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TCN : un marché peu animé malgré la hausse du montant des émissions
L’essentiel des levées de fonds concerne les certificats de dépôt. Les titres de créances négociables sont éclipsés par les obligations et la titrisation. La tendance devrait se poursuivre, selon les professionnels.

Le marché des titres de créance négociables a marqué une progression à fin mars 2018. Sur la base des dernières statistiques disponibles auprès de Bank Al-Maghrib, les émissions de TCN ont totalisé 7 milliards de DH, contre 5,4 milliards à la même période en 2017. Cette hausse est à relativiser au vu du nombre limité des opérations. Dit autrement, elle ne reflète pas un regain de dynamisme de ce marché. Le marché de la dette privée a été animé principalement par les émissions d’obligations (perpétuelles et subordonnées notamment) et les opérations de titrisation. En fait, le marché connaîtrait depuis l’année dernière un net revirement des émetteurs en faveur des obligations et titrisation au détriment des TCN. Ces émetteurs, principalement des banques, cherchent à se financer en tirant profit d’une demande importante manifestée actuellement par les investisseurs. «Dans un contexte de liquidités bancaires moins tendu, les banques cherchent de plus en plus des moyens de financement adéquats. Contrairement aux titres de créances négociables, les obligations et opérations de titrisation constituent un moyen de financement à long terme, et sont considérés comme des quasi-fonds propres pour les banques (qui leur permettent donc d’améliorer leurs ratios de solvabilité)», explique un gérant de portefeuille.
Les sociétés de financement peu présentes sur le marché
Quoi qu’il en soit, l’évolution des émissions a été principalement tirée par les certificats de dépôt qui ont drainé 6,2 milliards de DH (contre 4,1 milliards de DH en 2017). Au moment où les bons des sociétés de financement ont totalisé 850 MDH, contre 900 MDH au 1er trimestre 2017. Aucune opération n’a été enregistrée pour les billets de trésorerie durant cette période, contre 422MDH l’année précédente.
Sur le compartiment des certificats de dépôts, six établissements bancaires ont levé des fonds à fin mars; dont trois qui ont levé plus de d’un milliard de DH. Il s’agit de BMCI (2,2 milliards de DH), Crédit Agricole (1,5 milliard de DH) et BMCE (1,3 milliard de DH). Les levées ont été majoritairement souscrites par les OPCVM à hauteur de 5,9 milliards de DH. Le gros des levées a été fait à court terme avec des taux variant de 2,35% pour la maturité comprise entre 32 et 92 jours à 3% pour celle qui dépasse les 2 ans. A noter qu’à la même période de l’année dernière, les taux variaient de 2,25% à 2,7%.
Pour les bons de sociétés de financement, ils ont été émis par Eqdom (150 MDH) et Maghrebail (700 MDH), avec une souscription d’environ 76% des OPCVM, un niveau plus soutenu que l’année dernière (40%).
Dans ces conditions, l’encours global des titres de créances négociables a légèrement augmenté à près de 65,3 milliards de DH (+15% par rapport à fin mars 2017). Il est principalement constitué de certificats de dépôts dont le poids est de plus de 70%, et dont l’encours a augmenté de 9,4%, à 46,6 milliards de DH. Les bons de sociétés de financement pèsent pour leur part 25%, avec un encours de 16,6 milliards de DH, en hausse de 36%.
BMCE Bank détient le plus grand stock de certificats de dépôt
L’encours des certificats de dépôts est composé des titres de quasiment toutes les principales banques de la place. C’est BMCE Bank qui dispose du plus grand stock avec près de 9,7 milliards de DH, suivie de BMCI avec près de 7,7 milliards de DH et Crédit Agricole (6,9 milliards). Le gros est souscrit par les OPCVM à hauteur de 70%, suivis par les établissements de crédit avec 21% du montant global.
L’encours des billets de trésorerie est, lui, constitué de titres de Managem (700 MDH), Alliances Darna (613 MDH), Addoha (423 MDH), Label’Vie (200 MDH), Oulmès (160 MDH) et Jet Contractors (45 MDH). Là aussi les gros souscripteurs sont les OPCVM avec un poids de plus de 88%, suivis de loin des entreprises non financières, des particuliers, des établissements de crédit et des assurances et organismes de prévoyance.
Enfin, l’encours des bons de sociétés de financement compte principalement les gros du secteur, notamment Eqdom (4,1 milliards de DH), Maghrebail (3,6 milliards), Wafasalaf (2,5 milliards), et Sofac (1,7 milliard). Ce sont toujours les OPCVM qui arrivent en tête des investisseurs (69%), suivis des établissements de crédit et des assurances et organismes de prévoyance.
Côté perspectives, la tendance qui caractérise le marché de la dette privée devrait se poursuivre, selon les analystes. Les obligations subordonnées et perpétuelles devraient continuer à bénéficier des faveurs du marché, compte tenu des avantages qu’elles procurent aux émetteurs, notamment en matière de consolidation de la structure financière.
