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Argent

Un premier trimestre faste pour le marché boursier

Le Masi a évolué de 39,05% et
le Madex de 41,80% au
10 avril 2006.
Des volumes record et une capitalisation qui gagne 100 milliards de dirhams.
Energie, banques, BTP et télécoms y ont contribué.
Les analystes sont optimistes pour le reste de l’année.

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En un trimestre seulement, les deux baromètres de la place ont fait mieux que durant l’année 2005 tout entière. Ainsi, au 10 avril 2006, le Masi, indice reflétant l’évolution de l’ensemble des valeurs cotées, avait atteint 7 702 points, soit une hausse de 39,05% depuis le 1er janvier. Celui des valeurs les plus liquides, Madex, a dépassé les 6180 points, avec une évolution annuelle de 41,80%. La capitalisation boursière s’est trouvée de ce fait bonifiée de plus de 100 milliards de dirhams, pour s’établir à près de 357 milliards, et le volume des transactions a explosé à près de 37 milliards, représentant la moitié du volume enregistré en 2005.

Bulle spéculative ? Il est naturellement inquiétant de voir la performance de la Bourse casablancaise atteindre ces niveaux en si peu de temps. Les analystes de la place tablaient certes sur une évolution équivalente, mais étalée sur toute l’année et non pas expédiée en un seul trimestre. Ce qui amène à penser que si le trend haussier se maintient, il sera forcément accompagné par des corrections techniques.
Les analystes que La Vie éco a contactés sont, eux, moins pessimistes : si les investisseurs traitent de plus en plus sur le marché boursier, ce n’est pas à des fins de spéculation mais parce qu’ils croient en son potentiel de croissance et de rendement.

Il est vrai qu’au début de l’année, les rumeurs sur l’arrivée massive d’investisseurs étrangers (arabes et occidentaux) et le risque de voir le marché pâtir de leur éventuel retrait incitaient à la prudence. Mais, selon les sociétés de Bourse, l’embellie actuelle est bel et bien due aux épargnants et institutionnels locaux qui jugeraient le marché attrayant. Les échos sur des résultats satisfaisants des sociétés cotées au titre de l’année 2005 ont d’ailleurs fait réagir le marché bien avant la publication desdits résultats. Les annonces sont alors venues confirmer les anticipations, voire les dépasser pour quelques sociétés de la cote.
Enfin, autre facteur d’attrait, le niveau très honorable de dividendes annoncés. A titre d’exemple, Maroc Telecom, qui représente près du tiers de la capitalisation de la place, compte servir près de 11 dirhams par action, pour un cours à fin mars 2006 de 135 dirhams, soit un rendement de plus de 8%.

Les valeurs énergétiques en tête du classement…

L’engouement sur le marché a concerné ainsi presque toutes les valeurs. Sur les 54 sociétés de la cote, seulement huit ont vu les cours de leurs actions baisser. Mais vu leurs faibles liquidité et poids dans la capitalisation, l’effet a été presque nul sur la performance globale. Il s’agit principalement de Papelera de Tétuan, dont le cours a enregistré la plus forte baisse,à -10,30%. La société subit de plein fouet les effets de la concurrence internationale et de lourdes charges d’intérêt pèsent sur ses résultats. Elle a été suivie par CTM, l’unique société du secteur coté qui a affiché une performance négative. Son cours a en effet chuté de 7,5%, suite à la flambée des prix du carburant, qui a fortement impacté son résultat d’exploitation, vu que la société a maintenu ses prix de vente inchangés.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les représentants du secteur de l’énergie et des mines ont, quant à eux, profité de cette flambée des cours. Leur indice a réalisé ainsi la meilleure performance sectorielle (+65,39), porté par la Samir essentiellement, dont le cours a progressé de 67,6% durant ce trimestre. Afriquia Gaz a également connu une variation importante de +43,3%. SMI n’est pas en reste : la société a profité de la hausse des cours de l’argent métal, pour voir le cours de son action évoluer de 57,2%.

