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Télécoms, immobilier, banques…, les secteurs les plus rentables de la cote
30,8% de marge nette moyenne pour Maroc Telecom, 22,3% pour l’immobilier, 19,6% pour le BTP et 15,8% pour les banques.
Ces mêmes activités affichent des taux de marge beaucoup plus bas à l’étranger.
Six secteurs cotés dégagent des taux de marge à deux chiffres et neuf ne dépassent pas la moyenne du marché.

Les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca réalisent depuis plusieurs années une croissance bénéficiaire remarquable. Le résultat net global du marché a progressé de 16,8% entre 2005 et 2006, et de 30,8% entre 2006 et 2007. En 2008, un léger repli des bénéfices (-3,2%) a été causé par les déficits exceptionnels de Managem et la Samir, mais la cote casablancaise s’est largement rattrapée en 2009 en enregistrant une croissance de 22,7%. Parallèlement, l’activité des sociétés cotées a progressé moins rapidement que les bénéfices. Le chiffre d’affaires agrégé du marché s’est en effet apprécié de 15,8% en 2006 (contre 16,8% pour le résultat net), de 16,2% en 2007 (contre une croissance bénéficiaire de 30,8%), de 17,5% en 2008 avant d’enregistrer un repli de 1,6% en 2009. Cette situation a permis à la marge nette des entreprises cotées (résultat net rapporté au chiffre d’affaires) d’évoluer favorablement. Elle est passée de 11,4% en 2005 à 13,6% en 2009, soit un gain de 2,2 points.
En moyenne sur les trois dernières années, le taux de marge nette de la cote s’établit à 12,5%. Ce niveau est jugé très satisfaisant par certains professionnels du marché qui affirment que «la marge dans les places boursières développées et même dans les Bourses de certains pays émergents dépasse rarement les 10%».
Maroc Telecom améliore sa rentabilité malgré la concurrence
D’où vient cette forte rentabilité ? Reflète-t-elle la performance de toutes les sociétés cotées ? En réalité, le taux de marge nette à deux chiffres de la place casablancaise est tiré par cinq principaux secteurs : les télécoms, l’immobilier, le secteur du ciment et matériaux de construction, celui des banques et des assurances. Les autres compartiments, qui représentent la majorité des sociétés cotées, affichent des taux de marge inférieurs à la moyenne du marché, voire proches de zéro.
Maroc Telecom est de fait l’une des sociétés les plus rentables de la cote. Sa marge opérationnelle (résultat d’exploitation rapporté au chiffre d’affaires) ressort en moyenne à 45,9% entre 2007 et 2009, et sa marge nette à 30,8%. Le plus remarquable chez l’opérateur historique est que ses taux de marge sont en constante amélioration malgré un contexte de marché de plus en plus concurrentiel. Son taux de rentabilité est en effet passé de 28,3% en 2005 à 31,1% en 2009. Les analystes expliquent cette évolution par «la part de marché toujours confortable de Maroc telecom, à la fois sur le mobile, le fixe et internet, qui lui permet, grâce à un effet volume favorable, de compenser la baisse du revenu moyen par utilisateur». Il y a aussi l’amélioration de la productivité de l’opérateur et la maîtrise de ses charges qui permettent d’atteindre cette performance, avec notamment une absence totale d’endettement financier et un niveau d’investissement modéré.
Qu’en est-il des opérateurs télécoms cotés en Europe ? Leurs taux de marge sont incontestablement loin de ceux qu’affiche Maroc Telecom. Orange (France Telecom), par exemple, a dégagé en 2008 une marge nette de 9,4%, soit trois fois moins que l’opérateur marocain. SFR, filiale de Vivendi, à l’instar de Maroc Telecom, affiche en 2009 une marge opérationnelle de 20,4% seulement. Bouygues Telecom ne sort pas du lot, avec un taux de marge opérationnelle de 16% et une marge nette de 10,5%.
25% de marge nette pour Alliances, 24% pour CGI et 21% pour Addoha
Le secteur de l’immobilier vient en deuxième position après les télécoms. Il affiche un taux de marge opérationnelle moyen de 32,7% entre 2007 et 2009, et un taux de marge nette de 22,3%. Malgré le ralentissement de l’activité immobilière durant cette période et l’augmentation sensible des charges en raison de la poursuite des grands chantiers lancés, les trois sociétés du secteur continuent de dégager une rentabilité plus que satisfaisante. En tête de liste Alliances Développement dont la marge nette moyenne s’établit à 25,3%. Elle est suivie par la CGI qui affiche un taux de 24,3%, et enfin Addoha qui ne réalise sur la période 2007-2009 qu’une marge nette moyenne de 21,5% en raison de l’impact des perte enregistrées par sa filiale Fadesa Maroc.
