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Tout savoir sur l’entrée en Bourse de la BCP

20% du capital à la vente : vous avez cinq jours, à partir du 21 juin pour souscrire.
Proposées avec une décote de 15% par rapport à la valorisation, les actions pourraient voir leur cours augmenter substantiellement.
La date de jouissance retenue est le 1er janvier 2004 : six mois de dividendes gagnés.
La plupart des titres seront cédés aux particuliers.

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L’agence de communication choisie pour l’introduction en Bourse de la BCP ne pouvait pas laisser passer une si belle occasion de ciseler des slogans vantant les mérites du cheval, symbole historique du Groupe Banques Populaires. «Investissez dans la valeur étalon», «La BCP, une banque 100 “pur-sang” gagnante», les formules ne sont pas pour autant fantaisistes eu égard aux conditions de l’Offre publique de vente de 20 % du capital du fleuron du groupe CPM (Crédit populaire du Maroc).
L’annonce de l’opération a été faite en grande pompe en début de semaine et a attiré un parterre prestigieux de banquiers d’affaires, chefs d’entreprises, journalistes et représentants des différents ministères et organismes étatiques.

Retour de l’Etat sur le marché boursier après 7 ans !
Il faut dire que l’événement, qui se déroule sous la houlette d’Upline Securities, est rarissime. Cela fait plus de sept ans que l’Etat n’a pas sollicité le marché boursier pour une opération de privatisation, quoique Noureddine Omary, le président de la BCP, préfère, lui, parler d’ouverture de capital puisque sa banque a déjà été privatisée en février 2002, au profit des Banques populaires régionales.
C’est donc un nouveau souffle que tout le monde attendait avec impatience et qui vient aujourd’hui embellir les perspectives du marché casablancais. Les multiples reports et le fâcheux litige fiscal avaient même laissé le champ libre aux mauvaises langues qui ne croyaient pas qu’une telle opération puisse se réaliser un jour.
Le nouveau souffle se traduit par l’injection de papier frais tant plébiscité par le marché : plus d’un million de titres (20% du capital) devant drainer 770,75 millions de dirhams de souscription et permettant la cotation d’une entreprise dont la valeur totale représente pas moins de 4 % de la capitalisation boursière actuelle.
Fait inhabituel -et heureux- pour les petits porteurs, le montage retenu favorise l’élargissement de la base d’actionnaires au détriment de l’arrivé des institutionnels. Quatre tranches sont en effet prévues et seul le 1/5 du capital à céder est réservé aux «zinzins» (investisseurs institutionnels). Le reste est réparti entre personnes physiques, le personnel et les sociétaires, un terme qui désigne 438 000 clients actionnaires des Banques populaires régionales et à qui on a fait une fleur en termes de prix.
La BCP ouvre son capital du 21 au 25 juin. La période semble courte pour boucler l’opération mais ses promoteurs sont très confiants et estiment pouvoir tout placer lors des premiers jours de l’OPV. La demande sera certainement très forte. Et pour cause, tous les analystes s’accordent à qualifier d’attrayantes les conditions de l’OPV qui se fera à un prix public de 680 dirhams par action, obtenu après application d’une décote de 15 % par rapport à une valorisation moyenne. Laquelle se base sur plusieurs méthodes jugées pertinentes par tous les analystes contactés. Des méthodes qui valorisaient la BCP entre 4,16 et 5,28 milliards de dirhams ou 706 à 897 dirhams par action.

Un important gisement de croissance
Au prix d’introduction retenu, la BCP est offerte aux actionnaires pour 4 milliards tout juste. C’est dire tout le potentiel d’évolution des cours. D’autant plus que vos actions – si toutefois vous pouvez en acquérir, il faudra se dépêcher – ont toutes les chances de prendre de la valeur compte tenu de la faible part réservée aux institutionnels qui, dès la première cotation (8 juillet), essaieront de l’augmenter en achetant sur le marché secondaire. A cela s’ajoute la fièvre traditionnelle des cours qui caractérise les premiers jours de cotation. L’écart entre la valorisation retenue et le prix proposé sera certainement rapidement comblé, au grand bonheur des nouveaux actionnaires de la banque. Et il pourrait même dépasser, assez rapidement selon plusieurs analystes et investisseurs, la barre des 850 dirhams, soit un gain minimum de 170 dirhams par action au minimum, puisqu’il sera respectivement de 220 et de 270 dirhams pour les sociétaires et le personnel de la banque, dont la contribution à la construction du groupe justifie largement la double décote offerte sur la valorisation de la BCP.

