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Voitures neuves : Acheter au Maroc ou importer de l’étranger ?
La différence de prix peut atteindre 50 000 DH pour le même modèle de la même gamme, sachant que les véhicules à destination de l’Afrique ont des caractéristiques moins intéressantes. Mais s’adresser à un importateur est plus avantageux que de réaliser cette opération soi-même.

Par défaut, le Marocain se dirige instinctivement vers un concessionnaire de voitures lors de l’achat d’un véhicule neuf, quelquefois vers un revendeur. Cette option, la plus évidente, prend la place d’une autre, plus compliquée certes, mais plus intéressante. Il s’agit de l’importation de voitures neuves de l’étranger. Il est à souligner d’abord que du côté de la réglementation, bien que certains concessionnaires disposent d’une carte d’exclusivité de la commercialisation de telle ou telle marque, rien dans la réglementation n’empêche un particulier d’importer sa propre voiture de l’étranger, encore moins, n’oblige l’Administration des douanes à saisir le bien. Sauf que s’adresser à un importateur auto simplifie la tâche, puisqu’il s’occupe de toutes les démarches administratives et financières et se charge aussi de la livraison jusqu’au domicile.
Il est vrai que cette alternative est plus complexe, compte tenu des différents droits et taxes à payer et des tracas de dédouanement, de paiement, de déclarations à achever. Il n’en demeure pas moins qu’elle reste plus avantageuse. En effet, certains garagistes importateurs expliquent qu’un même modèle de voiture de la même gamme peut avoir des différences notables au niveau des caractéristiques, en termes de finition, d’options, de peinture…, entre l’existant dans les maisons de concession officielles et dans celles des pays étrangers. S’il y a un autre avantage à évoquer, c’est bien le prix. «L’on retrouve des prix plus séduisants auprès des importateurs plutôt que chez les concessionnaires», affirme l’un d’eux. Même si le client aura à débourser le même prix ou un peu plus, il aura gagné au change, puisqu’il devra posséder un véhicule «de dernière finition, au prix de l’entrée de gamme au Maroc», ironise notre source. D’où le recours de certains vers cette option.
D’ailleurs, comme l’attestent les statistiques de l’Administration des douanes, le nombre de voitures neuves de tourisme mises en circulation en 2021 a progressé de 44% par rapport à 2020 (+ 39 509), à 129 423 unités. Ce qui équivaut à une valeur de 21,5 milliards de DH, en hausse de 56%. Le montant des droits et taxes perçus, lui, se chiffre à 5,3 milliards de DH, augmentant ainsi de 68%.
Une gamme inexistante au Maroc
Selon les quelques importateurs contactés à Rabat et Casablanca, les voitures importées, avec les mêmes options, peuvent coûter 30 000 à 50 000 DH de moins en arrivant de l’étranger par rapport au prix affiché au Maroc. Sauf que «ce n’est pas ce type de voitures qui intéresse généralement le client. Ce dernier cherche la particularité et surtout des options supplémentaires», ajoute l’un d’eux.
En revanche, sa valeur augmente en intégrant quelques options qui n’existent pas dans les véhicules de construction européenne à destination de l’Afrique. Ce sont les voitures de luxe qui sont le plus concernées. «La clientèle de cette gamme est plus regardante sur les options que sur le prix». Une Porsche de 800 000 DH peut être revendue à plus d’un million de DH, pour peu qu’elle intègre des options, jamais comprises dans une voiture de cette gamme vendue au Maroc. De plus, l’importateur ou encore la personne physique peut importer des voitures dont la gamme n’existe pas au niveau national. Notre source donne comme exemple la Bentley hybride ou de la Porsche Cayenne S qui n’ont fait leur entrée au Royaume que récemment, alors qu’elles étaient commercialisées auprès des importateurs bien avant.
