguer au goutte-à-goutte les 12 000 hectares d’agrumes d’El Guerdane. Ces derniers, selon les études réalisées, avaient besoin de 50 millions de mètres cubes d’eau par an, alors que le barrage peut en contenir 62 millions. Mais comme le barrage est à plusieurs dizaines de kilomètres, il fallait, en plus, construire une digue pour transporter l’eau jusqu’aux vergers. C’est alors que les blocages commencèrent.
Après concertations, les agriculteurs et les pouvoirs publics décidèrent de déléguer à un opérateur privé la construction de la fameuse digue et la distribution de l’eau aux agriculteurs, moyennant un investissement de 470 MDH. Comme l’Etat ne pouvait pas tout financer, il fut décidé que les agriculteurs prendraient en charge 30% du montant. Depuis, le projet fut bloqué. D’abord parce que les agriculteurs eux-mêmes n’avaient pu réunir les fonds correspondant à leur quote-part, ensuite, parce que certains hommes politiques, dans la perspective de rendez-vous électoraux, auraient mené en bateau ces pauvres agriculteurs en leur promettant de les faire exempter de ladite quote-part. Résultat final : à aujourd’hui, les exploitants n’ont pas encore vu la couleur de leur digue. Entre-temps, 4 000 ha d’agrumes sont partis en fumée. Il a fallu que le fonds Hassan II prenne en charge ces 30% pour que la situation soit partiellement débloquée. Partiellement car l’Etat, n’ayant rien vu venir de la part des agriculteurs, n’avait pas encore lancé d’appel d’offres. Il faudra donc attendre encore des mois. Encore des hectares à perdre
