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Argent

Parcours mitigés pour les sociétés introduites en Bourse cette année

Delattre Levivier a perdu 13%, Delta Holding a pris 22% et CMT a bondi de 53%. + 1,4% seulement pour Label’Vie.
Des évolutions qui traduisent les réactions du marché face aux niveaux de valorisation et le manque d’information sur le degré d’implication des institutionnels.
La polémique autour de l’OPV de Label’Vie a limité la croissance de son cours en Bourse.

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Alors que le placement en actions commence à percer dans les habitudes des Marocains, les opérations d’introduction à la cote, depuis début 2008, occasions privilégiées pour les petits porteurs d’accéder au marché, ont quelque peu refroidi les ardeurs des investisseurs particuliers.

Certes, le nombre d’actions attribuées par souscripteur a sensiblement augmenté lors des dernières offres publiques de vente (OPV), grâce à l’interdiction du crédit-levier et des souscriptions par procuration, ce qui a été bien accueilli par le grand public, mais l’évolution des cours de certaines valeurs qui ont rejoint la cote en a surpris plus d’un, au point de rendre hésitants nombre d’investisseurs quant à la participation aux prochaines OPV.

Par exemple, pour ne parler que des quatre opérations qui ont eu lieu au cours du premier semestre 2008, on peut dire que le parcours boursier de Delattre Levivier Maroc (DLM) a été contre toutes les attentes. Première introduction de l’année, ayant drainé près de 2 800 souscripteurs, la valeur n’a cessé de baisser après les quelques hausses des premières séances de cotation. Elle affichait, au 11 juillet, une baisse de 13,2% par rapport à son prix d’introduction.

Label’Vie, quant à elle, récemment introduite par augmentation de capital, n’a certes pas reculé par rapport à son prix de vente (du moins jusqu’au 11 juillet), mais n’a pas non plus réalisé la progression qu’espérait le marché d’une valeur nouvelle de par son activité sur la place de Casablanca et promettant une croissance forte et assurée pour les années à venir. Cédée au grand public à 1 144 DH, l’action cotait le 11 juillet 1 160 DH, soit une progression de 1,4% seulement.

A l’opposé, Delta Holding et la Compagnie minière de Touissit (CMT), respectivement deuxième et troisième introductions de 2008, ont bien démarré en Bourse et se maintiennent en forme. La première société, dont l’opération a mobilisé plus de 32 000 souscripteurs, a réalisé une performance de 22,2% au 11 juillet, et ce, après avoir frôlé les 40% de progression fin mai. Quant à la CMT, elle affiche une évolution record de plus de 53% par rapport à son prix d’introduction. La valeur a même atteint le pic de 70% de performance quelques jours après sa cotation.

Ces différences d’évolution désorientent manifestement les boursicoteurs habitués à des taux de croissance au moins honorables, durant les premiers mois qui suivent une cotation, sinon à des progessions notables des nouvelles recrues. Qu’est-ce qui explique ces évolutions, qu’elles soient à la hausse ou la baisse ? Y a-t-il une logique dans tout ça ?

Il faut dire que le contexte actuel du marché boursier influe sur le parcours des nouvelles recrues de la cote. «Certains éléments qui caractérisent actuellement le marché font que si une nouvelle valeur n’est pas forte elle sera pénalisée par la tendance générale», affirme un analyste financier.

Ces éléments sont entre autres l’anonymat des ordres et des transactions, mesure apportée par le nouveau système de cotation de la Bourse qui ne permet plus de connaître les orientations et positionnement des institutionnels, ainsi que la suppression des exonérations fiscales qui étaient accordées à ces investisseurs sur leurs placements et qui a rendu leur intervention sur le marché plus spéculative (les placements à long terme ne sont plus fiscalement avantageux). Sans parler de la cherté du marché qui inquiète les investisseurs, particuliers et institutionnels, et qui s’est traduite par une attitude d’attentisme.

Cela dit, les parcours boursiers des quatre premières OPV de 2008 s’expliquent également en grande partie par des éléments propres à chacune des sociétés, dont le plus important est la valorisation. «Mis à part CMT, les trois autres valeurs ont été proposées au marché à des prix élevés, ce qui ne laisse pas beaucoup de marge de croissance aux investisseurs et déplait aux institutionnels», confie un gérant d’OPCVM actions.

En effet, si on rapporte le prix de cession des titres lors des OPV aux bénéfices par action réalisés en 2007, on obtient des multiples de bénéfices de 32 pour DLM et de 38 pour Delta Holding, soit des niveaux très élevés comparativement à d’autres valeurs et à ce qui se pratique à l’international.

Ceci n’a pas joué en faveur de DLM qui, en plus, a été pénalisée par la petite taille de son opération et par sa faible popularité auprès du grand public. Pour Delta Holding, par contre, le prix de cession élevé n’a pas trop inquiété les investisseurs, l’opération étant de taille (près d’un milliard de DH) et initiée par un holding important.

Du côté de CMT, le prix qui a été proposé représente 6,8 fois seulement les bénéfices de la société en 2007, un niveau très attractif qui n’a pas manqué de susciter l’intérêt des investisseurs et de faire progresser son cours en Bourse.

Quant à Label’Vie, son prix de vente représente certes plus de 300 fois ses bénéfices de 2007, mais l’activité et les résultats de la société sont appelés à croître de manière significative grâce à son ambitieux programme d’ouverture de supermarchés. La croissance limitée de son cours est plutôt liée à la faible participation des particuliers à l’opération en raison de la polémique créée autour de son niveau de valorisation.