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Paiement mobile : comment ça marche
La plateforme «m-Wallet» opérationnelle dès fin novembre 2018. Une solution qui permet tous types de paiements, de transferts et de consultations. Un vecteur de bancarisation meilleur que la banque mobile.
C’est officiel. Le paiement mobile fait son entrée au Maroc, et les solutions qu’il offre investiront bientôt les smartphones des Marocains. En effet, le démarrage de l’interopérabilité dans le paiement mobile est prévu pour fin novembre 2018. Le raccordement à la plateforme des établissements de paiement homologués a été effectué. Mis en place par Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), le dispositif a été baptisé «m-Wallet». Asmaa Bennani, directrice du département de la surveillance des systèmes et moyens de paiement et inclusion financière à BAM, en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse tenue le 13 novembre, en marge de l’inauguration du service. Les banques proposent désormais des dispositifs de paiement mobile, couvrant les opérations de transfert d’argent, de retrait, de paiements dans les divers commerces, d’ouverture et de consultation de comptes, de versement d’argent, de retrait (cash out), de dépôt d’espèces (cash in), etc. Bref, toutes les opérations qui n’étaient jusque-là possibles que par le biais de cartes bancaires ou en espèces pourront être faites par simple saisie du numéro de téléphone ou en scannant un code QR. Le «m-Wallet» a été actionné en coordination avec l’ensemble des acteurs concernés, en l’occurrence les banques, les établissements de paiement, les opérateurs télécoms et HPS Switch. Aussi, Bennani a précisé que les parties prenantes ont décidé, d’un commun accord, de ne pas facturer les recharges en espèces du m-Wallet, les paiements en faveur des commerçants, les consultations de solde et, le cas échéant, la résiliation du service.
Qu’est-ce que le paiement mobile ?
Le paiement mobile reprend le principe du portefeuille en le digitalisant et en dématérialisant les diverses opérations de paiement et de transfert d’argent. Tirant profit des possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information, les services de m-payment prennent la forme d’une application à installer dans les smartphones, à partir de laquelle le payeur va initier, autoriser ou valider une opération de paiement. Il existe plusieurs formulations de paiement mobile. Celle qui semble avoir été retenue par BAM et ses partenaires est le mobile wallet, ou le m-Wallet. Ce principe permet aux consommateurs de stocker un ou plusieurs comptes de paiement sur leurs smartphones, et ce, dans des porte-monnaies virtuels, crédité de sommes versées à travers le compte bancaire de l’utilisateur. Ainsi, ce moyen de paiement permet de réaliser tous types d’opérations quotidiennes depuis n’importe quel endroit à partir du moment où l’on dispose du matériel et de l’application nécessaires, et d’un accès à Internet. Le m-payment, fonctionnel 24h/24 et 7j/7, utilise un appareil mobile, comme un lecteur de carte pour smartphone, au lieu des terminaux classiques. Il est mis en place instantanément, sans formalités administratives ni de compte professionnel, évite de se déplacer avec des sommes d’argent liquide et réduit le nombre de moyens physiques de paiement ou de retrait à avoir sur soi.
Une technologie de proximité
La technologie Near field communication (NFC) est une technologie à courte portée et à haute fréquence, qui permet d’échanger des informations de manière instantanée entre appareils connectés. Limitant la distance maximale de lecture des données à 10 centimètres, les terminaux compatibles tels les smartphones ou les montres connectées suffisent à effectuer diverses opérations de paiement ou de transfert.
Si l’information à échanger est entre deux téléphones mobiles, la technologie NFC permet les paiements P2P (person to person). Bien que cette technologie réponde aux exigences techniques des utilisations souhaitées, celle retenue par BAM, l’ANRT et les opérateurs est le QR Code. Ce code à barres bidimensionnel sert d’identifiant pour les opérations de paiement mobile. Le compte de l’utilisateur est associé à un compte de paiement duquel le montant de la transaction est automatiquement débité.
