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OPA de la CDG sur le CIH : vers une opération blanche ?
Après les explications des patrons de la CDG et du CIH, le cours en Bourse de la
banque flambe.
«Le CIH est au bout du tunnel et il est promis à un bel avenir». Tel est le message que tenaient à transmettre Mustapha Bakkoury, directeur général de la CDG et Khalid Alioua, PDG du CIH, lors de la conférence de presse qu’ils ont tenue mardi 22 octobre au siège de la Bourse de Casablanca. Une rencontre qui intervient au lendemain de la montée en puissance de la CDG dans le tour de table du CIH pour en détenir la majorité (57,5%) et de l’OPA qui a juridiquement suivi. Une obligation légale, rappelons-le, en raison du franchissement du seuil de 40% dans le capital. Un bel avenir pour un établissement qui devait, il y a tout juste 15 mois, se prononcer sur la poursuite ou la cessation de son activité !
En fait, estime-t-on, du chemin a été parcouru. «Une bonne partie des créances en souffrance a été recouvrée auprès des ERAC, de l’ONE et de certaines municipalités, le compte d’exploitation est désormais bénéficiaire, le résultat prévu à la fin de l’année sera de 10 fois supérieur à celui de 2004, le coefficient d’exploitation est à la baisse au même titre que le coût de refinancement,», résume M. Alioua. Aujourd’hui, avec le dénouement de la garantie de l’Etat, la CDG peut afficher ses ambitions : accélérer le processus de redressement du CIH et lui permettre d’entamer un développement axé sur le financement du logement et les services aux particuliers.
Les modalités de l’OPA étant connues depuis le 17 novembre, l’occasion a, par ailleurs, été saisie de rappeler les bienfaits de la prochaine opération accordéon qui permettra au CIH de se conformer à la loi sur la SA, au Code du commerce et à la Loi bancaire. Le partenariat avec la Caisse d’épargne française devrait suivre.
Mais la reprise en mains par la CDG démontre que le CIH est «une affaire maroco-marocaine». D’ailleurs si la Caisse d’épargne française devait acquérir une partie du capital, elle sera minoritaire et sa position fidèlement reflétée au niveau de la gouvernance. Entendez par là que ce qui intéresse le plus le CIH c’est le partenariat commercial et non les liens capitalistiques. Un partenaire qui collecte près de 25% des dépôts de nos MRE à l’étranger.
50 DH l’action, un prix jugé dérisoire par les analystes
Les dirigeants ont été rattrapés par le prix proposé pour l’OPA : 50 DH l’action. Un prix jugé dérisoire par une bonne partie des analystes financiers. M. Bakkoury, lui, déclare «ne pas avoir de problèmes avec les actionnaires minoritaires». Ce à quoi il s’engage, c’est se porter acquéreur des titres apportés à l’offre et maintenir le CIH en Bourse pour ceux qui désirent garder leurs actions.
A la clôture de la séance du mardi 22 novembre, le cours du CIH a récupéré les pertes de la veille. Il a gagné près de 6% – maximum autorisé en une seule séance de Bourse – pour atteindre 59,9 DH. A ce niveau, il est peu probable que petits porteurs et institutionnels apportent leur titres à l’OPA, opération qui arrangerait au passage la CDG, déjà majoritaire… Ce serait en tout cas une première.
