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Toubibs, tarifs et convention
L’adoption des protocoles thérapeutiques devrait permettre une rationalisation des prescriptions et une maîtrise des dépenses. Les médecins souhaiteraient des mesures incitant au conventionnement.
Le cancer est certes une maladie largement prise en charge pour les patients bénéficiant d’une couverture médicale. Mais son coût demeure toutefois élevé, pouvant aller jusqu’à 1 million de dirhams dans certains cas. Prenons l’exemple d’un cancer de la prostate, outre la consultation et les examens biologiques et radiologiques permettant d’effectuer le diagnostic et qui s’élèvent à environ 7.000 dirhams, le traitement de la pathologie peut atteindre les 700.000 dirhams. Montant comprenant les forfaits pour les cures de chimiothérapie (1.000 DH la séance) et de radiothérapie (30.000 DH) et les médicaments dont les prix dépassent les 20.000 DH. Des tarifs, fixés par la Tarification nationale de référence (TNR), qui servent de base de remboursement des frais engagés par les organismes de prévoyance sociale à hauteur de 90 à 100% par la CNOPS et de 70% par la CNSS.
Techniquement, c’est le schéma de prise en charge dont bénéficient les patients assurés de l’AMO qui ne paieront qu’un ticket modérateur. Mais ce n’est pas la seule condition, puisqu’ils n’y ont droit que s’ils se dirigent vers les médecins conventionnés avec l’Agence nationale de l’assurance maladie et appliquant donc la TNR. En revanche, ceux des patients qui choisissent d’aller chez des praticiens non conventionnés devront prendre une grande partie des dépenses de soins. Le conventionnement n’étant pas obligatoire, les médecins qui refusent d’appliquer la TNR doivent en informer, par écrit, le régulateur du régime de l’AMO.
Les tarifs de référence : POUR une harmonisation de la prise en charge
Les syndicats et corporations médicales se disent conscients de l’utilité et de l’importance de la tarification de référence en vue d’une harmonisation de la prise en charge des patients, en particulier ceux souffrant de pathologies lourdes et de longue durée, et de la préservation des régimes de sécurité sociale. Toutefois, ces tarifs de référence ne correspondent pas, de l’avis des médecins, à la réalité du terrain et donc de l’exercice actuel de la médecine. «La science évolue et impose de nouvelles technologies médicales et de nouveaux médicaments qui coûtent cher et auquels les citoyens doivent avoir accès», dit-on au Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CNSP). Ce qui implique de facto une révision des tarifs arrêtés en 2006 au démarrage de l’AMO. Une révision qui devait intervenir en 2009.
La récente adoption des quatorze protocoles thérapeutiques, concernant la césarienne, le psoriasis ou encore les affections coûteuses de longue durée comme le cancer et le diabète, remet sur la table le respect des tarifs et du schéma des soins. Une convention-cadre a été validée et des conventions ont été signées par les divers praticiens impliqués dans la prise en charge de ces affections. Mais, prenant pour exemple le modèle français, les médecins ont réfléchi à des incitations à mettre en place en contrepartie de l’application de la TNR et du respect des protocoles thérapeutiques. Il s’agirait par exemple, selon le CNSP, d’accorder une réduction de 50% de la cotisation des médecins à l’AMO ou encore l’octroi d’un chèque bonus aux médecins pour encourager la prescription de médicaments génériques. Médicaments, rappelons-le, qui sont retenus comme base de remboursement.
Les médecins ont fait part de leur réflexion aux Caisses de sécurité sociale mais les discussions ne sont toujours pas entamées. Il faudra attendre l’aboutissement de la réflexion des médecins afin de juger de la pertinence de leurs revendications.