Avec ces niveaux, le secteur de l’immobilier coté à la Bourse de Casablanca dépasse de loin ceux des places étrangères. Il faut d’abord savoir que la marge nette avant impôt sur une opération de promotion immobilière ne dépasse pas les 8% dans les pays européens. Même les grands groupes intégrés dépassent rarement 10% de marge. Le géant français Nexity, par exemple, a dégagé en 2009 une marge opérationnelle de 7,3% seulement, et ambitionne d’atteindre les 10% à moyen terme. Sa marge nette ressort, elle, à moins de 1%. De même pour la société immobilière Saint-Gobain, dont la marge d’exploitation s’établit à 5% en moyenne sur 2008 et 2009 et dont la marge nette est inférieure à 2%. A la Bourse de Tunis, les taux de rentabilité du promoteur «Essoukna» sont certes plus importants qu’en France (20,9% de marge opérationnelle et 12,9 de marge nette), mais ils demeurent largement inférieurs à ceux des sociétés marocaines.
Jusqu’à 34% de marge nette pour les cimentiers
Les acteurs cotés du secteur du BTP ne sont pas en reste en terme de profitabilité. Ils occupent la troisième place dans le palmarès des plus importants taux de marge, avec une rentabilité d’exploitation moyenne de 27,2% entre 2007 et 2009 et une rentabilité nette de 19,6%. Ces niveaux auraient en plus pu être plus importants si le sidérurgiste Sonasid n’avait pas accusé de lourdes pertes en 2009. Il faut savoir en effet que les trois cimentiers cotés dégagent des niveaux de marge exceptionnellement élevés, défiant les performances des plus importants opérateurs du ciment dans le monde.
Lafarge arrive en tête dans le secteur avec une rentabilité nette de près de 34% sur la période 2007-2009. Ses performances opérationnelles, mais aussi les relèvements successifs des prix de vente du ciment et la détente des cours des combustibes expliquent ce niveau de marge élevé. Cimar occupe la deuxième position avec un taux de 22,6% qui aurait, notons-le, pu atteindre un niveau plus important s’il n’y avait pas eu les arrêts techniques de certaines lignes de production de la société qui ont impacté sa rentabilité en 2007 et 2008. Enfin, Holcim se distingue par un taux de marge nette relativement plus modeste (18,6%), alors que Sonasid a tiré la moyenne du secteur vers le bas avec une rentabilité qui passe de 13,8% en 2007 à 5,6% en 2009 sous l’effet de la chute des cours mondiaux de l’acier.
Une rentabilité récurrente supérieure à 17% pour les banques cotées
Les marges du secteur bancaire occupent également une bonne position sur la cote casablancaise. Leur rentabilité opérationnelle moyenne est de près de 30% sur la période 2007-2009, et leur rentabilité nette est de 15,8%. Importante précision : ces marges sont calculées en rapportant les bénéfices aux produits d’exploitation bancaire bruts. Certains analystes optent plutôt pour le Produit net bancaire (PNB) comme base de calcul, ce qui relève les marges à des niveaux beaucoup plus importants.
Le CIH est l’établissement qui affiche le taux de marge le plus élevé (près de 40%). Il faut dire que la banque a bénéficié en 2007 d’une situation exceptionnelle marquée par un niveau de reprises de provisions très élevé, ce qui a dopé ses bénéfices. A son opposé, BMCE Bank fait état d’une marge nette très réduite (6,9%), et ce, suite à l’envolée en 2009 de ses provisions pour créances en souffrance. Hormis ces deux exceptions, les taux de marge des autres banques de la cote (BMCI, Crédit du Maroc, Attijariwafa bank et la BCP) se situent entre 17 et 20%. Comparativement aux banques internationales, ces niveaux de rentabilité sont très élevés. A titre d’exemple, la marge nette de BNP Paribas se limite à 7,8% en moyenne entre 2007 et 2009, et celle du groupe Société Générale ne dépasse pas les 3%.
Enfin, le secteur des assurances est le dernier à réaliser une rentabilité supérieure à celle du marché. Sa marge nette moyenne se situe à 13,5%. Si Agma Lahlou Tazi affiche un taux de marge supérieur à 40%, elle ne contribue que très légèrement à la profitabilité du secteur compte tenu du poids des autres sociétés qui le composent, à savoir Atlanta et Wafa Assurance. La marge de cette dernière compagnie est d’ailleurs celle qui influe le plus sur la rentabilité agrégée du compartiment. Elle ressort à 14,7% en moyenne entre 2007 et 2008. Pour sa part, le taux de marge d’Atlanta dépasse légèrement les 10%, impacté par les pertes sur les placements boursiers qu’a subies la société en 2008 et 2009. Mais il reste que ce niveau est largement supérieur à celui des compagnies d’assurance internationales. La marge nette d’Axa ou bien d’Allianz ne dépasse pas en effet les 4%.
