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Olivier : Graine de projet à fruits assurés
Avec un budget d’un peu plus de 600.000 DH, hors prix de la terre agricole, l’investisseur pourrait réaliser ce business sur une superficie de 5 hectares. En super intensif, la rentabilité se manifeste dès la 4e année.
Monter un projet oléicole n’est pas vraiment chose aisée. Entre le choix de la localisation de la terre, des fournisseurs de plants, de la main-d’œuvre et les différentes demandes d’autorisation d’exploitation auprès des directions agricoles concernées, l’agriculteur doit bien étudier son coup. L’un des paramètres les plus favorables qui caractérise l’oléiculture est que sa plantation peut être réalisée dans un périmètre de terres agricoles très larges. Sa culture s’étend sur tout le territoire national grâce à sa capacité d’adaptation. D’ailleurs, l’oléiculture représente plus de 65% de la superficie agricole totale et se monte à près de 1,2 million d’hectares pour une production avoisinant les 2 millions de tonnes en moyenne. En irrigué ou en bour, cette culture ne requiert pas d’exigences bioclimatiques importantes, encore moins une nature de sol particulière.
Plus de 70% des exploitations oléicoles ont une superficie égale ou inférieure à 5hectares. En prenant comme hypothèse cette même superficie, à combien pourrait se monter, grosso modo, un projet oléicole, conduit en irrigué et en super intensif ?
Tout d’abord, selon le budget dont dispose le porteur de ce projet, il doit bien définir le mode d’exploitation de sa terre : achat, location du privé ou de la part de l’État dans le cadre d’un appel d’offres. L’option la plus recommandée est de répondre à un appel à concurrence, dans la mesure où la durée de location s’allonge sur le long terme, 40 ans et plus, et où le prix à la location demeure accessible. D’ailleurs, la Direction des affaires rurales du ministère de l’Intérieur met à la disposition des investisseurs des lots de terres soulalyates, identifiées, apurées et immatriculées, en vue d’y lancer leur projet agricole. La location peut aller, selon les zones, de 1.000 à 7.000 dirhams par an. Une fois le terrain acquis ou loué, une série d’études doit être faite et de demandes adressées au ministère de l’Équipement, ainsi qu’à celui de l’Agriculture, tant pour creuser le puits, mettre en place le bassin ou encore installer le système d’irrigation ; avec à chaque étape, une vérification de la part d’une commission pour constater de visu la conformité à l’étude réalisée et accorder l’aval.
Avant de commencer les travaux de plantation, une autre commission, de la Direction provinciale de l’agriculture cette fois-ci, procède à une vérification du terrain et à sa préparation à accueillir ladite plantation. Une fois l’aval accordé, l’agriculteur peut commencer son projet.
L’énergie solaire pour optimiser ses charges
Pour une terre agricole de 5 hectares, plantée en super intensif et conduite par le goutte-à-goutte, le creusement du puits peut aller de 30.000 DH à 60.000 DH, selon la profondeur et la richesse de la nappe phréatique de la zone qui abrite la plantation. Irriguer sa plantation directement à partir du puits est possible. Mais les agriculteurs contactés recommandent de mettre en place un bassin afin d’assurer les réserves en eau. Pour cela, il faut prévoir un budget de 100.000 DH dont les mesures sont de 35 m x 25 m. Ce coût inclut la bordure en plastique et du terreau pour cimenter les bordures. Il serait bien aussi d’assurer l’électricité nécessaire au pompage de l’eau et au système d’irrigation par de l’énergie solaire. D’un côté, la facture sera moins salée et, d’un autre, l’agriculteur s’inscrira dans la stratégie de l’État visant à réduire sa dépendance énergétique et à utiliser d’autres alternatives que l’énergie fossile. Pour cette installation, il faudra prévoir un montant de 70.000 DH. Ces travaux de mise en place de l’infrastructure nécessitent alors pas moins de 460.000 DH.
Voilà que l’agriculteur a assuré son eau d’irrigation. Mais, à côté, il faudra mettre en place un local technique qui comprend les installations d’irrigation, de pompage et de filtration d’eau, les différents équipements pour les engrais, les tonneaux… Alors que la construction et l’équipement en matériels peuvent coûter entre 20.000 et 30.000DH, l’installation du système d’irrigation avec tous les appareils qu’il demande, la tuyauterie, nécessite un budget qui atteint en moyenne 35.000 DH/ha. Si l’agriculteur se charge lui-même du suivi de sa plantation au quotidien, c’est tout à son honneur, il n’aura guère besoin d’un exploitant. Dans le cas contraire, il est dans l’obligation de faire construire une maison ou un studio pour la personne en question, pour un budget de 30.000 DH.