…suivies par les banques…

Le secteur qui vient en deuxième position est celui des banques. Les six institutions bancaires cotées ont, en moyenne, réalisé une progression de 42,11%. Elles ont dans leur globalité vu les cours de leurs actions évoluer positivement, malgré le fait que l’une d’entre elles ait dégagé des résultats négatifs. Il s’agit du CIH, qui a alimenté l’actualité financière du premier trimestre. En finalisant son opération acordéon, menée par la CDG (Caisse de dépôt et de gestion), et en achevant son plan de restructuration et d’assainissement, il est entré désormais dans une nouvelle aire de développement, surtout avec l’entrée dans son capital de la CNCE francaise. Ces perspectives de croissance sur le moyen terme ont bien été intégrées par le marché, pour renchérir le cours de la banque depuis le début de l’année.

Les autres banques se sont très bien portées, tant au niveau de leurs cours qu’au niveau de leurs résultats. La BMCE continue d’être la valeur bancaire la plus traitée sur le marché, avec un volume de transactions de 3,5 milliards de dirhams, et un cours qui a évolué de près de 35%. Le champion national a fait mieux, avec un cours en hausse de 48,5%. Attijariwafa bank vient en effet de clore un premier exercice plein après la fusion. L’intégration des deux ex-banques s’est bien passée, et la nouvelle entité affiche des indicateurs solides, tel son résultat net qui ressort à 1,7 milliard de dirhams, en hausse de 700%.

Pour la BMCI, le Crédit du Maroc et la BCP, la progression est également à saluer. Avec des cours qui ont évolué respectivement de +58,6%, 27,65% et 52,94%, leur bon comportement au niveau opérationnel se confirme, avec toutefois des éléments exceptionnels qui sont venus doper les résultats de certaines d’entre elles.

…et les valeurs de la construction

Au troisième rang des performances, le secteur «bâtiment et matériaux de construction», dont l’indice a crû de près de 40%, grâce essentiellement à Holcim Maroc, Sonasid et Lafarge Ciments. Ces valeurs, qui ont été les plus actives du secteur coté, ont connu des hausses respectives de 47,33%, 43,78% et 36,09%. Les deux cimentiers continuent de tirer profit du boom de l’immobilier. Quant à la Sonasid, en plus de ses bons résultats, elle s’inscrit dans un futur prometteur suite à son accord avec Arcelor. Enfin, Ciment du Maroc et Aluminium du Maroc ne sont pas en reste. Leurs cours se sont également hissés de près de 30% chacune.

Passons maintenant aux télécoms. Le secteur a certes évolué de 34,97%, moins que les services aux collectivités (36,76%) et les sociétés de financement (36,29%), mais son unique représentant, Maroc Telecom, pesant lourdement dans la capitalisation boursière, il est donc très influent sur le marché. Le cours de l’opérateur historique n’a cessé de croître depuis son introduction en Bourse. Il a plus que doublé, et cela reflète bien la bonne santé de la société, avec des indicateurs d’activité et de résultat en continuelle progression.

Le groupe Ona, qui se classe troisième en terme de volume de transactions après Maroc Telecom et la BMCE, a réalisé une performance respectable, mais moins importante que certaines autres grosses capitalisations. Son cours n’a évolué en effet que de 19,55%, environ la même progression enregistrée par l’indice des sociétés de portefeuille et holdings.

Le trend haussier devrait se maintenir

Pour le reste de l’année, et maintenant que les résultats des sociétés cotées ont alimenté le marché d’information, quelle sera la tendance des cours des différentes sociétés ? Dans l’ensemble, et selon les estimations des analystes de la place, le marché devrait terminer l’année sur une note très positive, mais qui ne doit pas beaucoup se décaler des fondamentaux du marché, au risque d’un retournement de situation.

Mais au-delà des indicateurs économiques et financiers des sociétés cotées, le marché boursier a des règles qui répondent à une autre logique. Selon les commentaires d’un analyste, quand le marché prend avec une telle allure, les investisseurs ont plutôt tendance à se positionner sur les grosses capitalisations, qui sont plus liquides que les autres, afin d’assurer leur sortie en cas de chute. Ce comportement renchérit certaines actions, et hisse parfois leurs cours loin au-dessus de leurs valeurs théoriques.