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Sociétés cotées : l’activité marque le pas, les bénéfices plongent
Concurrence, volatilité des matières premières, montée des risques…, le contexte général demeure inchangé. A 25,6 milliards de DH, les bénéfices ont fondu de 6,7% par rapport à 2012. Maroc Telecom, les banques et les sociétés immobilières sont les principaux responsables de la baisse.
Les analystes qui se sont livrés au jeu des pronostics sur l’évolution des bénéfices des sociétés cotées au titre de 2013 sont déçus. Alors qu’ils tablaient sur une quasi-stagnation à l’instar du premier semestre (-0,2%), ou au pire des cas sur une légère baisse, la réalité en a voulu autrement. La capacité bénéficiaire de la cote a baissé de 6,7% par rapport à 2012, pour s’établir à 25,6 milliards de DH.
En fait, les prévisions n’étaient pas infondées, mais les résultats de cette année sont dans leur majorité affectés par des éléments exceptionnels. Certains ont été pénalisants, d’autres ont boosté le bénéfice. Dénouement de contrôles fiscaux, non-récurrence de produits ou de charges exceptionnels comptabilisés en 2012…, ces éléments, conjugués à la poursuite de la mauvaise conjoncture (aggravation des risques, recrudescence de la concurrence, volatilité des matières premières…), ont entamé la rentabilité des sociétés de la cote. Ce recul des bénéfices aurait été plus important si certains opérateurs n’avaient pas fait preuve d’adaptation et d’innovation. Certains ont revu leurs stratégies en vue de limiter la casse, notamment par la maîtrise des charges opérationnelles, la commercialisation de nouveaux produits ou encore le repositionnement sur des créneaux délaissés auparavant.
Quoi qu’il en soit, l’activité des 73 sociétés ayant publié leurs résultats au 31 mars (Diac Salaf et Fertima n’avaient toujours pas publié leurs comptes à l’heure où nous mettions sous presse), a généré un chiffre d’affaires global de 280,7 milliards de DH, en quasi-stagnation par rapport à 2012 (+0,2%). C’est le secteur bancaire qui a empêché la baisse du revenu global de la cote. Son chiffre d’affaires, constitué des produits d’exploitation bancaire, a gagné 5 milliards de DH de plus qu’en 2012, se situant à 74 milliards de DH, grâce aux performances commerciales des grandes banques cotées. La BCP y est pour beaucoup puisque son chiffre d’affaires s’est apprécié de 3,2 milliards, à 18,2 milliards de DH. Le secteur immobilier a également contribué au maintien du volume d’affaires de la cote, ses revenus ayant gagné 1 milliard sur une année pour atteindre 17,5 milliards de DH. Les trois promoteurs cotés ont été dynamiques l’année dernière, notamment la CGI (+24,3%, à 3,7 milliards de DH) qui a profité de la bonne tenue aussi bien de son activité propre que celle de ses filiales Dyar Al Mansour et Al Manar.
L’évolution de l’activité aurait pu être plus importante si Maroc Telecom avait fait mieux qu’en 2012. Le groupe, qui draine 10% du chiffre d’affaires global, a accusé une baisse de 1,3 milliard de DH de son revenu suite à la recrudescence de la concurrence et donc à la poursuite de la baisse des prix.
Le résultat d’exploitation a fait un léger mieux, de 968 MDH, pour se situer à 53,6 milliards de DH. Le secteur bancaire et celui des matériaux de construction sont les premiers contributeurs à cette hausse avec un additionnel respectivement de 1,4 milliard et 500 MDH, grâce à leur politique visant à maîtriser les charges d’exploitation. Mais en face, le secteur de l’énergie a tiré l’indicateur global vers le bas avec une contribution négative de 922 MDH, à cause du résultat affiché par la Samir (-55 MDH) suite au fléchissement de la demande et à la chute des marges de raffinage.
Malgré cette «belle» prestation, les bénéfices de la cote ont été ramenés à 25,6 milliards de DH, perdant 1,8 milliard de DH sur une année. Mis à part le déficit de 327 MDH de la Samir, plusieurs sociétés ont vu leur rentabilité crouler sous l’effet du dénouement de litiges fiscaux. Maroc Telecom et Attijariwafa bank pour sa filiale Wafa assurance, pour ne citer que celles-ci, en sont les parfaits exemples. D’autres n’ont pas ressenti l’effet du règlement des litiges fiscaux à l’instar du CIH pour Sofac Credit et d’Atlanta. A côté, Label’Vie et Alliances ont subi l’impact de la non-récurrence d’éléments exceptionnels survenus en 2012.
En tout cas, en terme de contribution sectorielle, Maroc Telecom a amputé la cote de près de 1,2 milliard de DH de résultat par rapport à 2012, quand le secteur agroalimentaire l’a privée de 352 MDH. La rentabilité des sociétés immobilières, elle, a fondu de 361 MDH. Il faut noter toutefois que la participation des fabricants de matériaux de construction a été positive avec un supplément de 346 MDH. Idem pour les mines qui ont marqué un bond de 125 MDH.