Maintenant, place à la plantation. Mais avant, un travail de défoncement du sol est requis, et qui consiste en un labour profond de la terre, pour un budget de 1.500 DH. Plusieurs types d’oliviers sont proposés à la plantation, dont la picholine marocaine et espagnole, les plus utilisées au Maroc. Cela dit, quel que soit le type choisi, il est recommandé de se procurer des plants certifiés.
En super intensif, la distance entre un plant et un autre d’une même ligne est de seulement 1,5 m et celle entre deux lignes, de 5 m. De plus, ce sont 1.330 oliviers qui sont plantés par hectare. Avec un prix d’olivier de 10 DH/ plant, il faut donc compter 13.300 DH/ ha et donc 66.500 DH pour toute la superficie. Et pour planter, il faut de la main-d’œuvre. Dans ce cas, deux cas de figure se présentent : soit choisir une personne chargée de confectionner les trous de plantation de la terre et une autre de planter l’olivier, soit une seule et unique qui puisse réaliser les deux tâches en même temps. A raison de 12 DH/plant, il faut rajouter au budget initial près de 80.000 DH.
Phytosanitaires, pas très requis
Comme mentionné plus haut, la culture de l’olivier ne nécessite pas une utilisation massive de produits sanitaires et d’engrais. Un agriculteur pépiniériste estime ces frais de campagne à 2.750 DH la première année, 3.200 DH la deuxième, 3.750 DH au cours de la troisième année, 5.000 DH l’année qui suit et 6.000 DH par la suite. Il faut savoir que l’olivier entre en production à partir de la deuxième année, avec en moyenne 2 kilogrammes d’olives par arbre. Ce n’est qu’à partir de la 4e année qu’il est en pleine production, avec un taux de rendement avoisinant 12 tonnes/ hectare, toujours sur super intensif.
En comptant ces charges pour seulement la 1ère année, elles se chiffrent à plus de 150.000 DH. En moyenne, le prix de la production d’olives dépend de sa qualité et de son rendement et n’est pas vraiment volatil. Il peut aller de 5 DH/kg en période faste et atteindre jusqu’à 10 DH lorsque le rendement n’est pas au rendez-vous. En tenant compte de notre modèle et d’un prix moyen de 7 DH/kg, la 2e année pourrait rapporter un peu plus de 93.100 DH. En pleine production, notre plantation pourrait générer un chiffre d’affaires de 720.000 DH. Il faut en déduire les charges liées à la cueillette et selon le mode choisi, manuel ou mécanique, ça peut aller du simple au double. L’avantage pour la 2e option est d’assurer une cueillette rapide et de qualité, contrairement à la première. Cependant, pour de petites exploitations, procéder à une cueillette à la main est plus recommandé parce que moins budgétivore.
La particularité de l’oléiculture est qu’elle répond à tout type de climat, mais aussi de température. De ce fait, l’olivier peut être planté à toute période de l’année. Toutefois, certaines périodes sont plus idéales que d’autres. Les professionnels recommandent d’entamer la plantation en décembre, février et la première quinzaine du mois de mars. Il est temps de passer à l’action…
Des subventions, des aides et du conseil
Il existe moult aides et subventions de la part de l’État pour encourager l’investissement dans un projet agricole. Irrigation, creusement du puits, goutte-à-goutte…, les aides étatiques peuvent aller jusqu’à 100% du budget investi. D’autant que les administrations concernées ne lésinent pas sur les moyens pour apporter le conseil et l’accompagnement nécessaires à l’agriculteur néophyte, aussi bien pour la culture à planter que pour les équipements, le mode d’irrigation…. Absolument tout, au détail près. Il suffit juste de demander ! Comme le projet nécessite un bon budget dès son lancement, des prêts sont également accordés, essentiellement par le Crédit Agricole du Maroc. Chacun est spécifique à une installation, un équipement ou une activité précise. Intelaka peut aussi être considéré comme un moyen de financement adéquat afin de bénéficier d’un taux réduit de 1,75%.
