SUIVEZ-NOUS

Argent

Voitures de collection : Quand passion rime avec placement

Autrefois réservée à une catégorie de collectionneurs, la passion pour les voitures de collection s’est aujourd’hui étendue aux jeunes cadres. Après restauration, un véhicule ancien peut générer une plus-value variant entre 20 et 25%. Reportage.

Publié le


Mis à jour le

Les voitures de collection ont un attrait indéniable, suscitent l’admiration et ne passent pas inaperçues. Le passage d’un véhicule ancien ne manque pas de provoquer l’émerveillement ou des questions sur son prix, son propriétaire actuel ou initial, ainsi que sur sa date de mise en circulation. Il fut un temps où posséder une voiture ancienne était l’apanage d’une élite, de personnes fortunées ou d’un certain âge, cherchant à s’offrir quelque chose d’exclusif… ou de tape-à-l’œil. Mais les choses ont évolué avec le temps. Les voitures de collection intéressent maintenant tout le monde, sans distinction de profil, y compris les plus jeunes. Rédouane Khallaf, restaurateur de voitures anciennes, remarque que les jeunes cadres, âgés de 25 à 35 ans, trouvent dans les collections de voitures une véritable passion, appréciant leur côté fashion. Ils veulent se faire plaisir et n’acquièrent pas forcément des voitures pour gagner de l’argent. En réalité, il ne s’agit pas de collectionneurs à proprement parler, mais plutôt d’acheteurs occasionnels, qui gardent le modèle acheté jusqu’à ce qu’une autre opportunité apparaisse. Et c’est justement ce qui fait la dynamique du marché. Les voitures sont plus nombreuses et plus disponibles qu’avant.
Attention, il convient de noter que toutes les voitures anciennes ne peuvent pas être considérées comme des voitures de collection. Des critères stricts sont définis, notamment lors de l’importation. Rafik Lahlou, vice-président de la Fédération marocaine des véhicules anciens (FMVA), explique : «Un véhicule ne peut être considéré comme historique que s’il a marqué l’Histoire, s’il a appartenu à une personnalité de renommée mondiale, s’il a participé à des événements, s’il a été utilisé dans un film, ou s’il est rare en raison du nombre limité de modèles mis sur le marché».

La première Mercedes, achetée par un Sultan
Il convient de souligner que le Maroc possède une histoire riche dans le domaine des véhicules de collection, comme l’explique Luca Di Grazia, expert-évaluateur professionnel de véhicules au sein de la Fédération royale marocaine des véhicules
anciens (FRMVE), organisation reconnue sur la scène internationale et membre de la FIVA (Fédération internationale des véhicules anciens): «Le Sultan Hassan Ier a acquis la première Mercedes jamais produite, ou plutôt une Daimler, qui a ensuite donné naissance à Mercedes, en 1892. Cela en fait le premier Chef d’État au monde à posséder une voiture, ainsi que le premier conducteur marocain. Toute la famille royale a ensuite été cliente de la marque allemande jusqu’à ce jour».
Par ailleurs, comme l’indique Rédouane Khallaf, les collectionneurs marocains et les passionnés ont une prédilection pour les voitures allemandes, avec la Mercedes en tête de liste, ainsi que pour les voitures américaines, telles que la Ford Mustang, la Chevrolet Camaro ou encore les vieilles voitures françaises, notamment les youngtimers comme la Peugeot 205 GTI des années 1980. Rafik Lahlou ajoute que les voitures anglaises font également partie des préférences des Marocains, comme les MG Triumph, la Mini Austin ou encore les Jaguar. C’est un fait, il est possible de gagner de l’argent avec les voitures de collection. En effet, l’achat, la restauration et la revente de telles voitures peuvent générer des plus-values importantes, supérieures à celles de tout autre placement financier. Par exemple, une Renault 4 peut être achetée pour un prix compris entre 5.000 et 15.000 DH, restaurée pour environ 35.000 DH en moyenne, puis revendue pour environ 70.000 DH, ce qui représente une rentabilité de 20.000 à 30.000 DH. De même, une Mercedes modèle 280 SE des années 70, considérée comme voiture présidentielle, a nécessité environ 50.000 DH de travaux effectués par un professionnel du marché et a été revendue à 135.000 DH, alors qu’elle avait été initialement acquise pour 50.000 DH.
Même topo pour une Land Rover qui a généré une marge de 40.000 DH, à l’une de nos sources, pour un investissement de 50.000 DH et après déduction du coût d’acquisition de 70.000 DH. Autant dire que les marges sont confortables.
Il existe de nombreux exemples pour illustrer ce constat, et il n’y a aucune limite de prix. En effet, plus les modèles sont historiquement marquants, plus leur valeur augmente. Par exemple, la Volkswagen Combi, qui est devenue célèbre en tant que Van des hippies à partir des années 1940, a été vendue à 200.000 DH. Après une restauration coûtant 90.000 DH et un investissement initial similaire, le véhicule a généré une marge bénéficiaire de 22%.

Refaire à l’identique est plus valorisant
Si l’on doit considérer un élément important dans cet investissement-plaisir, c’est bien la restauration et son coût. Certains véhicules ne nécessitent, par exemple, que la réparation de la carrosserie, du système de freinage et de la peinture, tandis que d’autres exigent un démontage complet, allant de la mécanique au moteur, en passant par le châssis, le système électrique et le câblage, sans oublier la garniture, les sièges et la moquette. Dans tous les cas, il est crucial de restaurer le véhicule à l’identique, tout en conservant l’esthétique et le design de l’époque. Le temps nécessaire pour restaurer une voiture de collection varie de 3 mois à un an, en fonction de l’ampleur des travaux à réaliser. Mais comment évalue-t-on le prix d’une voiture de collection, que ce soit à l’achat ou à la revente ? En réalité, la transaction répond à la loi de l’offre et de la demande, comme tout autre marché. «Cependant, plus la voiture se rapproche de son état initial au moment de sa livraison à son premier propriétaire, plus son prix est élevé», souligne Di Grazia.
Le nombre exact de voitures de collection présentes au Maroc reste inconnu, mais selon les professionnels du secteur, il y en aurait plus de 400. L’engouement pour ces véhicules est en constante augmentation dans le pays, comme en témoignent les nombreux événements organisés, tels que le rallye Dakhla-Guergarat ou le rallye Maroc Classic. De plus, un musée privé consacré aux voitures anciennes ouvrira ses portes à Bouskoura en juin prochain. La collection comprendra des véhicules datant à partir des années 1920.

2,5% de dédouanement en cas d’importation

Les voitures de collection présentes au Maroc peuvent être achetées localement ou importées, principalement des États-Unis, de la France, de l’Italie, de l’Angleterre et de Chine. Pour importer de tels véhicules, il est nécessaire de disposer préalablement d’un garage agréé. Cependant, les Marocains résidant à l’étranger (MRE), en tant que particuliers, peuvent importer des voitures anciennes. Un véhicule est considéré comme historique aux yeux de l’Administration marocaine lorsqu’il a plus de 60 ans et répond aux critères mentionnés précédemment. Les droits de douane pour l’importation d’une voiture historique s’élèvent à 2,5% de sa valeur, au lieu de 17,5% pour une voiture plus récente, en plus de la TVA
de 20%.
Avant d’importer une voiture de collection, il est essentiel de consulter la Fédération marocaine des véhicules anciens pour déterminer si la voiture est considérée comme historique ou non. La fédération délivre une attestation prouvant que le véhicule est un objet de collection.