En Europe et dans le monde, cette technologie a servi de base de conception de plusieurs solutions de m-payment pour des enseignes comme Carrefour, Auchan, Lyf Pay, Crédit mutuel et BNP Paribas. L’une des plateformes les plus utilisées dans ce sens est Lydia, un porte-monnaie virtuel qui permet de transférer des montants à partir d’un compte bancaire, et de les stocker sous forme de données digitalisées dans ce porte-monnaie. L’utilisateur procède de la même manière qu’avec de l’argent liquide, à la différence que, là, il n’a besoin que de son smartphone, transformé en terminal de paiement.
Le paiement mobile se distingue par sa simplicité et sa fiabilité. Le danger est largement moins présent lorsque le porte-monnaie ne contient presque plus ou pas du tout d’argent liquide. En somme, le paiement mobile correspond à toutes les transactions effectuées avec un téléphone mobile. Lors de toute opération de paiement, la somme est débitée sur la carte bancaire, sur la facture de l’opérateur ou directement sur un porte-monnaie électronique, tel le «m-Wallet» marocain. Dans le cas d’une solution par application mobile, il suffit de télécharger gratuitement cette dernière sur un smartphone, approcher le téléphone du terminal pour effectuer le règlement, et autoriser la transaction en renseignant un mot de passe. Si la solution est basée sur un QR Code, il suffit de le faire scanner par le terminal de paiement pour effectuer le paiement de manière instantanée et sécurisée. Le raccordement à la plateforme centrale compte aujourd’hui 11 établissements de paiement, agréés par le Comité des établissements de crédit (CEC) de BAM.
Un outil de bancarisation
Pour le cas du Maroc, le taux de pénétration des téléphones mobiles est de 130%. En fait, il existe deux fois plus de téléphones mobiles en circulation qu’il n’y a de comptes bancaires. L’idée est donc de passer par le mobile pour initier la bancarisation. Les résistances qu’ont certains Marocains vis-à-vis de la banque proviennent de la difficulté qu’ils éprouvent à se rendre physiquement à une agence bancaire afin de créer un compte, déposer de l’argent, faire des transferts, etc. Un segment que même les services de banque mobile n’arrivent toujours pas à convaincre tant les opérations que ces clients potentiels ont besoin de faire se trouvent limités par la fréquence de mobilisation de ces unités bancaires mobiles. Aujourd’hui, l’on compte 14 millions de Marocains qui n’ont accès à aucun service bancaire, et qui ne disposent donc pas d’un compte bancaire. Cependant, grâce aux solutions de paiement mobile, il est désormais possible de les convaincre d’autant plus aisément puisque tout se fait sur une seule et même plateforme. Avec un smartphone et une connexion Internet (3G ou 4G), la bancarisation de ce segment-ci ne sera qu’une question de temps.
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[tab title = »Un service basé sur la technologie du switch mobile »]L’interopérabilité, qui permet le transfert d’argent entre des clients titulaires de comptes dans des établissements différents, est basée sur le switch mobile (infrastructure permettant de router les informations d’un établissement A vers un établissement B). Elle est spécifique au système marocain et constitue une «première», dans la mesure où il n’existe pas d’autres pays où le système est «nativement interopérable». Selon Asmae Bennani, «le paiement mobile a été identifié comme le principal levier de la Stratégie nationale d’inclusion financière qui est actuellement en cours de finalisation, notamment en raison de la compétitivité des prix, de l’adaptation des conditions d’identification des clients en fonction des types de groupes de paiement, ainsi que de la simplicité des services et de leur optimisation». Elle a précisé que la recharge en espèces du «m-Wallet»; les paiements commerçant pour le payeur (hors paiement de factures); la consultation du solde, ainsi que la résiliation du «m-Wallet» seront des services gratuits. Quant aux coûts de SMS, de switching et de mise à disposition des GABs, ils seront convenus entre les acteurs de la place (opérateurs, switch et établissements bancaires et de paiement). La commission d’interchange sera, elle, plafonnée.[/tab][/tabs]