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Ouvrir une auto-école au Maroc : jusqu’à 35% de marge nette
Une auto-école de 50 m2 équipée de deux voitures et une moto nécessite un investissement de près de 260 000 DH. Le gros de l’activité est réalisé entre juillet et septembre.

Les auto-écoles ouvrent un peu partout dans les principales villes du Royaume, et ce, depuis plusieurs années. Est-ce parce que l’affaire est rentable ? Oui, car le nombre de candidats à l’obtention du permis de conduire est en constante progression. Plus de 570 000 personnes se sont présentées à l’examen du permis de conduire en 2011, soit 63% de plus par rapport à 2003. Les permis délivrés, eux, sont en augmentation de 25% sur la période, à 313 605.
Compte tenu des tarifs pratiqués pour l’enseignement de la conduite (autour de 2 500 DH par candidat), les auto-écoles dégagent donc un profit intéressant pour un investissement de départ qui n’est pas vraiment conséquent. Ce qui explique l’attrait pour ce type de business, d’autant plus que les exigences réglementaires en la matière sont assez souples. Notons au passage qu’un nouveau cahier des charges réglementant le secteur est en voie d’approbation (voir encadré).
A titre d’exemple, une auto-école de 50 m2 qui dispense des cours pour l’obtention des permis A (motos) et B (véhicules particuliers) nécessite un investissement de départ de 260 000 DH. Elle peut réaliser un chiffre d’affaires de 600 000 DH par an pour un bénéfice annuel net de 212 000 DH, d’où une marge nette de 35%.
Commençons par les prérequis. Une personne souhaitant ouvrir une auto-école doit d’abord trouver un local de pas moins de 50 m2 aménagé en salle de cours pour l’enseignement théorique d’une superficie de 20 m2, d’un bureau pour le directeur, d’une salle d’attente et des installations sanitaires indispensables. Pour l’aménagement de cet espace, il faut compter près de 20 000 DH qui couvrent, outre les travaux de cloisonnement, la peinture et l’équipement en matière d’électricité. Ensuite, il faut doter l’espace de matériels pour l’enseignement de la conduite : 6 tables et chaises, ordinateurs, imprimante… En y ajoutant l’équipement du bureau du directeur et de la salle d’attente, le budget s’élève à 50 000 DH. De plus, une auto-école doit disposer d’un logiciel d’apprentissage de la conduite. Celui sur le marché coûte actuellement 2 000 DH. Les boîtiers qui vont avec coûtent 700 DH l’unité. Il s’agit de dispositifs de commandes que les candidats utilisent pour répondre aux questions posées. Le but est de les préparer à franchir l’examen final qui se passe dans les mêmes conditions.
Vient par la suite le poste qui plombe le plus le budget : l’acquisition des véhicules pour l’enseignement pratique de la conduite. En fait, l’achat de voitures neuves n’est pas une condition sine qua non pour ouvrir une auto-école, mais comme le souligne Lahcen Moussi, président de la Fédération des auto-écoles au Maroc, il est recommandé d’acheter du neuf afin d’éviter les dépenses occasionnées par les problèmes techniques relatifs aux véhicules d’occasion.
En début d’activité, il faut disposer d’au moins 2 petites voitures diesel. Leur prix peut ne pas dépasser 120 000 DH chacune. Il est également recommandé de les acquérir à crédit avec un apport de 50%, pour ainsi bénéficier d’un crédit gratuit. Cela dit, toutes les auto-écoles ne disposent pas de ressources suffisantes pour l’achat du neuf. Au moment où certaines d’entre elles recourent au marché de seconde main, d’autres font appel à la location. Sauf qu’au regard du montant dépensé pour les réparations ou pour la location, il serait préférable de disposer de son propre parc automobile neuf.
D’un autre côté, vu qu’il n’y a pas un engouement particulier pour le permis A, une auto-école peut se contenter d’une seule moto de 250 m3 dont le prix avoisinerait les 60 000 DH.
En tout, l’investissement de départ dans notre exemple coûte 256 200 DH.
Les charges liées au véhicule représentent plus du quart des dépenses
Une fois l’établissement créé et équipé, le propriétaire doit supporter des charges récurrentes liées notamment au loyer du local, aux salaires et aux différentes charges liées aux véhicules. En effet, comme l’acquisition d’un local est coûteuse, on recourt le plus souvent à la location. Ainsi, un local de 50 m2 dans un quartier de centre-ville peut être loué à 5 000 DH par mois, ce qui revient à 60 000 DH annuellement. Le loyer peut naturellement augmenter si le local a pignon sur rue ou s’il est à l’étage d’un immeuble d’un quartier bien fréquenté. A ce loyer, il faut ajouter la prime d’une assurance responsabilité civile qui coûtera 2 000 DH par an. En outre, pour faire tourner la machine, il faut débourser près de 10 000 DH par mois au titre des salaires pour un moniteur du code de la route, deux autres pour la conduite et une secrétaire. Il faut souligner que les moniteurs doivent avoir reçu une formation de deux ans au moins à l’OFPPT et disposer idéalement d’une carte professionnelle. En revanche, le directeur de l’établissement n’est soumis à aucune obligation de formation.
Les véhicules, pour leur part, nécessitent un entretien permanent vu qu’ils fonctionnent de manière continue. Il faut compter près de 500 DH par mois au titre des vidanges et 4 000 DH annuellement pour le changement de la pneumatique. Le carburant plombe également les charges mensuelles : 3 000 DH par mois pour deux voitures diesel et une moto.
En y additionnant l’assurance des deux voitures (4 200 DH chacune annuellement) et de la moto (3 200 DH), ainsi que la vignette à 1 400 DH et le remboursement du crédit pris pour les voitures d’un montant de 40 000 DH par an, les charges s’élèvent à 350 000 DH. Cette somme intègre également les frais de service (eau, électricité, téléphone et internet) à hauteur de 1 500 DH par mois et diverses dépenses à hauteur de 1 000 DH, ainsi que les frais de constitution des dossiers des candidats pour passer l’examen (près de 500 DH par dossier à verser au centre d’examen au titre des timbres, des enveloppes et autres).
Pour les propriétaires ayant opté pour l’acquisition de voitures d’occasion, il faut prendre en compte également la visite technique au prix de 320 DH par voiture.
Une fois l’établissement opérationnel, il ne faut pas espérer le même rythme d’activité durant toute l’année. La majorité des auto-écoles contactées affirment que le rush est constaté durant la saison estivale, soit de juillet à septembre. Cela s’explique par le fait que les personnes voulant obtenir leur permis sont plus disponibles pendant cette période en raison des congés annuels ou des vacances scolaires. Le propriétaire d’une auto-école précise que le nombre de candidats peut atteindre 40 en moyenne par mois durant l’été, toutes catégories confondues (permis A et B). Par contre, sur les neuf mois restants, les centres «chôment» car ils ne reçoivent que 10 à 15 candidats par mois.
Sachant que plus de 80% des candidats prennent des cours pour obtenir le permis B et que le tarif appliqué par un établissement structuré est de 2 500 DH, une auto-école peut générer un chiffre d’affaires de 450 000 DH sur toute l’année. En y ajoutant 75 candidats pour le permis A, avec un tarif de 2 000 DH par personne, le chiffre d’affaires annuel atteint 600 000 DH.
N’oublions pas que les auto-écoles sont constituées sous forme de SARL, ce qui les rend assujetties à l’impôt sur les sociétés. Déduction faite de cet impôt, le bénéfice net annuel se chiffre à 212 925 DH.
