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OPCVM : jusqu’à 530% de performance en cinq ans !
400% de performance moyenne pour les fonds actions, 213% pour les diversifiés et 30% pour les obligataires moyen et long terme. La conjoncture a été favorable pour les fonds actions, l’obligataire a été malmené sur la période. Les frais restent modestes compte tenu des performances réalisées.

En ces temps d’incertitude boursière où les investisseurs sont quelque peu désorientés, il est bon de bénéficier de l’expérience de professionnels pour limiter les dégâts. En dehors des conseils prodigués par les sociétés de Bourse, l’investissement dans les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) devient opportun.
Cela dit, ces organismes surperforment-ils le marché sur le long terme ? Si oui, de combien ? Qu’est-ce qui justifie ces performances ? Comment ont-elles été réalisées ? Enfin, faire appel aux professionnels de la gestion d’actifs est-il plus rentable que de gérer soi-même son portefeuille ?
Premier constat, sur les cinq dernières années, ce sont les OPCVM actions qui affichent les meilleures réalisations. En effet, durant cette période, et loin des remous connus par les fonds obligataires, les bonnes nouvelles se sont multipliées pour les OPCVM actions. L’évolution de la valeur liquidative de ces organismes surperforme celle des indices de base sur lesquels leur gestion est adossée. Leur progression moyenne sur la période allant du 1er janvier 2003 au 22 août 2008 est de 400%, soit mieux que le Masi, indice de toutes les valeurs cotées (368%) et le Madex, indice des valeurs les plus actives (360%).
Passé ce constat de base, et à y voir de plus près, ce sont des niveaux de performances très variables qui se dégagent en fonction des différents fonds actions.
26 fonds actions sur les 35 existants font mieux que la Bourse
La meilleure performance culmine à près de 530% (à l’exception des 875% réalisés par un fonds humanitaire de la place) et elle revient à Patrimoine Al Moussahama, fonds géré par Wafa Gestion. BMCI valeurs, géré par BMCI Gestion, est le «moins performant» avec 300% seulement.
Il faut néanmoins signaler que tout classement (qu’il s’agisse de fonds actions ou de toute autre catégorie d’OPCVM) est à nuancer par le critère taille. Celui-ci renvoie à l’actif net géré par le fonds et doit nécessairement entrer en ligne de compte. «Sur 5 ans, un grand fonds aura réalisé en moyenne une performance de 300%. Les petits fonds parviennent plus facilement à des niveaux de 500%», fait savoir Monsif Ghaffouli, gérant de portefeuilles diversifiés à Wafa Gestion.
Pourquoi cette différence ? Selon la valeur initiale de la base de calcul de la croissance, les plus-values qui viendront la renchérir seront plus ou moins diluées, entraînant des niveaux de variation plus ou moins importants. Cela donne lieu à des contraintes de gestion spécifiques selon la taille du fonds.
De fait, en cas d’évolution favorable, les fonds à actif plus faible seront plus performants que les fonds à actif plus conséquent, la plus-value étant plus diluée pour les seconds. En revanche, en cas d’évolution défavorable, les grands fonds minimisent les pertes en diluant la contre-performance.
Quoi qu’il en soit, les OPCVM actions affichent globalement une bonne santé puisque, sur les 35 fonds grand public de la place, 26 font mieux que le Masi et le Madex. Il faut dire aussi que la conjoncture s’y prêtait. «Le marché boursier marocain connaît depuis 2003 un mouvement de croissance remarquable par sa continuité.
En dépit de quelques mouvements de correction, la place casablancaise affiche un trend haussier depuis plus de cinq ans. Les OPCVM actions ont ainsi pu réaliser des performances très satisfaisantes, profitant continuellement de la croissance récurrente de la masse bénéficiaire des différentes sociétés cotées, et occasionnellement des introductions en Bourse réussies», rapporte Youssef Berdai, gérant de portefeuilles actions à CFG Gestion. Sur la période, et hormis les OPCVM proprement dits, 17 valeurs cotées à la Bourse ont fait mieux que le Masi.
Une quarantaine de titres ont enregistré des taux de progression à trois chiffres, dont 28 ont fait plus de 200%. Sans compter les valeurs qui s’affichent à plus de 1 000% de progression depuis 2003 (Auto Nejma, Auto Hall, Wafa Assurance…).
Beaucoup moins gâtés par la conjoncture, les gérants d’OPCVM obligations moyen et long terme (OMLT) auront eu à encaisser des coups. Les 38 fonds grand public de la place affichent une performance d’un peu plus de 31% sur les cinq dernières années, contre près de 35% pour l’indice MBI (Moroccan Bond Index, indice de base pour les placements obligataires).
Là encore, les taux de croissance sont très variables avec un éventail de performances allant de près de 50% pour le fonds Emergence Fund géré par Capital Gestion à -2,5% pour CDM Trésor Plus de Wafa Gestion.