Taxe de luxe
Comme mentionné, différents droits et taxes sont à débourser avant de pouvoir faire entrer une voiture neuve sur le territoire marocain. D’abord, la douane calcule la base taxable en fonction de l’âge de la voiture. Si elle est d’une durée de moins de 90 jours, la valeur imposable correspond à sa valeur réelle. Sur cette base, sont calculés les droits de douane, au cas où le véhicule dépasse 3 mois, de 17,5%, une TVA de 20% et une taxe parafiscale de 0,25%. Il ne faut pas oublier la taxe de luxe, ou droit de timbre proportionnel, s’il s’agit d’une voiture dépassant 400 000 DH. Pour rappel, elle est de 5% pour les véhicules dont la valeur est comprise entre
400 000 à 600 000 DH. Ce taux passe à 10% pour les véhicules de
600 001 à 800 000 DH, à 15% pour les voitures de 800 001 DH à 1MDH. Enfin, cette taxe est de 20% pour les véhicules à plus de 1MDH.
De toute évidence, lorsque les véhicules à l’état neuf importés sont originaires de pays avec lesquels le Maroc a conclu des accords de libre-échange, ces produits peuvent bénéficier de l’exonération du droit d’importation, sous réserve de respecter les conditions de l’origine prévues par ces accords dont notamment la règle du transport direct et la production d’une preuve de l’origine conventionnelle (Certificats EUR.1 ou EUR-MED…) à l’exception de l’accord conclu avec les Etats-Unis d’Amérique où aucune preuve de l’origine n’est exigée. Cela dit, les autres droits et taxes restent exigibles.
A ces frais s’ajoute le coût du transport, incluant aussi bien le chargement et le convoyage routier du pays d’origine vers le port (souvent Algésiras), le transport maritime vers le Maroc, ainsi que les frais du transitaire. Cela pourrait coûter la bagatelle de 30 000 DH au bas mot. Il est à noter que les professionnels de ce secteur restent opaques quant à la communication de leur coût de revient et sa répartition entre différentes rubriques ; concurrence oblige ou crainte d’avoir le fisc sur le dos, on n’en saura pas plus ! Mais dans tous les cas, il est plus intéressant de s’adresser à un importateur plutôt que de réaliser toutes les démarches soi-même. Non seulement c’est lui qui se charge de toutes les procédures, mais, aussi, il a généralement un pouvoir de négociation, puisqu’il peut s’approvisionner auprès de revendeurs ou mandataires étrangers, qui, eux-mêmes, appliquent des rabais sur le tarif constructeur. D’autant que le coût de revient relatif au transport est réparti sur plusieurs véhicules importés. Ce qui minimise l’impact par unité.
Aussi intéressante qu’elle puisse paraître, l’option d’importer soi-même ou de passer par un importateur peut engendrer quelques problèmes, parmi lesquels figure la réparation. Si certains importateurs se chargent eux-mêmes des réparations en cas de panne ou d’accident en renvoyant au pays d’origine la voiture concernée, d’autres se limitent juste à la livraison du véhicule en question au client. Dans ce cas, il n’a plus de possibilité que s’adresser au concessionnaire officiel qui pourrait éventuellement s’en occuper. La question de la garantie se pose également par les clients. En fait, nos sources assurent qu’elle est délivrée de facto, sans aucune contrainte, dès l’acquisition de la voiture du concessionnaire.
Un tourbillon de procédures à accomplir
Il est important de savoir qu’une personne physique, souhaitant importer une voiture de l’étranger doit obtenir, au préalable, un visa pour l’opération auprès du département du Commerce extérieur. Ce document est un engagement d’importation, souscrit par tout importateur qui est domicilié auprès d’une banque. Après paiement par anticipation de tout ou une partie du véhicule, vient l’étape de dédouanement. Il doit être couvert par une déclaration en douane (DUM) à souscrire par l’importateur ou son mandataire (transitaire agréé en douane) en respectant la réglementation de change.
Cette déclaration doit être appuyée par d’autres documents, à savoir le certificat d’immatriculation du véhicule libellé au nom de l’importateur et/ou facture d’achat originale, une pièce d’identité et le certificat d’origine pour bénéficier des avantages tarifaires prévus dans le cadre des accords. Suite au règlement des droits et taxes exigibles, une quittance et un certificat de dédouanement seront remis à l’intéressé pour les besoins d’immatriculation du véhicule auprès des services compétents relevant du département du Transport.
Il est à noter que l’Administration des douanes entend par véhicules neufs, sans considération du kilométrage, ceux n’ayant pas reçu l’autorisation de première mise en circulation et n’ayant pas été immatriculés, ou ayant, dans le pays d’origine ou de provenance, reçu l’autorisation de première mise en circulation, datée de 90 jours ou moins, même immatriculés.
