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Taux directeur : Un nouveau statu quo en perspective, selon BKGR
Selon un sondage réalisé par BMCE Capital Global Research, 90% des sondés estiment que la politique monétaire actuelle est adéquate. Il révèle aussi que 60% des répondants penchent légèrement vers un nouveau statu quo et 40% vers une nouvelle baisse.
BMCE Capital Global Research prévoit un nouveau statu quo de la Banque centrale lors de son conseil du 17 décembre 2024. Le dernier conseil de Bank Al-Maghrib de l’année doit se tenir dans un contexte international marqué par la poursuite du cycle d’assouplissement monétaire entamé durant l’année par les principales banques Centrales.
Jusqu’à présent, BAM a fait montre de prudence en ce qui concerne ses décisions de politique monétaire comme en atteste son statu quo de septembre intervenant à un moment où les indicateurs économiques faisaient davantage pencher la balance vers une baisse des taux.
Pour rappel, la banque centrale a décidé de maintenir lors de son dernier conseil ses prévisions de croissance pour l’année 2024 inchangées à +2,8% (contre +2,1% prévu en juin), compte tenu de l’amélioration de la valeur ajoutée des activités non agricoles ayant permis de compenser l’année agricole médiocre, l’excellente tenue du secteur touristique qui devrait achever l’année sur des chiffres record et la redynamisation de la demande intérieure dans le sillage de l’atténuation des pressions inflationnistes.
Pour 2025, la banque centrale a revu à la baisse ses projections de croissance à 4,4% (contre 4,5% précédemment). Dans l’attente de nouveaux éclairages, le Bureau de recherche de BMCE Capital maintient les prévisions de croissance de son scénario central à +2,6% en 2024 et à +3,9% pour 2025.
Une inflation sous contrôle
Au terme du mois d’octobre 2024, l’inflation affiche une légère baisse de 0,3% et ressort en hausse de +0,7% par rapport à la même période de l’année écoulée. Pour sa part, la composante sous-jacente s’établit à +2,4% en glissement annuel, selon le dernier communiqué du HCP. En dépit de son ralentissement palpable et du faible impact, à date, de la décompensation partielle du gaz butane sur les prix, cette dernière devrait demeurer sous surveillance vu que les prix des matières premières à l’international sont toujours soumis à la forte volatilité engendrée par l’instabilité géopolitique mondiale.
Pour rappel, la banque centrale avait revu à la baisse ses estimations d’inflation à +1,3% pour 2024 lors de son conseil de septembre (+1,5% pour ses anticipations de juin) et à +2,3% pour sa composante sous-jacente. En 2025 et compte tenu de la deuxième phase du programme de décompensation, l’inflation pourrait repartir légèrement à la hausse pour s’établir à +2,5% (contre +2,7% prévus lors du précédent conseil) au moment où sa composante sous-jacente se maintiendrait autour des +2,0%.
Un déficit budgétaire plutôt bien maîtrisé
S’agissant des finances publiques et consécutivement à l’amélioration des recettes ordinaires (+10,4% à MAD 292,1 Md à fin octobre) profitant toujours du resserrement des mailles du filet fiscal face à l’augmentation limitée des dépenses ordinaires (+4,1% à MAD 268,6 Md) incluant également l’allégement des charges de compensation, le déficit budgétaire se creuse légèrement à 40,5 milliards de dirhams, contre 37,2 milliards de dirhams à fin octobre 2023.
Rappelons également qu’en tenant compte du lancement des aides sociales directes et au logement en 2024, BAM table, dans ses prévisions les plus récentes, sur une stabilisation du déficit budgétaire à -4,4% du PIB en 2024 (contre -4,0% selon la Loi de finances 2024) avant de se réduire à -3,9% en 2025.
Politique monétaire adéquate à l’issue d’un sondage
Dans le cadre de l’élaboration de ce document, BKGR a procédé à un sondage auprès de plusieurs investisseurs institutionnels marocains afin de recueillir leurs opinions quant à l’évolution de la politique monétaire du Royaume. Les points saillants révèlent que 90% des sondés estiment que la politique monétaire actuelle est adéquate. Le sondage indique également des avis mitigés sur l’issue du prochain conseil de BAM, penchant néanmoins légèrement vers un nouveau statu quo (60% des répondants) plutôt que vers une baisse de -25 pbs du taux directeur (40% des sondés). Enfin, 50% des participants s’attendent à une seule baisse des taux en 2025, l’autre moitié anticipant davantage deux baisses des taux pour l’année à venir. De plus, 90% des sondés tablent sur une progression de la distribution de crédits en 2025.