Les fonds diversifiés cartonnent grâce au marché boursier
Néanmoins, le constat de résultats mitigés pour les fonds OMLT sur les 5 dernières années fait l’unanimité. Deux principales phases sont à isoler pour ce qui est de l’évolution de ces fonds sur la même période. La première court jusqu’à fin 2006. Elle est caractérisée par une surliquidité du marché qui aura joué en faveur des fonds OMLT.
En effet, durant cette période, «les investisseurs manquaient de débouchés pour placer leur argent. De fait, ils étaient prêts à revoir à la baisse leurs exigences de rendement quant au marché obligataire», explique Idriss Morine, gérant de portefeuilles obligataires à Capital Gestion. C’est ce qui a fait que la courbe des taux a baissé brutalement. C’est dire si la correction menaçait. Elle interviendra finalement en 2007, en partie sous l’effet d’une baisse des liquidités, l’économie recommençant à en absorber.
Résultat : 2007 aura été une année noire pour les fonds OMLT, et la plupart ont connu des performances négatives. Ainsi, la performance moyenne de 40% enregistrée jusqu’à fin 2006 a été rognée courant 2007 pour s’établir actuellement autour des 30%.
Une seule leçon à tirer de tout cela, selon M. Mourine: «L’investissement dans un fonds obligataire est à aborder comme un placement à moyen long terme ; l’horizon de placement doit être de 3 ans au minimum».
En ligne droite avec la situation des marchés obligataires et actions, les OPCVM diversifiés auront connu des performances à cheval entre les deux. Ils enregistrent de fait une croissance moyenne de plus de 213% sur les 5 dernières années. Pour M. Ghaffouli, «la performance constatée a surtout été le fait d’un marché boursier qui a cartonné».
Qu’ils aient été aidés par la conjoncture ou pas, les OPCVM continuent donc d’afficher des performances intéressantes qui restent généralement supérieures aux indices de base. Certes, cet écart peut s’expliquer partiellement par le fait que les dividendes distribués par les sociétés cotées sont inclus dans la performance des fonds alors qu’ils ne sont pas intégrés dans le calcul des indices. Mais il n’en demeure pas moins que, pour l’essentiel, c’est à une gestion active de portefeuilles que les OPCVM doivent leur surperformance.
«La gestion active cherche à optimiser la valeur produite par un marché à travers la diversification et l’arbitrage entre les différentes opportunités d’investissements. Le but est alors de traquer la performance là où elle se trouve, tout en réduisant le risque encouru. Cette gestion active porte ses fruits quand l’OPCVM surperforme l’indice avec un risque encouru mesuré par la volatilité plus faible que celle de l’indice», fait savoir M. Berdai.
Une gestion professionnelle qui a un coût
L’attrait d’une telle approche est d’autant plus avéré en contexte de crise. Le savoir-faire d’un professionnel permettant en l’occurrence d’«adopter la juste attitude afin de s’alléger quand cela est opportun et de savoir profiter des excès en temps voulu», résume M. Berdai.
Mais, naturellement, accéder aux services d’un professionnel a un coût. En effet, il faut s’acquitter de droits à l’occasion de chaque entrée ou sortie d’un fonds. Toute transaction sur l’OPCVM (achat ou vente) se fait sur la base d’une valeur liquidative, calculée hebdomadairement ou quotidiennement. Laquelle valeur sera majorée d’une commission de souscription appelée droit d’entrée, ou minorée d’une commission de rachat appelée droit de sortie.
Ces droits ont pour but de faire payer au nouvel actionnaire ou à l’actionnaire sortant les frais qu’entraîne son arrivée ou sa sortie, et qu’il serait injuste de faire supporter aux anciens actionnaires seuls. Ces frais sont réduits. Ils ne dépassent pas 3% de l’investissement. Il faut ajouter à cela des frais de gestion ne dépassant pas en général les 2%… Pas de quoi rogner exagérément vos plus-values.
A vrai dire, il n’y a que la fiscalité pour freiner quelque peu -et encore- la bonne affaire que représentent les OPCVM. En effet, un «loupé» de la Loi de finances 2008 porte le taux de taxation des profits des OPCVM investis dans les actions de 15 à 20%, alors que les actions ne sont soumises qu’au taux de 15%. A noter toutefois que, tout comme les actions, les OPCVM de type actions bénéficient d’une exonération d’impôt si le total des cessions n’excède pas 24 000 DH en un an.
Autre injustice, le même taux d’imposition est appliqué aux fonds actions, diversifiés et à ceux investis en obligations. Alors même que ces instruments ont des niveaux de rendement et de risque différents (par ordre croissant de risque, les fonds obligataires viennent en premier, les OPCVM actions ferment la marche). Les actifs risqués devant être moins imposés que ceux sans risque, les fonds actions devraient supporter une moindre charge fiscale. Mais rien n’exclut que ces incohérences ne soient rectifiées dans la prochaine Loi de finances.
