Argent
Wafasalaf ramasse les derniers titres Crédor avant la fusion
L’offre publique de retrait s’étale du 9 au 16 septembre.
Les minoritaires de Crédor sont traités sur le même rang que l’ancien actionnaire majoritaire.
En cas de non atteinte des 100 %
du capital à l’issue de l’OPR, Wafasalaf se portera acquéreur des actions Crédor jusqu’à la radiation du titre de la cote.

Depuis hier, jeudi 9 septembre, la période de souscription à l’offre publique de retrait (OPR) des titres Crédor est ouverte et elle se poursuivra jusqu’au 16 du mois courant. L’offre est initiée par Wafasalaf qui détient déjà 88,91 % du capital de Crédor et qui propose aux détenteurs des 11,09 % restants un prix de 285,42 dirhams par action. Les analystes n’hésitent pas à qualifier de favorable cette proposition puisqu’il s’agit du même niveau de prix que celui servi à la famille Bennani Smirès alors que l’acquisition portait sur le bloc de contrôle, le 5 mai dernier. Les minoritaires n’ont d’autre choix que de se retirer du capital de Crédor et la porte de sortie est jugée honorable dans ces conditions. Al Wataniya, qui détient 5 % des 11,09 % non encore détenus par Wafasalaf, s’est, semble-t-il, engagée à apporter ses titres à l’offre publique de retrait.
La recherche de synergies entre les deux entités passe par le choix des «best practices»
Les responsables de Wafasalaf ne cachent pas leurs intentions en lançant l’OPR. Crédor sera radiée de la cote et les deux entités fusionneront.
L’opération de croissance externe, telle que conçue par ses promoteurs, permet d’anticiper le développement du paysage du crédit à la consommation au Maroc. Un paysage qui a connu des mutations au cours des dernières années, avec une recherche constante d’une taille critique et une optimisation des méthodes de travail pour mieux gérer la nouvelle donne née de la baisse graduelle du TEG (taux effectif global) et du renforcement des règles prudentielles.
Certains opérateurs ont déjà entamé des rapprochements. C’est le cas notamment d’Eqdom, qui a absorbé Sogécrédit après son acquisition par le groupe Société Générale. Les mutations sont aussi visibles avec le désengagement de la BCM d’Attijari Cetelem et le renforcement de Cetelem dans le capital de BMCI Salaf.
Si la fusion légale entre Crédor et Wafasalaf n’aura lieu qu’à la fin de l’année, le rapprochement sur les plans financier, opérationnel et social est lancé. Le choix de l’identité du nouvel ensemble ainsi que les contours de sa future stratégie commerciale se fait en parallèle. Une étude de marché dans ce sens a d’ailleurs déjà été confiée à un cabinet spécialisé, font savoir les responsables de Wafasalaf.
Mais on sait que la nouvelle entité va s’appuyer sur les synergies qui existent entre les deux opérateurs, qui se traduiront par l’alignement sur les meilleurs pratiques de chacune d’entre elles. Ainsi, au niveau opérationnel, l’on s’attend à une amélioration de la productivité et à une extension du système de recouvrement téléphonique de Crédor.
Quant au réseau de distribution, on prévoit une rationalisation des implantations au niveau national et un élargissement de la gamme des partenaires. Le volet commercial devra par ailleurs connaître une plus grande efficacité en matière de gestion du risque (scoring, recouvrement…), ce qui devrait conduire à une baisse des coûts et à de meilleurs résultats.
30 % sur les encours pour le nouveau leader
La gamme des produits commercialisés par le nouvel ensemble devra naturellement être plus riche et profonde, vu l’expérience des concernés. Et les positions sur la gamme déjà existante (prêt personnel, location avec option d’achat, crédit à l’équipement, crédit revolving et crédit automobile) seront consolidées.
Au niveau financier, les deux entités, qui interviennent régulièrement sur les marchés de capitaux à travers des émissions de bons de sociétés de financement (BSF) ou d’obligations, devront optimiser leurs sorties. L’élargissement de la surface financière de la nouvelle entité, indiquent les dirigeants de Wafasalaf, devra assurer un meilleur rating auprès des investisseurs ; ce qui se répercutera favorablement sur les coûts de refinancement.
Il est certain que l’appartenance au premier groupe bancaire marocain, Attijariwafa Bank, donnera des ailes au futur ensemble qui caracole déjà en tête du classement des opérateurs de son secteur. Avec une part de marché de 30 % en termes d’encours, une production de plus de 3 milliards de dirhams à fin 2003, un encours brut consolidé de plus de 6 milliards et des fonds propres consolidés de plus de 600 millions de dirhams, la position de leader ne peut lui être contestée.
L’OPR, qui s’est ouverte cette semaine, vient donc finaliser ce processus qui devrait rendre possible la fusion légale. Elle se fait sous la houlette d’Attijari Finance Corp., la banque d’affaires affiliée à Attijariwafa Bank et qui a accompagné sa maison-mère pour l’achat et l’échange des titres Wafabank. Un accompagnement qualifié d’exemplaire et qui n’a pas fait de mécontents parmi les minoritaires. L’objectif de l’OPR sur les titres Crédor est identique. C’est d’ailleurs pour cette raison que Wafasalaf offre le même prix (285,42 DH) que celui servi à la famille Bennani Smirès et à la société Holinco. Les méthodes de valorisation retenues (voir graphique) aboutissent à un prix moyen de 260,69 dirhams ; ce qui ramène la prime accordée à 9,5 % par rapport au niveau payé pour avoir un bloc decontrôle
Si la fusion légale entre Crédor et Wafasalaf n’aura lieu qu’à la fin de l’année, le rapprochement sur les plans financier et opérationnel est lancé. Le choix de l’identité du nouvel ensemble, ainsi que les contours de sa future stratégie commerciale, se fait en parallèle. Une étude de marché dans ce sens a d’ailleurs déjà été confiée à un cabinet spécialisé.
150 000 actions Crédor sont détenues à travers le marché boursier. Wafasalaf en propose 285,42 DH par titre.
