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Sociétés cotées : premiers résultats 2013 satisfaisants

La capacité bénéficiaire des 20 sociétés qui ont publié leurs résultats est en baisse de 4,3%. Hors Maroc Telecom, elle ressort en hausse de 9%. Le marché a bien accueilli les publications avec une hausse du Masi de 5%.

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bourse 2014 03 21

Les premières publications des sociétés cotées au titre de l’exercice 2013 sont jugées satisfaisantes par les analystes de la place. Elles sont conformes à leurs prévisions, sachant qu’ils tablaient sur un léger redressement de la situation. Ces réalisations interviennent dans un contexte économique national peu favorable. Car même si la croissance en 2013 est estimée à 4,4% par le Haut commissariat au plan, elle est surtout tirée par les activités agricoles. Le secteur non agricole, lui, est toujours en ralentissement, subissant l’impact de la faiblesse de la demande locale, d’une activité à l’export qui peine à reprendre et d’un taux d’utilisation des capacités de production encore faible.

En dépit de ces conditions, sur les 20 sociétés qui ont publié leurs résultats financiers jusqu’au 17 mars, 12 affichent des prestations en hausse contre 6 qui ont accusé une baisse de leur capacité bénéficiaire. Les deux sociétés qui restent sont Risma et Sonasid ; la première est toujours déficitaire tandis que la seconde est sortie du rouge après un exercice 2012 difficile.

En gros, la capacité bénéficiaire de ces 20 sociétés ressort en baisse de 4,3%, à 12,2 milliards de DH pour un chiffre d’affaires en progression de 2,3%, à 98,5 milliards de DH. En fait, c’est Maroc Telecom qui a plombé les résultats de la cote, puisque l’opérateur accapare 45% de la masse bénéficiaire. En effet, son résultat net part du groupe s’est dégradé de 17,4% pour s’établir à 5,5 milliards de DH, sachant que son chiffre d’affaires est en baisse de 4,3%, à 28,5 milliards de DH. Maroc Telecom continue de pâtir de la recrudescence de la concurrence sur son marché domestique.

D’ailleurs, pour la 3e année consécutive, le groupe enregistre une dépréciation de ses revenus au Maroc, compensée partiellement par la montée en puissance des filiales africaines. Il a en plus fait les frais d’un contrôle fiscal, qui lui a coûté 1,5 milliard de DH dont près du tiers a été provisionné. Retraitée de Maroc Telecom, la masse bénéficiaire de la cote ressort en croissance de 9%.

Jlec, société nouvellement introduite, a également contribué négativement à la formation du résultat de la place. Elle a réalisé un bénéfice en recul de 12,6%, à 395 MDH. Et malgré le redressement de sa situation, Risma clôture l’exercice avec un résultat toujours déficitaire, de 46,3 MDH contre 200 MDH une année auparavant, à cause essentiellement du déficit enregistré par sa filiale SAEMOG (Société d’aménagement d’Essaouira-Mogador) de 54 MDH. Cosumar a également vu ses résultats baisser de 13,8% pour atteindre 629 MDH. En cause, unediminution des ventes liée à la politique de déstockage massif qu’ont adoptée les grossistes.

La baisse des bénéfices de la cote aurait pu être plus prononcée si le CIH et la BCP n’avaient pas réalisé un exercice 2013 au beau fixe. En effet, avec respectivement 515 MDH et 1,9 milliard de DH, le bénéfice de ces deux banques est en hausse de 5,6% et de 4%. Les réalisations de la première sont portées par les performances intrinsèques de la banque et par le redressement de sa filiale Sofac, au moment où la seconde doit la progression de ses indicateurs à sa force commerciale. Seul bémol : le niveau du coût du risque. Si le CIH a vu ce poste de charge se réduire de 76%, à près de 30 MDH, grâce au dénouement du litige fiscal de Sofac, ce n’est pas le cas pour la BCP.

