Argent
Une finance durable pour un monde plus responsable
• La crise sanitaire a complexifié l’équation entre économie et écologie.
• L’industrie financière doit impérativement intégrer la durabilité dans son couple risque/rendement.

La crise sanitaire qui s’abat sur le monde depuis déjà sept mois est indéniablement un choc inédit qui affecte toutes les populations, bouleversant tous les aspects de leur vie.
Le confinement, la fermeture des frontières et les mises à l’arrêt volontaires d’un grand nombre d’activités, ont plongé la majorité des économies mondiales dans une profonde récession de manière disproportionnée.
A l’heure actuelle, les gouvernements s’engagent dans de massifs plans de relance, mobilisant le maximum de ressources dans les secteurs public et privé afin de soutenir l’activité économique, protéger les entreprises et préserver les revenus des personnes.
Face aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux, le temps n’est définitivement plus aux atermoiements. Le bouleversement systémique provoqué par la pandémie révèle la nécessité de refonder une économie plus égalitaire, reposant sur un système financier durable.
C’est autour de cette problématique que les intervenants du webinaire, organisé cette semaine par l’Institut CDG et CDG Capital, ont lancé le débat : La finance verte, un levier pour relancer la croissance économique ?
Les participants à ce débat sont unanimes. Dans le contexte actuel, la finance durable devient un levier important pour relancer et transformer les économies.
«L’argent n’a pas d’odeur mais la finance a une couleur. Celle-ci doit désormais être consciente de son rôle et de l’impact qu’elle peut avoir dans la société», affirme Hamid Tawfiki, directeur général de CDG Capital qui a exposé, dans une interview exclusive (disponible sur www.lavieeco.com), sa vision sur la relance verte, ainsi que les défis que le Maroc doit relever pour une reprise économique responsable et durable.
Il n’est donc plus question de se contenter d’un rôle de simple intervenant et faire fi de l’origine des fonds qui la nourrissent. «Toute la finance doit devenir durable. L’on doit passer d’une industrie financière concentrée sur le couple Risque/Rendement à une combinaison Risque/Rendement/Durabilité», atteste Bertrand Badre, PDG de Blue Like an Orange Sustainable Capital. Ceci n’est pas une concession, c’est même une aubaine (vérifiée) dans ce contexte de crise actuelle. En effet, la finance verte a été salvatrice pour beaucoup d’investisseurs, constituant pour eux une belle alternative de placement, au vu de la baisse des rendements des placements financiers classiques (Cf encadré).
La résilience avant la performance…
Les économies devront ainsi accroître leurs capacités de résilience, d’investir dans les secteurs d’avenir et d’accélérer la transition énergétique. Parallèlement, des incitations et des normes “vertes” doivent être imposées aux porteurs de projets pour créer la demande en capital vert. Les participants affirment, par ailleurs, que la vision globale du chemin de transformation vers une économie décarbonée reste encore à parfaire, à compléter et à débattre. La finance verte devient un levier important pour relancer et transformer les économies. Mais cette transformation nécessite des capitaux colossaux. Les investissements des investisseurs institutionnels, ainsi que l’épargne des ménages doivent être orientés vers des actifs plus verts.
Pour ce faire, les Etats doivent prendre en compte dans leur plan de relance trois éléments importants, à savoir la réorientation des flux de capitaux vers une économie plus durable. Une intégration systématique des sujets de durabilité dans la gestion des risques financiers. Et une favorisation de la transparence et d’une vision long-termiste au sein du secteur financier.
Le chemin du verdissement de la finance est long et loin d’être simple. Mais il devient impératif pour toutes les économies mondiales de renoncer au seul critère de performance court-termiste pour intégrer celui de l’impact sur la planète.