Le litige fiscal peut se dénouer «rapidement et dans le bon sens»
Autre élément intéressant à souligner : la date de jouissance retenue est le 1er janvier 2004. Autrement dit, les nouveaux actionnaires de la BCP, qui ne seront pleinement propriétaires de leurs titres qu’en juillet prochain, gagnent automatiquement six mois de dividendes. En 2003, la BCP a distribué 20 dirhams par actions (sur la base d’un bénéfice de 64 dirhams par action) et ses fonds propres sont tellement confortables qu’elle ne risque pas de revoir à la baisse ce niveau.
Le dernier rapport de l’agence internationale de notation Standard & Poor’s est très favorable à la BCP, qui est par ailleurs la seule banque marocaine bénéficiant d’un «full interactive rating». Sa note (BB à long terme, B à court terme avec perspectives positives) ne peut être meilleure, étant plafonnée par le risque souverain.
S&P souligne le rôle central que joue la BCP dans le Groupe des Banques populaires et insiste sur la liquidité élevée et la forte capitalisation de la banque. La participation de l’Etat dans le capital, la mission publique du groupe et son importance dans l’économie nationale devraient, selon Standard & Poor’s, assurer le soutien de l’Etat à la BCP en cas de difficulté. Un élément de taille qui est censé rassurer ceux qui désirent investir leurs économies dans cette valeur.
Notons enfin le seul point qui continue à poser problème. Il s’agit d’un litige oppposant le groupe Crédit Populaire du Maroc au fisc pour un montant de 1,7 milliard de dirhams et dont la part revenant à la BCP est estimée à 262 MDH.
Mais selon Noureddine Omary, le compromis trouvé sur un litige du même ordre, il y a quelques jours, entre le fisc et la BCM-Wafabank «augure d’un règlement rapide, définitif et qui va dans le bon sens». L’avenir nous le dira, mais la BCP semble avoir surprovisionné ce risque, ce qui pourra constituer une bonne surprise pour les nouveaux actionnaires de la banque si cette dernière arrive à dénouer cette affaire dans les mêmes conditions que Attijariwafa Bank.
La reprise de cette provision viendra naturellement améliorer les résultats de la banque au terme de son premier exercice en tant que société cotée.

La BCP a été valorisée entre 4,16 et 5,28 milliards de dirhams, soit entre 706 à 897 DH par action. Au prix d’introduction retenu, le potentiel d’évolution des cours est important.

BCP : quel est son rôle au sein du groupe BP ?
BCP, BPR, CPM, qui fait quoi ? La confusion est totale dans les esprits sauf dans ceux des fins connaisseurs du groupe Banques populaires. La BCP, la société qui sera introduite en Bourse, est en fait l’organe central du CPM (Crédit populaire du Maroc). Ce dernier compte également onze Banques populaires régionales (BPR) et a pour mission de contribuer à la mobilisation de l’épargne et à son utilisation dans les régions où elle est collectée. Il favorise surtout l’activité et le développement des PME artisanales, industrielles et de service. Les BPR sont organisées sous forme de sociétés coopératives à capital variable, à conseil de surveillance et directoire. Elles appartiennent à leurs sociétaires, clients-actionnaires, au nombre de 438 000 actuellement. La BCP, quant à elle, est organisée avec un statut de société anonyme à capital fixe. Elle gère à la fois les excédents de trésorerie des BPR ; les services d’intérêt commun aux organismes du CPM (ressources humaines, marketing, système d’information, comptabilité…) et le fonds de soutien du Crédit populaire du Maroc. Elle refinance les BPR, compense les créances et dettes réciproques des organismes du CPM, centralise les souscriptions des valeurs mobilières et les déclarations de toute nature vis-à-vis de Bank Al Maghrib, de l’administration fiscale et autres organismes professionnels.
Le comité directeur du CPM est constitué de dix membres, cinq provenant du conseil d’administration de la BCP et cinq autres sont élus par leurs pairs parmi les présidents des conseils de surveillance des BPR. Ce comité sera mis en place après l’introduction en Bourse de la BCP. En attendant c’est un comité transitoire qui assure cette fonction.
Le CPM est le premier groupe bancaire au Maroc, avec un total bilan de 95 milliards de dirhams et des parts de marchés de 30 % des dépôts, et 22 % des crédits. A lui seul, il collecte 59 % des dépôts MRE. Avec 465 agences et 2 millions de clients, il réalise un PNB de 4,57 milliards de dirhams et un résultat net de 765 millions, les plus importants de la place
Sa rentabilité s’élève à 10,6 %, mais c’est un taux biaisé compte tenu d’un prélèvement de 2,5 % au titre du fonds de soutien. Le taux réel serait de plus de 12 %.