En effet, la banque a augmenté ses provisions de 54,8%, à 1,9 milliard de DH. «La constitution de ces provisions témoigne certes de l’élévation du niveau des impayés auprès des clients des banques, en raison d’une situation économique encore faible. Mais cela n’est pas forcément un mauvais signal remettant en cause la santé financière des banques. Cela prouve que ces établissements disposent d’un matelas financier assez solide pour faire face aux risques, sans pour autant que l’occurrence de ces derniers affecte leur rentabilité», nuance le directeur recherche et analyste d’une société de bourse.

CFG table sur une stagnation des bénéfices, BMCE Capital sur une hausse

Pour leur part, les compagnies d’assurance alignent des réalisations meilleures par rapport aux attentes des analystes. En effet, Wafa Assurance et CNIA Saada ont réussi à hisser leurs bénéfices respectivement à 733 et 263 MDH, en hausse de 19% et 10,8%. Cela est attribuable notamment à l’atténuation de la contre-performance du marché boursier au terme de 2013 (-2,96%). Parallèlement, «l’activité non vie n’est certes pas en forte croissance, mais elle demeure favorablement orientée, contrairement au segment vie qui, lui, demeure toujours affecté par le manque de liquidités sur le marché, entraînant donc une épargne moins conséquente», détaille notre source.

Les deux sociétés du secteur des BTP qui ont publié leurs résultats pour le moment, à savoir Ciments du Maroc et Sonasid, affichent également des bénéfices en hausse. Sonasid est carrément sortie du rouge en enregistrant un bénéfice de 86 MDH contre -93 MDH une année auparavant. Le sidérurgiste a tiré profit de sa nouvelle politique d’achat de ferraille et de la maîtrise de ses coûts financiers dans un marché de la construction peu dynamique.

Ciments du Maroc a, lui, réussi à améliorer ses bénéfices de 23%, à 808,8 MDH. Cela n’est aucunement redevable à une reprise de la consommation nationale de ciment, puisque le marché a clôturé l’année 2013 sur une baisse de 6,2%, mais plutôt à des éléments non récurrents, notamment la constatation d’une provision moins importante par rapport à 2012 sur les titres Suez Cement Company ainsi que d’une plus-value de 26 MDH liée à une cession de terrains. D’ailleurs, les analystes ne prévoient pas une appréciation des bénéfices du secteur dans un contexte de baisse de la consommation et d’acharnement de la concurrence. «Au mieux, les bénéfices du secteur devraient stagner au terme de l’exercice écoulé», espère un analyste.

Ces résultats ont été jusqu’à présent bien accueillis par le marché boursier, comme l’atteste la performance de l’indice général qui a dépassé 5% en date du 17 mars. Sur le seul mois de février, le MASI a enregistré une croissance de 3,5%. «Les investisseurs considèrent que le marché est sur le point de sortir de sa mauvaise passe qui a duré 6 années et tablent sur une reprise imminente.

Du coup, ils commencent à se repositionner sur le marché, en privilégiant surtout les valeurs à haut rendement de dividende», s’accordent à expliquer certains analystes. Cependant, cette hausse n’est pas perçue de la même manière par tous les professionnels. En effet, d’autres considèrent que cette reprise du marché est plus mécanique que fondamentale, surtout que l’on attend toujours les résultats des grandes capitalisations à l’instar des sociétés minières, cimentières et des autres banques. Ce qui pourrait renverser la tendance haussière de la bourse au cas où les résultats seraient décevants.

Quoi qu’il en soit, dans leurs prévisions, les analystes tablent sur une quasi-stagnation de la masse bénéficiaire à fin 2013. Selon CFG Group par exemple, les résultats de la cote seraient tirés vers le bas à cause de la contraction de 5,2% des bénéfices du secteur minier, de 3,3% de ceux du secteur bancaire et de 13,8% des résultats du secteur agroalimentaire. BMCE capital, par contre, prévoit une croissance de la capacité bénéficiaire de 4,4% consécutivement à la hausse des bénéfices des banques de 3,6%, de 3% pour les sociétés de financement et de 5% pour le secteur industriel.